35.6 C
Niamey
18 juin, 2025
spot_img

Les raisons de l’enlisement de la junte nigérienne

Par Elh. M. Souleymane

Sans aucun doute, nous sommes aujourd’hui de millions de Nigériens à le penser sincèrement : dans la gestion du pouvoir d’État, la junte dirigée par le général Abdrahamane Tiani a commis des fautes graves.

Dans le feu de l’action, il fallait discréditer l’image du Président Mohamed Bazoum qui devait payer pour les crimes d’Issoufou Mahamadou (tueries de Chinagoder, Inates, Bosso, installation des bases étrangères….).

Les mots ont été choisis pour sonner fort et impacter l’opinion. Pour cela, ils ont attribué à Bazoum tous les péchés d’Israël et toutes les plaies d’Egypte. A l’épreuve des faits, tout cela s’écroule comme un château de cartes.

La dégradation de la situation sécuritaire et la mal gouvernance étaient les raisons essentielles de l’intrusion de la junte de Tiani sur le terrain politique.

On a servi un gros mensonge d’Etat au peuple, à savoir que sous Mohamed Bazoum, le Niger allait disparaître.Oui, ils ont osé dire que le pays, alors, le plus solide du Sahel allait « disparaitre » tout simplement.Ce qui s’avère être « zouki tamale » (un gros mensonge pieux) conçu et porté uniquement pour mobiliser les Nigériens.

Par ressentiment ou de bonne foi, par calcul personnel opportuniste ou maléfique, certains Nigériens ont adhéré à la nouvelle aventure. Il s’en suivi des actes populistes sans précédent à l’actif de la junte aux commandes comme si le Niger était le nombril du monde. Personne n’a mesuré ou envisagé les conséquences d’une telle posture..

De proche en proche, on a manqué à presque toutes les puissances mondiales et tous les partenaires. Nous avons insulté et chassé tout le monde, alors que chez nos voisins du Mali et du Burkina tout est resté en place. Ce fut une défaillance diplomatique suicidaire.

Sans aucune raison et alors qu’ils ont le contrôle de tous les leviers du pouvoir, ils continuent à détenir illégalement et durement le Président Bazoum et son épouse considérées comme une prise d’otages par ses partisans.
L’histoire récente de coups d’État ne fournit pas d’exemple comparable à la dure situation d’enfermement du couple présidentiel.

La gestion de la situation sécuritaire par les militaires n’est pas à la hauteur. La situation s’est extrêmement dégradée sous le général Tiani à comparer avec le régime déchu. Le bilan humain pour les civils et FDS tombés, ainsi que l’élargissement des zones d’action des groupes terroristes sont les indicateurs les plus incontestables de cette dégradation.

Troisièmement, la remise en cause brutale des partenariats ou des relations diplomatiques avec les partenaires de notre pays y compris nos voisins stratégiques. C’est de l’ordre de l’absurde que d’imaginer notre pays, si vulnérable et si fragile, vivre tout seul et surtout évoluer envers et contre tous. Aucun pays ne peut changer de voisins,on s’en accommode toujours au mieux de ses intérêts.

Quatrièmement, la mise à l’écart des acteurs politiques au profit d’une militarisation à outrance de l’administration. Dans tous les ministères, les agences, les sociétés, les préfectures, les mairies, les régions, ce sont des éléments des FDS qui sont nommés pour des tâches pour lesquelles ils n’ont ni compétence, ni vocation. Ce qui se traduit par un affaiblissement de la chaîne de commandement de l’armée et une gestion au rabais des structures étatiques. Le Niger a connu beaucoup de coups d’État, mais jamais les militaires n’ont été aussi présents en dehors des casernes et des fronts. Cela pourrait surprendre quand on connaît l’étendue de la menace sécuritaire qui pèse sur notre pays .

Cinquièmement, la gabegie voire la prédation sur les maigres ressources publiques du pays. Ce qui jure avec le discours officiel de la junte et sa praxis. Selon les observateurs, les marchés seraient passés sans publicité, sans concurrence et sans recours en cas de litiges en se basant sur une ordonnance du général Tiani qui permet cette gestion on ne peut plus opaque.

A tout cela, il faut ajouter que les libertés publiques ont pris un sérieux coup de sorte que les esprits libres ont l’impression de vivre une régression de plus de 30 ans en arrière. La loi sur la cybercriminalité et toutes les arrestations qui ont été opérées sont les symbole parlants de la régression des droits humains au Niger.

Tous ces écarts de la junte ont pour conséquence : l’enlisement du pays, le secteur économique s’effondre, les libertés sont laminées, la citoyenneté n’a plus de contenu et l’objectif démocratique est perdu de vue .


Le Premier ministre ne peut faire du miracle car les partenaires tiennent à la rationalité qui gouverne le monde. Ce sont les pays les plus crédibles qui intéressent les partenaires et les investisseurs, nous le savons tous.

En d’autres termes, tout se passe comme si présentement la junte est rattrapée parce qu’elle a pris de liberté avec les fondamentaux de la gestion d’un État.

Que faire pour sortir vite de l’ornière et renouer avec la perspective d’un pays en paix et en marche vers le progrès et la restauration de l’ordre démocratique ? That’s the question.

EMS

Related Articles

Stay Connected

0FansJ'aime
3,912SuiveursSuivre
0AbonnésS'abonner
- Advertisement -spot_img

Derniers Articles