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13 août, 2025
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Billet : Le visage hideux de la dictature

Par Elh. M. Souleymane

La dictature ne fait pas de quartier. Le célèbre journaliste burkinabé Norbert Zongo, assassiné en 1998, avait averti la postérité : « Chaque compromission avec une dictature est toujours payée au prix fort ». Et d’ajouter : « les peuples comme les hommes finissent toujours par payer leurs compromissions politiques : avec des larmes parfois, du sang souvent, mais toujours dans la douleur ».

Comment ne pas méditer ce trait d’esprit de cette icône du journalisme au regard de ce qui vient d’arriver au tribun Choguel Kokalla Maiga, ancien Premier ministre du général Assimi Goïta du Mali, mis aux arrêts pour une présumée malversation financière en même temps que certains de ses collaborateurs de la Primature ? Idéologue et mentor de la junte malienne, zélateur et pourfendeur de l’impérialisme, Choguel Maiga a piteusement rêvé porter le boubou d’un Modibo Keïta ou encore d’un Ahmed Sékou Touré tant il était disposé à en découdre avec les ennemis internes et externes de l’Afrique !

Du Sahel à Moscou en passant par la tribune des Nations-Unies, qui aurait fait mieux que Choguel dans le combat anti impérialiste ? Plus royaliste que le roi, il allait jusqu’à porter le treillis militaire dans ses envolées lyriques et populistes.

En novembre 2024, il est limogé sans crier gare et remplacé à la Primature. Ainsi débutent sa disgrâce et sa descente aux enfers. Mais on le sait, depuis son éviction de la Primature, Choguel n’avait pas sa langue dans sa poche. Il ne cesse de dénoncer la prolongation de la transition militaire malienne contrairement à la volonté populaire. Par la force des choses, l’ex PM de la junte militaire est devenu l’opposant principal de celle-ci en ce sens qu’il revendique la souveraineté du peuple dans l’exercice du pouvoir d’Etat. De ce fait, il devient un mal-pensant qui doit être mis hors d’état de nuire. Ce qui confirme la sagesse de Norbert Zongo : « un dictateur n’a confiance en personne, surtout pas à un ancien opposant ».

A regarder de près, le cas Choguel Maiga n’est pas isolé sous l’ère des juntes sahéliennes. Au Burkina Faso, la junte a mis à la porte l’ancien Premier ministre, le polémiste et non moins populiste Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla.

Au Niger, l’ex ministre du Pétrole Mahaman Moustapha Barké est détenu de façon extrajudiciaire depuis huit (8) mois. Il serait même malade, apprend-on. Avec tambours et trompettes, on se rappelle, il avait annoncé l’audit du secteur du pétrole pour booster la voie économique de la souveraineté. Malgré son zèle de mettre ses compétences à la disposition des autorités en place, il a fini par être traqué comme un lapin.

Un autre ex ministre à savoir celui de la Communication, Sidi Raliou, serait également dans le viseur de ses ex amis aux commandes. Les journalistes et travailleurs des médias retiendront de lui son tristement rôle de mettre la Maison de la Presse à la disposition du Ministère de l’Intérieur avec la complicité de certains confrères.

Il va sans dire que la dictature ne fait pas de quartier. Personne n’est à l’abri. Les soutiens et zélateurs des juntes sahéliennes à quelque niveau que ce soit vous voilà avertis ! La violation des droits humains ne concerne pas seulement les opposants ou autres mal-pensants. « Personne n’échappe à une dictature lorsqu’elle s’installe dans un pays », a prévenu Norbert Zongo.

Elh. M. Souleymane

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