Le général Tiani était à Zinder le 3 août dernier à l’occasion du 65è anniversaire de l’accession du Niger à l’indépendance. Il vient de relever un grand défi. Après deux années aux commandes du Niger, la majorité des nigériens des villes et des villages le voient seulement à la télé. Il a battu un vrai record de réclusion et d’inertie à ce fauteuil à comparer avec tous ses prédécesseurs.
Les visites de proximité, en temps de paix comme face à un malheur ou une catastrophe, rassurent les citoyens de la présence de l’État et de l’attention bienveillante de son chef.
A l’occasion des différentes attaques terroristes meurtrières çà et là à travers le pays, les inondations inédites de 2024, le général Tiani était resté de marbre. Il n’a pas été sur le terrain pour constater de visu l’ampleur des dégâts, apporter des réponses aux questions qui se posent et remonter le moral des troupes et des sinistrés. Il n’y aucun doute que c’est là un choix assumé pour celui qui a annoncé avoir giflé tant de « diables ».
Il va sans dire que la vie d’un chef d’Etat ne saurait se confondre à celle d’un otage ou d’un prisonnier. Le président de la République est censé représenter le pays partout où le besoin se fait sentir, à l’intérieur comme à l’extérieur.
« La diplomatie exigeant des contacts humains, directs de préférence, et aussi fréquents que possible, le chef de l’Etat nigérien fait des voyages à l’étranger l’un des instruments essentiels de sa politique », écrivait l’éminent historien, le Professeur André Salifou, parlant du président Diori Hamani. C’est un choix, d’aucuns pourraient rétorquer. Mais le surplace au nom du tout sécuritaire est inopérant, ne produit aucun effet autre que celui d’enfoncer le pays dans la routine.
Le général Tiani est allé planter des arbres à Zinder, visiter autorités coutumières et domiciles des collaborateurs et soutiens. Il a également posé sa main « a kan laya » (sur le Coran) contre les semeurs de troubles et rappelé notre passé « pharaonique » de 5.000 ans d’histoire !
Le général a tenté de présenter sous un beau jour pharaon, le nôtre comme quelqu’un qui est porteur de valeurs. Tous les pharaons ont régné comme des divinités. Celui de Moïse a osé dire « ana rabikum a’ala » (je suis votre dieu le très haut). Il n’en demeure pas moins que les autres ont également un statut de dieux sur terre.
La communication du chef de l’Etat frise le scandale en voulant lier un peuple croyant en Allah (SWT), unique sans associé aux gens cités en exemple de damnés par le Dominateur Suprême. Le général Tiani a-t-il manqué de sujets préoccupants pour les populations de la région de Zinder ? Dans un pays où tout est prioritaire, il importe que le chef d’Etat aborde des vraies préoccupations du peuple. Le sempiternel problème d’eau, la crise de l’emploi, la campagne agro-pastorale, l’éducation, la santé, la vie chère, l’économie qui s’effondre, toutes ces questions ne méritent-elles pas d’être évoquées par un Chef d’Etat qui se veut proche de son peuple ?
La Rédaction