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12 août, 2025
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Dissolution des syndicats du secteur de la justice : Le Barreau du Niger dénonce  une  dérive autoritaire du pouvoir

La voix du Barreau du Niger vient s’ajouter à un concert de dénonciations qui enfle de jour en jour contre la vague de dissolutions frappant les organisations  syndicales, dans le secteur de la justice. Après les centrales syndicales, les OSC,  et des citoyens engagés, c’est désormais l’Ordre des Avocats qui dénonce avec force ce qu’il qualifie de « recul d’une gravité sans précédent ».

Réuni en Assemblée générale extraordinaire le 12 août 2025 à son siège, le Barreau a tiré à boulets rouges sur la décision du gouvernement de dissoudre, par arrêtés du 7 août, plusieurs syndicats judiciaires sans la moindre motivation légale. Une atteinte directe à la liberté syndicale, à l’indépendance de la justice, à la liberté d’expression et, par ricochet, au droit à la défense. Pire encore, le Ministre de la Justice, loin d’apaiser les tensions, aurait tenté – selon le Barreau – de justifier l’injustifiable lors d’un point de presse jugé « condescendant », jetant à la vindicte publique les acteurs qu’il est censé protéger.

Le réquisitoire du Barreau ne se limite pas à cette affaire. Il dresse un tableau sombre : interpellations illégales, détentions extrajudiciaires, entraves à l’exécution des décisions de justice, mutations arbitraires de magistrats, et une répression sélective qui frappe durement les faibles mais épargne les puissants auteurs de crimes économiques. Autant de signes d’un État qui, selon les avocats, s’éloigne des valeurs de droit pour renouer avec les pratiques arbitraires d’un passé que l’on croyait révolu.

Le Barreau rappelle que ces décisions violent non seulement la Charte de la Refondation, mais aussi les conventions internationales ratifiées par le Niger, dont les Conventions 87 et 98 de l’OIT. Il exige le rétablissement immédiat des syndicats dissous, l’arrêt de toutes les atteintes aux droits fondamentaux et la fin des ingérences politiques dans l’appareil judiciaire. À défaut, il se dit prêt à défendre les victimes « partout et en tout temps » et annonce une action symbolique : le port de la robe sera suspendu les 14 et 15 août en signe de protestation.

La question reste entière : le gouvernement entendra-t-il cet avertissement venu de l’un des gardiens les plus respectés de l’État de droit, ou choisira-t-il de franchir un pas supplémentaire dans la mise au pas des voix dissidentes ? Les prochains jours vont nous édifier davantage, si le dialogue l’emportera… ou si l’autoritarisme se renforcera.

Mahamadou Tahirou

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