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25 novembre, 2025
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Cri de cœur : graves violations des droits de Bazoum et Hadiza !

Après 28 mois de privation de liberté, quel statut les juristes attribuent au président Mohamed Bazoum et son épouse ?  Prisonniers ? Détenus politiques ? Otages ?

Une chose est sûre, même pour le néophyte, leur détention extrajudiciaire ne souffre d’aucune ambiguïté. Ils sont plus otages que prisonniers, plus séquestrés que détenus. Ces derniers ont eux, la possibilité de recevoir des visites des parents, amis et connaissances ; ils ont accès au juge, à leurs avocats ; ils savent pourquoi ils sont poursuivis, ils sont pour ainsi dire fixés sur leur sort.

Pour le cas de Bazoum et Hadiza, en plus de la violation de ces droits énumérés, ils sont privés de tout contact avec leurs semblables, ils sont coupés du monde. Ils sont dans une déréliction totale, sans appuis ni secours comme le Christ sur la Croix. La solitude et la torture morale caractérisent leur situation.

Il y a comme qui dirait, une négation de leur humanité, une certaine manière de les enterrer vivants sous le silence et l’indifférence de tous. En un mot, ils sont déshumanisés. En effet, ce qui est arrivé à Bazoum et Hadiza est inexplicable et impensable dans une société humaine, de surcroît au 21eme siècle.

Dans un monde civilisé, même les détenus criminels avérés sont en interaction avec les autres, ils ont droit aux visites, ils sont à l’abri de traitements inhumains et dégradants.

Pour quel crime Bazoum et Hadiza sont-ils isolés du reste du monde ? Parce que le président de la République Mohamed Bazoum a décidé de gouverner autrement, de se démarquer de la trajectoire suicidaire et anachronique de son prédécesseur. Parce que Mohamed Bazoum avait opté pour une gouvernance vertueuse et dialogique car  il a un profond respect pour les Nigériens; et pour lui, leurs opinions comptent dans sa manière de les diriger. Parce que Mohamed Bazoum avait décidé de prendre ses distances d’une gouvernance erratique tendant à infantiliser le peuple souverain. Pour lui, consulter ses concitoyens compte  beaucoup, et ils doivent contribuer librement aux politiques publiques. Pour Mohamed Bazoum, la garantie de la liberté d’expression à ses concitoyens est la meilleure option pour refonder véritablement notre pays. Parce que Mohamed Bazoum a dit non à la remise en cause des acquis arrachés de haute lutte par le peuple nigérien.

C’est au nom de ces principes sacro-saints que ceux qui sont chargés de sa sécurité ont décidé de prendre la place à lui accordée par le peuple souverain.

Cela fait plus de deux ans que Bazoum et Hadiza sont victimes de la violence et la violation de leurs droits. Le monde entier observe presque dans l’indifférence ce traitement inhumain et dégradant infligé à un président de la République élu par le peuple et son épouse.

« Ce n’est pas la violence de quelques-uns qui me fait peur, c’est le silence du plus grand nombre », disait Martin Luther King. C’est inquiétant et, disons-le crûment, même honteux de constater le silence assourdissant de tous face à tant de violence sur un Président élu avec une haute conscience de sa charge et une vision à la hauteur des défis qui assaillent le Niger. Un homme valeureux, intègre, un vrai ‘’laboratoire d’idées’’ sur les questions de gouvernance tant sécuritaire que sociopolitique du Niger. C’est ce grand leader qu’on voudrait sacrifier pour avoir choisi de mettre en avant l’intérêt général.

Tout le monde est mis au pas. Les leaders politiques y compris ceux de son parti sont insensibles à son sort. Il y en a même parmi eux qui y trouvent un motif de satisfaction. Son meilleur ami, censé se battre pour le sortir de l’ornière, serait l’instigateur du coup de Jarnac contre lui. Issoufou Mahamadou, pour ne pas le nommer, se trouve dans une impasse : il a empêché au PNDS-Tarayya de se battre pour la restauration de la démocratie parce que tout simplement cette rupture démocratique l’arrange. Il serait même en train de reconstituer un autre parti politique sur les cendres du PNDS-Tarayya, apprend-on. Comme quoi, pour lui, tout se passe bien dans le meilleur des mondes.

Les autres leaders politiques par opportunisme et par hypocrisie ont fini par se faire rouler dans la farine. Ils sont devenus des spectateurs d’un ‘’statu quo iinvivable et une révolution impossible’’, pour paraphraser un célèbre philosophe. Ils doivent regretter d’avoir parié sur un quelconque bon sens des tenants du pouvoir.

Les autres contre-pouvoirs, que sont la société civile, les médias, les intellectuels…, ont renoncé à leur vocation laissant le terrain libre à une nouvelle race d’acteurs allant pour certains jusqu’à saluer des textes qui ont vocation à compromettre les droits et libertés des citoyens. Les magistrats, censés être le rempart des citoyens contre l’arbitraire, sont gagnés par la peur du lendemain depuis la dissolution de leur syndicat et la radiation du corps de la magistrature du secrétaire général dudit syndicat et de son adjoint.  

 Le risque est grand pour ces refondateurs de bâtir sur des contre-valeurs : la corruption des élites, la méprise des savants et le triomphe de l’ignorance, la recherche effrénée du gain facile, la promotion des médiocres, la méprise de l’excellence et la lâcheté des hommes. Oui, ne rien dire ou même soutenir des décisions qui aggravent la situation du Niger et de son peuple meurtri est tout sauf du patriotisme.

Mais le monde entier se rend à l’évidence que Mohamed Bazoum est un résistant, il refuse de se faire abattre par la violence exercée contre lui. En cela, il lance un message très clair à ses bourreaux comme pour dire : je n’ai pas peur de vous et je suis prêt à tout pour mes principes et convictions. En cela, il s’inscrit dans une perspective où seule l’Histoire jugera de la posture des uns et des autres sur la trajectoire de notre pays à un moment donné.

Alors si tant est que les choses se présentent ainsi pourquoi la prise d’otages de Bazoum et Hadiza continue ? Pourquoi maintenant que Tiani réalise qu’il est assez populaire après sa tournée de proximité continue-t-il d’avoir des détenus politiques ?

Pourquoi Hama Souley et Moussa Tchangari gardent-ils toujours prison ? Hama Souley, arrêté au petit matin du putsch est curieusement la seule personne gardée pour association de malfaiteurs ! Moussa Tchangari, défenseur des droits  humains bien connu au Niger et à l’échelle internationale, est loin d’être un terroriste. Sa place n’est pas en prison mais dans la société pour une contribution proactive à la refondation dont son association est rompue.  Pourquoi Ibrahim Yacouba, étranger dans une affaire criminelle, est également privé de sa liberté injustement et en dépit des différentes confrontations à la police judiciaire et face au juge d’instruction ? 

Peut-on refonder un pays en muselant tout le monde ? Dans cette optique manichéenne où la critique est un délit voire un crime, la refondation risque d’être comme l’horizon.

Elh. M. Souleymane

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