Cinq (5) ans déjà que Maman Abou nous a quittés. En effet, le lundi 13 juillet 2020, le promoteur du journal Le Républicain et de la Nouvelle Imprimerie du Niger (NIN) avait tiré sa révérence suite à une longue maladie. Sa disparition a créé un choc et un vide immense dans le cœur de ses parents, amis, connaissances et collaborateurs. Cinq ans après, ces cœurs sont toujours inconsolables. Mais chacun se remet à la Volonté d’Allah convaincu que « De Dieu nous venons, à Lui nous retournerons ».
Depuis lors, Maman repose au cimetière de Belbédji, dans la région de Zinder, localité qui l’a vu naitre et à laquelle il était si attaché ; quelques temps avant son décès, il avait financé la rénovation de ce cimetière, rappelle-t-on.
C’est peu dire que de réduire Maman Abou à sa seule localité d’origine : il avait une dimension nationale voire internationale. Il n’appartenait pas à sa seule famille mais à l’ensemble du pays pour lequel il avait consenti d’énormes sacrifices.
C’est en raison de sa volonté d’être partie prenante de la revendication démocratique du début des années 1990 que Maman avait créé Le Républicain. Il s’agissait de défendre des valeurs. Le journal a été conçu comme un espace de l’action civique, un espace pour défendre et promouvoir la démocratie, l’Etat de droit, la République, la justice, la bonne gouvernance.
La devise du journal, tirée de L’esprit des lois de Montesquieu, en dit long sur son engagement : « Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». Car le pouvoir est souvent associé à l’abus du pouvoir. C’est pourquoi, il faut créer des contre-pouvoirs pour éviter de tomber dans le piège du pouvoir absolu ou totalitaire. Ce qui pose aussi la problématique de la séparation des pouvoirs. Conscient que les libertés publiques sont nécessaires au développement d’un pays, Maman Abou a su tirer la leçon de l’Histoire à savoir que les régimes totalitaires, les dictatures relèvent de l’état de nature, de la nuit noire de l’humanité.
Pour Maman, la primauté doit être donnée à l’intérêt général. Car il confondait son propre destin à celui de son pays. Il n’avait d’autre repère que son pays qui doit être une République fondée sur des valeurs de solidarité, de bonne gouvernance, de libertés, de justice sociale. Il donnait aux idées leur valeur, conscient de ce que ce sont elles qui font fonctionner le monde. C’est pourquoi même face aux écarts de son parti au pouvoir il n’avait pas dérogé à la critique et à la dénonciation à travers son journal.
En raison de sa rigueur et de son respect sourcilleux pour l’éthique et la déontologie, Le Républicain avait acquis la réputation d’un journal sérieux, crédible et professionnel. Le journal se refusait de publier des informations sensationnelles ou sur la vie privée des individus quelles que soient les responsabilités qu’ils occupent dans la sphère publique. Le journal avait bâti sa réputation sur des enquêtes fouillées : affaires MEBA, ZEINAB, LAP et PSOP, BONS POUR, UNITEC Bénin, etc. Ces affaires sont encore vivaces dans la mémoire collective.
Maman était une valeur de plus en plus rare de nos jours : ouvert au dialogue et à la contradiction dans ses rapports avec ses collaborateurs, il travaillait aussi à leur promotion et à leur succès. Car il savait leur donner le coup de pouce décisif.
Droitdel’hommiste invétéré, homme de convictions et d’engagement, patriote, philanthrope à l’écoute et au service des plus faibles, il l’était véritablement par sa contribution dans la naissance de l’Association Nigérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (ANDDH) et de l’Association Nigérienne des Editeurs de la Presse Indépendante (ANEPI) dont il fut le président.
Un homme de rigueur et de méthode, partisan du travail bien fait, un modèle de citoyen qui aimait profondément son pays, le Niger, plus que tout, est parti laissant des parents, amis, collaborateurs et connaissances inconsolables.
Mais ils se consolent avec ces propos que l’on entend généralement sur le défunt: « Maman Abou était un homme honnête… ».
La Rédaction