Le scénario est bien agencé pour relever d’un hasard de calendrier. Tenez ! Le même jour soit le lundi 14 juillet dernier, deux ordonnances ont été signées par le général Abdourahamane Tiani, la première portant code général des impôts et la seconde qui rectifie la loi de finances 2025 dans le sens de réduire le budget de l’Etat de 283,77 milliards de francs CFA. Presque au même moment, pourrait-on dire, le Fonds Monétaire International (FMI) accordait une enveloppe de 41 millions de dollars au Niger suite à la validation, lundi 14 juillet, de la 7è revue de son programme d’aide. Est-ce la contrepartie des mesures prises par le gouvernement ?
On comprend mieux les choses lorsque le gouvernement a justifié la rectification de la loi de finances 2025. Si d’une part, il met en avant les dépenses liées à la sécurité, à la formation d’un nouveau gouvernement et à la mise en place du Conseil Consultatif de la Refondation (CCR), on s’étonne, d’autre part, que la rectification de la loi de finances soit justifiée par les discussions avec le FMI. En effet, apprend-on, la rectification s’inscrit aussi dans le cadre du respect des engagements que le gouvernement a pris avec le FMI à l’occasion des 6è et 7è revues du programme appuyé par la Facilité Elargie de Crédit (FEC) et la Facilité pour la Résilience et le Développement (FRD).
A regarder de près, on peut s’interroger : la recrudescence de la crise sécuritaire, la formation d’un nouveau gouvernement et l’installation du CCR induisent plutôt de nouvelles dépenses. A titre d’exemple, le CCR est gratifié d’une enveloppe de 3 milliards FCFA. Dans un contexte d’austérité qui nécessite la réduction des dépenses publiques et tenant compte du rôle purement symbolique que joue le CCR dans le dispositif institutionnel du pays, on peut s’étonner de cette largesse du gouvernement.
Il ne fait pas de doute que les prévisions initiales du gouvernement n’ont pas pu être satisfaites surtout dans un contexte où les appuis budgétaires extérieurs se sont raréfiés en raison de la situation politique actuelle du pays.
Personne ne connait les conditionnalités posées par le FMI que le gouvernement du général Tiani se devait de respecter. Dans un contexte de refondation, la transparence doit être une règle cardinale que le gouvernement se devait de promouvoir. C’est la première marche vers une gouvernance vertueuse. L’avènement d’un nouveau code général des impôts qui rapatrie les dispositions fiscales contenues dans les lois et ordonnances antérieurement adoptées fait-il partie des conditionnalités posées par le FMI ? Motus et bouche cousue.
La question que bien d’observateurs se posent est de savoir comment un régime jaloux de sa souveraineté se livre pieds et poings liés aux Institutions de Bretton Woods ? Jusque dans les années 90, ces Institutions étaient considérées, par l’Union des Scolaires Nigériens (USN), comme les bras armés de l’impérialisme international. On le sait, le régime de Tiani et ses supporters, à travers leurs canaux de communication, ne ratent aucune occasion pour tirer à balles réelles sur l’impérialisme et ses valets locaux. On se rend compte, aujourd’hui, que c’est le FMI qui leur dicte la conduite à tenir, avec effet immédiat.
On comprend alors que toute la rhétorique développée contre l’impérialisme n’est que de la poudre aux yeux, un slogan pour mobiliser les foules derrière le CNSP. Des souverainistes qui se font dicter la démarche à suivre pour gérer les affaires publiques, c’est quand même inédit.
La Rédaction