Depuis les événements du 26 juillet 2023, le Niger est à la recherche de ses marques. La faute à une série d’erreurs tragiques, de compromissions calculées et d’une trahison qui ne dit pas son nom. Les indicateurs de développement et de performance, qu’il s’agisse de l’éducation, de la santé, de l’emploi, du pouvoir d’achat, de la sécurité, ou encore de la confiance entre gouvernants et gouvernés, affichent tous un rouge inquiétant. Le quotidien des Nigériens est devenu un combat de survie, une lutte contre la faim, l’injustice, l’incertitude. Le peuple, qui n’a jamais réclamé autre chose qu’un minimum de dignité et d’humanité, se voit, aujourd’hui, pris au piège d’une gouvernance erratique et d’une manipulation systémique.
Dans leur recherche effrénée d’un cap, les autorités ont tout tenté : les discours mobilisateurs, les promesses de rupture, les appels à la souveraineté… Mais rien ne marche. Et pour cause : comment espérer bâtir quoi que ce soit sur les ruines de la démocratie, dans une atmosphère d’exclusion et de défiance ? Comment construire un avenir quand les fondements mêmes de la République que sont la justice, la liberté, la transparence, la participation, ont été jetés aux oubliettes ?
Depuis bientôt deux ans, le pays s’est progressivement refermé sur lui-même. Ce qui avait été applaudi par certains comme une « reprise en main » s’est révélé un vaste mirage. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui, après avoir cru à une nouvelle ère, confessent leur déception, leur amertume, leur sentiment d’avoir été roulés dans la farine. La prise du pouvoir par la force n’a engendré ni stabilité ni prospérité, mais un isolement croissant sur la scène internationale, une crise diplomatique étouffante, une asphyxie économique sans précédent et une misère sociale croissante.
Et comme pour aggraver les choses, surgissent maintenant de nouveaux « marchands d’illusions », ces professionnels de la parole facile, qui peignent la vérité en noir ou en rose selon leurs intérêts du moment. Leur cible ? Une population appauvrie à l’extrême, désorientée, prête à croire n’importe quoi pourvu qu’on lui promette un lendemain moins pire. Ces opportunistes, adeptes de la manipulation émotionnelle et de la désinformation, ne vivent que de la détresse ambiante. Ils s’inventent des légitimités, inventent des récits, distribuent des promesses creuses comme on jette des miettes à des affamés.
Pendant encore combien de temps cette mascarade va-t-elle durer ? Combien de temps encore le Niger pourra-t-il survivre à ce théâtre où la vérité est travestie, où la misère est instrumentalisée, où la dignité humaine est piétinée ?
Le salut du pays ne viendra ni de discours martiaux ni de rêves creux, mais d’un retour lucide et courageux à la raison. Un retour à la démocratie réelle, inclusive, respectueuse des droits et des aspirations de tous. Un retour à l’ordre constitutionnel, gage de stabilité durable. Un retour au dialogue, à l’intégrité, à la diplomatie active et utile, celle qui place le bien-être du peuple au-dessus des calculs politiciens.
Il est temps que le Niger se regarde en face. Il est temps que ses enfants, dans leur diversité, se rassemblent autour d’un projet commun : celui d’un avenir qui ne trahit plus les espoirs. Sinon, l’histoire retiendra que le pays avait tout pour se relever… mais que ceux qui le dirigeaient et leurs soutiens ont préféré l’enfoncer.
Mahamadou Tahirou
