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4 août, 2025
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La Conférence du Verbe et du Courage : Quand le Barreau du Niger Célèbre la Jeunesse et l’Éloquence

La salle de conférence de l’Ordre des Avocats du Niger, à Niamey a vibré du 31 juillet au 1er août 2025, au rythme d’un événement aussi solennel que formateur : la Conférence de stage du Barreau du Niger, centrée sur le concours de plaidoirie des avocats stagiaires. Cette tradition, héritée des Barreaux de culture civiliste, a rassemblé la crème du jeune barreau dans un exercice de style, de rigueur et de vérité où l’éloquence devient un rite de passage.

Dès l’ouverture, les mots du Bâtonnier, Maître Oumarou Sanda Kadri, ont donné le ton d’une cérémonie à la fois mémorielle et prospective. Dans une allocution vibrante, il a magnifié le sens de la Conférence : non pas un simple concours, mais une école d’élévation intellectuelle, un laboratoire de la parole assumée, une tribune où se construit la stature de l’avocat « Vous êtes ici pour concourir, mais en réalité, vous êtes là pour vous élever », a-t-il rappelé aux vingt candidats engagés dans la compétition. L’éloquence n’y est pas réduite à une performance oratoire. Elle est, dans l’esprit du Barreau, un acte de courage, de rigueur, un serment silencieux à la défense des droits et des libertés.

Une tradition porteuse d’avenir

La cérémonie fut également un moment de mémoire. Le Bâtonnier a rendu un hommage solennel à celles et ceux qui ont honoré la fonction de secrétaire de Conférence, contribuant ainsi à la fierté du Barreau nigérien. Ils ont ainsi été rappelés : Me Moussa Mahaman Sadissou et Me Halima Diallo respectivement premier et second secrétaire en 2006, Me Ali Kadri et Me Fatouma Moussa Tyno dite Lanto en 2007, Me Issoufou Dan Lamy et Me Ismael Maiguizo Naino en 2008. Me Effred Mouloul Boudal et Me Ahmed Maman Amadou en 2015, Me Souleymane Seydou et Me Salim Mohamed Maiga en 2018.

Le Bâtonnier a également évoqué d’autres figures marquantes telles que Maîtres Boubacar Oumarou, Mariama Mamoudou, Alio AMADOU, Harouna Issoufou, Halima Diallo, Nafissa Alfidja et Effred Mouloul Boudal, pour avoir porté haut la voix du Barreau au-delà des frontières nationales. Par cet hommage, il n’a pas seulement honoré des parcours individuels, mais il a enraciné les jeunes stagiaires dans une histoire vivante, une continuité porteuse de sens et de fierté. Car si la parole forge l’avocat, la mémoire, elle, donne toute sa profondeur à son combat.

Sous l’œil exigeant mais bienveillant du jury, composé de trois Bâtonniers Maître Moussa COULIBALY, Maître Souleymane YANKORI, Maître Boubacar OUMAROU et de deux anciens secrétaires de Conférence Maître Halima Diallo et Maître EFFRED Mouloul Boudal, les dix-neuf candidats se sont succédé à la barre. Ils ont défendu des sujets profonds, interpellant, en lien avec les défis de l’État de droit, des libertés fondamentales, et de l’éthique professionnelle dans un contexte marqué par des tensions politiques et juridiques.

Le jury s’est attaché à évaluer la pertinence du propos, la qualité de l’argumentaire, la synchronisation entre geste et parole, ainsi que la gestion du temps. Autant de critères pour apprécier non seulement le talent, mais la maîtrise. Car l’art de plaider est aussi celui de contenir la passion pour en faire un levier de persuasion.

Trois voix se détachent du lot des candidats

Après délibération, trois jeunes voix ont émergé. Me Chawé Salifou, avec une moyenne remarquable de 16,9/20, a été couronné premier secrétaire. Il est suivi de Me Moumouni Idrissa (16/20) et de Me Mahamadou Ousmane Assamaou (15/20). Des noms qui, peut-être demain, viendront s’ajouter à la galerie des figures tutélaires évoquées plus tôt.Mais au-delà du palmarès, c’est toute une génération qui s’est révélée. Tous les candidats, selon le mot du Bâtonnier, « n’ont pas démérité ». Car l’essentiel n’est pas tant de remporter la palme que de participer à cette ascèse du verbe et de l’argumentation qui forge la conscience de l’avocat

Clôture sous le signe de la fierté et de l’espoir

Dans son discours de clôture, le Bâtonnier Oumarou Sanda Kadri a salué la prestation de tous les candidats, félicité les lauréats, et remercié chaleureusement le public pour sa présence. Il a tenu à réaffirmer que ce concours n’est pas une fin, mais un commencement. Que cette conférence est un appel à oser, à s’élever, à incarner.

Et lorsque les lampions se sont éteints sur la salle du Barreau, il ne restait plus que le silence. Un silence habité, lourd de promesses. Celui qui suit la parole juste. Celui qui précède, déjà, les futurs combats. Car comme l’a dit le Bâtonnier : « Chaque mot prononcé aujourd’hui participe à la construction de votre identité d’avocat. »

C’est là tout le sens de cette conférence de stage : non pas seulement plaider, mais apprendre à défendre. Avec force, avec foi. Et surtout, avec dignité.

Mahamadou Tahirou

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