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15 août, 2025
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Radiation du SG du SAMAN : Le bras de fer se durcit entre le syndicat et le gouvernement

Le bras de fer entre le Syndicat Autonome des Magistrats du Niger (SAMAN) et le gouvernement a franchi un nouveau palier. En signant, le 14 août 2025, le décret n°2025-435/PRN prononçant la radiation du Secrétaire Général du SAMAN, Abdourahamane Bagna Abdoul Nasser, du corps de la magistrature, le président de la République a enclenché une confrontation directe qui met en jeu l’avenir même de l’indépendance judiciaire dans notre pays.

Le communiqué n°02 du Bureau Exécutif National du SAMAN, publié dans la foulée, ne laisse place à aucune ambiguïté : il s’agit d’une « dérive autoritaire sans précédent », d’une sanction infligée en représailles à l’exercice d’un droit fondamental, celui de répondre à des accusations publiques jugées « truffées de contre-vérités » par les magistrats. La décision présidentielle intervient à peine vingt-quatre heures après la réplique cinglante du SAMAN au point de presse du Ministre de la Justice du 8 août 2025, que le syndicat avait qualifié de tentative de « défendre l’indéfendable » concernant la dissolution contestée du SAMAN par le ministre de l’Intérieur.

Derrière cette mesure radicale, une question cruciale se pose : le chef de l’État a-t-il agi en arbitre impartial, en  « bon père de la nation », ou a-t-il été entraîné dans une logique de règlement de comptes personnels, soufflée par un Garde des Sceaux déterminé à mater toute contestation ?

La réponse immédiate du SAMAN est tout aussi inédite que la sanction qu’il dénonce. Le syndicat appelle l’ensemble des magistrats à déposer leurs toges et à observer une « justice morte » à compter du 15 août 2025, jusqu’à la réintégration de leur leader. C’est un signal d’alarme sans précédent : l’appareil judiciaire pourrait être paralysé par un conflit qui, à force d’être personnalisé, risque de se transformer en crise institutionnelle majeure.

Cette épreuve de force ne concerne plus seulement un syndicat et le gouvernement. Elle interpelle tous les acteurs de la vie nationale : le barreau, les centrales syndicales, les organisations de la société civile, les citoyens qui croient encore à la promesse d’un État de droit. Car si un magistrat peut être radié pour avoir défendu l’indépendance de sa profession, qui pourra demain se sentir à l’abri d’un pouvoir prêt à « éradiquer » toute voix discordante ?

Au fond, ce n’est pas seulement le sort d’Abdourahamane Bagna qui se joue, mais celui de la justice nigérienne. Une justice qui, pour reprendre les mots du SAMAN, « ne doit être l’otage d’aucun pouvoir ». Reste à savoir si, dans cette partie de bras de fer, le pouvoir choisira l’apaisement ou persistera dans l’escalade, au risque de briser définitivement un pilier essentiel de la République. Les prochaines heures vont nous édifier davantage sur ce feuilleton à rebondissements.

Mahamadou Tahirou

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