Depuis le 6 janvier 2025, Boubacar Mahaman dit Tchanga est privé de liberté. Son tort ? Être un partisan du président Mohamed Bazoum, et avoir osé exprimer publiquement ses convictions.
Pourtant, le 10 mars 2025, un éclair d’espoir avait jailli. Le président du tribunal de Gaya, après examen du dossier, avait accordé une liberté provisoire à Tchanga. Mais sans que personne ne comprenne quoi que ce soit, le procureur avait interjeté appel, bloquant ainsi sa libération.
Depuis quand le droit d’exprimer ses opinions, pourtant garanti par la charte de la refondation qui fait actuellement office de constitution et les conventions internationales régulièrement ratifiées par le Niger, peut-il valoir une cellule de prison ? Comment dans un Etat de droit peut-on réprimer ainsi la liberté de parole ?
L’affaire Tchanga n’est pas un cas isolé, elle reflète un climat où toute voix dissidente est traquée, où les partisans de l’ordre démocratique sont considérés comme des ennemis du pays. Ce n’est plus seulement Tchanga qu’on emprisonne : c’est un symbole, celui de la liberté de conscience et d’expression que l’on piétine.
Son maintien en détention est une double injustice : d’une part, parce qu’il viole ses droits fondamentaux, et d’autre part, parce qu’il confirme que le dernier rempart de protection de droit peut céder à la pression politique.
Il est urgent de rappeler que la liberté d’opinion n’est pas un privilège octroyé par le pouvoir, mais un droit inaliénable. La loyauté envers un président légitimement élu n’est pas une trahison ; elle est l’expression d’une conviction politique qu’on ne saurait éteindre.
Museler la vérité ne la fera pas disparaître. Les murs des prisons ne peuvent pas contenir indéfiniment les idées. C’est pourquoi, Boubacar Tchanga doit être libéré. Et avec lui, le président Mohamed Bazoum, son épouse Kadidja, le ministre Hamadou Adamou Souley, l’acteur de la société civile Moussa Tchangari, dont la détention reste une tache indélébile sur l’image du Niger.
Dans un pays qui a inscrit la liberté d’expression dans sa charte qui a valeur constitutionnelle, voir un citoyen emprisonné pour ses opinions est une violation de ses propres textes. L’affaire Boubacar Tchanga de Gaya est une malheureuse illustration de violation des droits humains.
Mahamadou Tahirou