La Dynamique des Syndicats du Secteur de l’Éducation et de la Formation (DSSEF) vient de publier son communiqué n°014. Mais ce communiqué n’est que le dernier d’une longue série entamée depuis 2024, chaque fois que le gouvernement tente de travestir ou de contourner ses engagements pris lors des négociations. Cette répétition à elle seule traduit une crise de confiance profonde et pose une question dérangeante : le gouvernement est-il vraiment prêt à respecter sa parole ?
Le communiqué dénonce cette fois des manquements liés aux arrêtés 066 et 067 du 12 septembre 2025, censés organiser les sous-comités ad hoc chargés du recrutement et de l’apurement des rappels de salaires. Alors que l’accord du 10 juin 2025 fixait des délais fermes, les autorités introduisent soudainement un délai élastique de deux mois, assorti d’un rythme dérisoire de quatre réunions seulement. La Dynamique parle d’une mise en scène inacceptable, preuve d’une volonté de gagner du temps et d’affaiblir les engagements. Pire, le président du comité interministériel cherche à réduire la représentativité syndicale en niant la pluralité pourtant reconnue de la synergie Dynamique. Tout indique une stratégie de l’usure : retarder, diviser, démobiliser.
Mais la rentrée scolaire s’annonce dans deux semaines et le risque de perturbations est désormais concret. Le retrait des représentants syndicaux des comités illustre la rupture du dialogue et la montée des tensions. Encore une fois, ce sont les élèves et leurs familles qui paieront le prix de ce bras de fer. L’école publique nigérienne, déjà fragilisée, est en passe d’être la grande perdante d’un conflit qui s’éternise.
Au fond, chacun sait que le gouvernement n’a pas les moyens de répondre aux revendications de la Dynamique, essentiellement financières : rappels de salaires, recrutements massifs, incidences pécuniaires diverses. Les caisses de l’État sont exsangues, mais les contradictions sont flagrantes. Les autorités trouvent toujours des fonds pour financer des projets de prestige, entretenir un train de vie budgétivore ou organiser des cérémonies fastueuses, alors qu’elles rechignent à investir dans l’éducation, pourtant socle de tout développement. Le discours de l’impuissance perd sa crédibilité dès lors qu’il s’accompagne de choix budgétaires contestables.
Depuis 2024, les rappels, courriers et communiqués de la Dynamique restent lettre morte. Le silence du gouvernement et son double langage traduisent un mépris croissant du dialogue social. À force de jouer la montre, l’État s’expose à un affrontement ouvert avec les syndicats, avec à la clé une rentrée compromise et un système éducatif encore plus délabré. La question n’est plus de savoir si le bras de fer aura lieu, mais jusqu’où il ira.
Ce nouvel épisode révèle une vérité brutale : le gouvernement nigérien n’a pas fait de l’éducation une priorité. Tant qu’il continuera à signer des accords pour ensuite les piétiner, tant qu’il préférera des dépenses de prestige aux besoins essentiels, tant qu’il négligera le respect de la parole donnée, la crise restera chronique. Le coût du mépris est déjà plus élevé que celui des revendications : démotivation des enseignants, décrochage des élèves et avenir national compromis. L’école publique, otage de calculs politiques et financiers, est en train de payer le prix fort.
Mahamadou Tahirou





