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Niamey
9 novembre, 2025
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Assassinats en série à Niamey : En attendant la suite de la procédure judiciaire

Ces derniers temps, une histoire d’assassinats rituels défraie la chronique à Niamey. Elle mobilise davantage l’opinion non pas seulement pour son caractère criminel mais surtout parce que le nom de l’ancien ministre Ibrahim Yacoubou y a été mêlé. Ce dernier est connu parce qu’il est un homme politique flamboyant. Tour à tour, il a été directeur de cabinet adjoint du président de la République, ministre en charge des Transports, des Affaires étrangères et dernièrement de l’Energie et des Energies renouvelables avec rang de ministre d’Etat. Avant la dissolution des partis politiques par le général Tiani, il dirigeait le Mouvement Patriotique Nigérien (MPN Kishin Kassa). Kishin Kassa signifie patriotisme : tout un symbole. C’est le symbole de l’engagement de l’homme pour son pays. Il était patriote dans l’âme avant la Refondation du général Tiani et du CNSP ne s’emparent du mot « patriotisme » pour en faire un slogan politique.

Ibrahim Yacoubou avait été interpellé à plusieurs reprises à la Police Judiciaire pour les besoins de l’enquête. Le principal suspect et son acolyte avaient été entendus, et leurs propos étaient sans ambiguïtés : ils ne connaissent pas Ibrahim Yacoubou. Lui-même les a découverts pour la première fois. Son conseil, Maitre Samna Soumana Daouda, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Niger, était indigné car dans sa longue carrière d’avocat, il a certes vu des « vertes et des pas mûres » mais jamais un dossier qui choque la raison comme celui-là. Avec ce dossier, il semble être convaincu que « l’injustice est la chose la mieux partagée ».

Et Maitre Samna d’éclairer la lanterne du grand public en ces termes : « Le dossier après avoir été convenablement traité par la police judiciaire a été transmis au parquet et les personnes suspectées déférées. A ce moment, au lieu que le dossier soit transmis à un juge d’instruction, il est retourné à la police judiciaire avec des consignes claires de mettre en cause Ibrahim Yacouba malgré l’absence de toute implication… ».

Face à l’indignation grandissante de l’opinion, le procureur général près la Cour d’appel de Niamey est sorti de sa réserve, dimanche en fin de journée. Le procureur général Maazou Oumarou a fait la chronologie des faits : une tentative d’assassinat, signalée le 29 juillet dernier au quartier Sory Bené, dans la périphérie de Niamey, arrestation du nommé Mahamadou Noura, reconnaissance des faits par celui-ci qui avoue, au passage d’autres assassinats rituels qui portent sa signature. C’est ainsi que les noms de cinq personnes ont été cités en tant que bénéficiaires de ces crimes rituels dont celui de Yacoubou, affirme le procureur général.

Et d’ajouter que le dossier a été retourné à la police judicaire pour compléter l’enquête afin d’établir un dossier complet avant de lui donner une suite judiciaire.

Pour Maitre Samna, son client « est gardé à vue sur instruction de la hiérarchie » dénonçant au passage un cas évident d’injustice. Au sein de l’opinion, on y voit un dossier aux relents politiques compte-tenu de la personnalité de l’ancien ministre Yacoubou et des circonstances dans lesquelles son nom a été mêlé à cette affaire. Dans tous les cas, cette affaire est aussi un test de crédibilité pour notre justice.

En attendant la suite de la procédure, des questions taraudent les esprits : Des crimes rituels pour faire quoi ? Quand est-ce qu’ils ont eu lieu ? Comment se fait-il que des corps sont enterrés au quartier dit enseignants-chercheurs alors que l’accès à cet endroit est surveillé par les forces de l’ordre, de jour comme de nuit ? Pourquoi le procureur général n’a pas parlé des confrontations entre les suspects et Yacoubou ?

La rédaction

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