Le Cadre de Lutte contre les Dérives du Niger (CDN), qui se présente comme un groupe de démocrates issus des organisations de la société civile nigérienne, des médias, des juristes et chercheurs, a signé, ce mercredi 17 septembre, sa deuxième sortie publique. La semaine dernière déjà, se rappelle-t-on, le CDN a publié un communiqué choc sur les attaques terroristes menées par l’EIGS dans la région de Tillabéri qui ont coûté la vie à 27 de nos vaillants soldats. « Cette tragédie d’une ampleur inédite illustre une fois de plus la fragilité du dispositif militaire, la persistance de la menace terroriste et l’incapacité du régime en place à anticiper les menaces », déplore le CDN.
Ce mercredi 17 septembre, le CDN a publié une déclaration sur la situation socio-politique et sécuritaire du pays. Le CDN est revenu sur la gouvernance politique et sécuritaire, la situation des droits humains et des libertés publiques, la situation géopolitique régionale. Parlant de la gouvernance politique, le CDN note que « la situation politique est dominée par la prise en otage du président démocratiquement élu, la dissolution des partis politiques et des syndicats, l’instrumentalisation de l’appareil d’Etat à des fins de propagande et de bâillonnement du peuple souverain ». En matière de gouvernance sécuritaire, le CDN relève que « le pays est confronté à une insécurité persistante, exacerbée par les attaques des groupes terroristes occasionnant des morts dans les rangs des Forces de Défense et de Sécurité et des civils, le déplacement massif des populations, la perturbation des activités économiques, etc. »
Le CDN a aussi dénoncé l’ordonnance 2024-05 instituant une dérogation aux règles de transparence dans l’attribution des marchés publics. Il a rappelé certaines affaires qui ont été déjà dénoncées par la presse relativement à l’achat des fournitures scolaires au Ministère de l’Education nationale, l’achat de 160 véhicules par le Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie (FSSP), au trafic de 1.578 kilogrammes d’or, à l’achat des médicaments par un hôpital de Niamey, etc.
Sur le respect des droits humains et des libertés fondamentales, le CDN n’est pas allé du dos de la cuillère. Il relève des arrestations extrajudiciaires, la déchéance de nationalité de certains Nigériens, la restriction de l’espace civique à travers la nouvelle ordonnance portant répression de la cybercriminalité au Niger, l’ordonnance sur la discipline des magistrats, le non-respect des décisions judiciaires, l’emprisonnement de l’ancien ministre Ibrahim Yacoubou sur la base d’une rocambolesque affaire de nature criminelle, etc.
Sur la situation géopolitique régionale, le CDN relève que « le Niger est engagé dans une nouvelle orientation géopolitique et militaire, notamment par la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ». A ce sujet, le CDN déplore la tendance à l’autarcie et à l’isolement des pays de l’AES, la fermeture de la frontière nigérienne avec le Bénin aggravant ainsi la cherté de la vie des populations et la non mise en place de la force conjointe de lutte contre le terrorisme dans la zone des trois frontières qui devait mobiliser 5.000 hommes.
En concluant sa déclaration, le CDN a exigé des autorités en place, la libération du président Bazoum et de son épouse conformément à une Résolution des Nations-Unies, celle de l’ancien ministre de l’Intérieur Hamadou Adamou Souley, de l’acteur politique Ibrahim Yacoubou, de l’acteur de la société civile Moussa Tchangari ainsi que de tous les détenus politiques. Le retour à l’ordre constitutionnel, la réhabilitation des partis politiques, des syndicats du secteur de la justice dissous et des magistrats radiés, l’annulation du contrat qui lie la ville de Niamey à la société N-TRANS sur la mobilité urbaine et la prise en charge des préoccupations des syndicats des secteurs de l’éducation et de la santé, conformément aux engagements du gouvernement, sont autant de revendications du CDN.
En rappel, le CDN et le G25 sont des groupes d’acteurs de la démocratie qui se sont faits connaitre ces derniers temps. A s’en tenir à leurs déclarations, ils militent pour une gouvernance vertueuse au Niger. C’est aussi cela l’engagement du CNSP au lendemain de sa prise de pouvoir. Gageons que les autorités en place percevront ces groupes comme des structures de citoyens qui, même s’ils abordent des sujets qui fâchent, apportent quand même leurs contributions dans la marche du pays, qui est un bien commun à tous les Nigériens.
La Rédaction