31.2 C
Niamey
12 octobre, 2025
spot_img

Front syndical : La CDTN tire la sonnette d’alarme !

Le Bureau Exécutif National de la Confédération Démocratique des Travailleurs du Niger (BEN/CDTN), réuni le 11 octobre 2025, a dressé un tableau sombre de la situation sociale, économique, politique et sécuritaire du pays. Une déclaration qui vibre comme un cri de cœur d’une Centrale syndicale lucide face aux difficultés multiformes que connait le pays.

Sur le plan social, la CDTN dénonce sans détour le chaos administratif et la détresse des travailleurs. Salaires payés de plus en plus en retard, pécules en attente depuis des mois, fonctionnaires désemparés et contractuels réduits au silence par la misère. Le gouvernement, englué dans des opérations bureaucratiques, agit sans concertation avec les partenaires sociaux. Le dialogue social, ce baromètre du respect de la dignité du travailleur, semble relégué au second plan. La rentrée scolaire s’annonce incertaine, minée par la frustration et la colère d’un corps enseignant à bout de souffle.

Sur le plan économique, le constat est tout aussi alarmant. La vie chère, la rareté des produits de première nécessité et la baisse du pouvoir d’achat écrasent les ménages. Les entreprises ferment, les emplois disparaissent, et avec eux, l’espoir de milliers de familles. Le pays semble s’enfoncer dans une spirale de précarité où la pauvreté n’est plus une condition, mais un destin imposé. Les appels de la CDTN à une relance de la production nationale et à un soutien massif à l’économie réelle traduisent une urgence nationale que les autorités ne peuvent plus ignorer.

Sur le plan politique, le syndicat rappelle l’essentiel. En effet, selon le BEN/CDTN, la transition ne doit pas être un prétexte pour gouverner dans l’opacité. La CDTN exhorte le pouvoir à replacer la cohésion nationale, la justice sociale et la démocratie au cœur de la gouvernance. Car la refondation du Niger ne se fera ni dans l’exclusion ni dans l’arrogance, mais dans l’inclusion et la transparence. À défaut, la transition risque d’être un long crépuscule démocratique au lieu d’une aube nouvelle.

Sur le plan sécuritaire, le syndicat salue le courage des Forces de Défense et de Sécurité, tout en soulignant la persistance de foyers d’insécurité qui paralysent l’économie et la vie quotidienne. Là encore, le dialogue communautaire et le développement local sont évoqués comme solutions durables, loin de la seule logique militaire.

Cette déclaration du BEN/CDTN, empreinte de gravité et de responsabilité, met le doigt sur une plaie nationale : la désarticulation progressive des institutions, des services publics et du tissu social. Elle traduit une inquiétude collective, celle d’un pays qui s’effrite dans le silence et l’improvisation.

Face à cette descente aux enfers, existe-t-il un remède alternatif dans la gouvernance ? Oui, à condition de rompre avec la gestion unilatérale, de restaurer la confiance entre dirigeants et dirigés, de bannir l’exclusion et de replacer le citoyen au centre des priorités. L’État doit redevenir un garant de justice, non un spectateur de la souffrance populaire.

Le Niger n’est pas encore à terre, mais il fait face à de nombreuses difficultés qui paralysent l’action collective. Les mots de la CDTN sonnent donc comme un avertissement, mais aussi comme une ultime main tendue : celle du dialogue, de la lucidité et du sursaut collectif.

Attendons de voir si ce cri d’alarme trouvera enfin écho au sommet de l’État ou s’il se perdra, une fois de plus, dans le vacarme d’une gouvernance qui feint de ne pas considérer le désespoir des citoyens.

Mahamadou Tahirou

Related Articles

Stay Connected

0FansJ'aime
3,912SuiveursSuivre
0AbonnésS'abonner
- Advertisement -spot_img

Derniers Articles