Le Cadre de lutte contre les Dérives du Niger (CDN) s’est prononcé, dans un communiqué rendu public le 11 octobre dernier, sur la visite de 48 heures du chef de l’Etat, le général Abdourahamane Tiani, à Tillabéri et Téra. Cette visite a été effectuée les 04 et 05 octobre derniers, se rappelle-t-on. La structure n’a pas mis de gants pour y voir une « sortie sans solutions concrètes » parce que n’ayant pas tenu compte des « véritables préoccupations des populations locales ».
Selon le CDN, les habitants de ces deux localités, « connus pour leur hospitalité », attendaient du chef de l’État « des réponses aux problèmes de sécurité et de développement », dans la continuité des visites de proximité « observées sous la présidence de Mohamed Bazoum ». Mais, note le communiqué, « la montagne a accouché d’une souris », le discours du général Tiani s’étant concentré sur « la résistance à la colonisation », un appel à la « cohésion sociale » et à « une contribution de 100 FCFA par citoyen au Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie (FSSP) ».
Le Cadre déplore également que les visites à Tillabéri et Téra se soient « limitées à des discours répétitifs et à une promesse d’eau potable », estimant qu’elles n’ont pas répondu aux attentes d’une population confrontée à l’insécurité et à la pauvreté. Le communiqué dresse également un « bilan préoccupant » des deux années de transition dans la région de Tillabéri : « plus de 1.000 victimes civiles et militaires, deux millions de déplacés internes, un millier d’écoles fermées, l’arrêt de plusieurs projets de développement dont le barrage de Kandadji, et un chômage aggravé par la crise économique ».
Le CDN affirme que « les promesses sécuritaires du CNSP se heurtent à la réalité », citant notamment « l’assassinat de l’administrateur délégué de la commune rurale d’Ayorou et l’enlèvement du chef de village d’Ayorou Haoussa et d’un représentant local du Conseil Consultatif de la Refondation » sur leur chemin de retour après l’accueil du général Tiani.
Rappelant son attachement à « la démocratie, à l’État de droit et à la dignité humaine », le Cadre exige la « libération de Mohamed Bazoum et d’autres détenus politiques », le « rétablissement de l’ordre constitutionnel » et l’« organisation d’élections libres, transparentes, inclusives et honnêtes ». La réouverture de la frontière avec le Bénin et les audits indépendants du FSSP et de la COLDEFF figurent également au nombre de ses exigences.
Peu après la publication du communiqué du CDN, le gouvernement a annoncé, en Conseil des ministres du 11 octobre 2025, le lancement d’un appel d’offres pour la reprise du tronçon routier Farié-Téra. Cette décision pourrait être perçue comme une première réponse aux attentes exprimées dans la région, notamment en matière d’infrastructures.
Toutefois, selon plusieurs observateurs, les priorités des populations de Tillabéri et de Téra demeurent avant tout sécuritaires. Le retour de la paix et de la stabilité est considéré comme la condition essentielle à la reprise des activités économiques et au retour des déplacés dans leurs villages.
Mahamadou Tahirou