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31 juillet, 2025
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BOA Niger : Le syndicat monte au créneau et appelle à un mouvement de grève de 48 heures

Un climat de tension s’installe au sein de la BOA Niger (Bank of Africa), l’une des institutions bancaires opérant dans le pays. Pour la première fois depuis deux décennies, la direction générale de la banque a décidé de ne pas octroyer les traditionnels dividendes annuels à son personnel. Une décision inédite et incomprise qui suscite colère, frustration et incompréhension parmi les employés, mobilisés derrière leur syndicat, le SYNBANK, soutenu activement par la centrale syndicale CDTN. En effet le syndicat par lettre numéro 0138/synbank/2025, adressée en date du 22 juillet 2025 au directeur général de la dite banque menace d’aller en grève de 48 heures à compter du 31 août 2025.

Depuis plus de vingt ans, le personnel de la BOA bénéficiait d’un geste financier de reconnaissance à la clôture de chaque exercice budgétaire : le versement de dividendes internes, souvent perçus comme une prime collective indexée sur la performance de l’institution. Ce rituel, devenu une coutume, incarnait un symbole de reconnaissance du mérite collectif. En 2024, malgré des résultats jugés positifs, cette pratique est brutalement suspendue.

La direction générale, restée jusque-là silencieuse sur les motivations de ce changement, évoque, selon certaines indiscrétions, une volonté d’alignement stratégique avec la maison-mère ou encore des directives de prudence en période économique incertaine que traverse le pays. Pourtant, à la clôture de l’exercice 2024, la BOA n’affichait aucune perte, ni difficulté majeure susceptible de justifier une telle rupture.

Face à cette décision jugée unilatérale et injustifiée, le Syndicat national des banquiers (SYNBANK) a multiplié les tentatives de médiation et de négociation. Selon son secrétaire général, « la direction n’a avancé aucun argument convaincant pour justifier la suppression de ces dividendes, alors que les résultats de la banque en 2024 sont positifs et que l’institution continue d’engranger des profits. »

Malgré plusieurs courriers, rencontres et appels à la concertation, la direction générale reste inflexible, murée dans un silence que beaucoup perçoivent comme du mépris envers un personnel qui n’a jamais failli à ses engagements, même dans les moments les plus difficiles du pays.

La Confédération Démocratique des Travailleurs du Niger (CDTN), faîtière syndicale à laquelle est affilié le SYNBANK, a exprimé son soutien sans réserve au personnel de la BOA, tout en appelant la direction à revenir à la table des négociations. Dans un courrier adressé au SG du synbank en date 30  juillet 2025, le BEN/CDTN « condamne fermement le comportement de la Direction Générale de la BOA-NIGER pour sa tentative de remise en cause des acquis octroyés à son personnel depuis plus de deux décennies.»

Face à l’impasse, le SYNBANK a annoncé un mot d’ordre de débrayage de 48 heures pour les 31 juillet et 1er août 2025. Un arrêt de travail qui pourrait avoir un impact réel sur les opérations bancaires du pays, tant la BOA est un acteur stratégique du paysage financier nigérien.

Ce mouvement, bien que temporaire, pourrait annoncer une phase de radicalisation si la direction persiste dans son mutisme. Pour de nombreux employés, il ne s’agit pas seulement d’un enjeu financier, mais d’un combat pour le respect et la justice sociale. Le mot d’ordre est clair : « Ce que nous revendiquons n’est pas un privilège, c’est un droit acquis. »

Ce bras de fer dépasse le simple cadre de la BOA. Il est le reflet d’un climat social tendu dans un pays où les travailleurs, dans de nombreux secteurs, ressentent une détérioration de leur pouvoir d’achat, une précarité croissante et une raréfaction des signes de reconnaissance au travail.

Si la direction générale de la BOA persiste dans son refus sans justification claire et transparente, elle risque non seulement de perdre la confiance de son personnel, mais également de ternir durablement son image auprès de la clientèle et du grand public.

Dans un pays en quête de stabilité et de justice, toute institution, aussi puissante soit-elle, doit se rappeler que la paix sociale est un capital qui se cultive  et non un acquis éternel. Le personnel de la BOA, à travers le SYNBANK, semble aujourd’hui déterminé à défendre ce capital, quel qu’en soit le prix.

Mahamadou Tahirou  

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