Les utilisateurs des réseaux sociaux nigériens ont fait, ces derniers temps, une immense découverte : la mise en circulation de nouveaux médicaments. C’est sans doute une évolution dans notre système de santé. Ces nouveaux médicaments ont pour noms : « Nitacyline Dépotcyline 500 mg », « Amanadozole Transfertcyline 800 mg ». Ce n’est pas fini. Deux autres produits seraient également homologués par l’institution internationale en charge des questions de santé. Il s’agit de « Talaucitalose » et « Fataralose ». C’est une grande révolution parce que ces nouveaux produits soulagent contre la pauvreté, dit-on. Un cousin accroc aux nouvelles découvertes s’est précipité dans les pharmacies. A la première, la vendeuse lui répond que leur officine ne dispose pas de ces produits. Peut-être qu’ils sont en rupture, lui a-t-elle répondu. C’est à la deuxième pharmacie qu’on lui a fait savoir que ces produits n’ont rien de pharmaceutiques. Il a bien compris de quoi il s’agit une fois à la maison. Là, on lui a fait savoir que ce sont des produits de lutte contre la pauvreté. Plus précisément, ce sont des mots de passe pour caractériser la dèche qui frappe durement les Nigériens ces derniers mois.
Il suffit de recevoir un transfert d’argent à travers NITA pour bénéficier de « Nitacyline Dépotcyline 500 mg », et votre mal-vivre est solutionné. De même, à travers AMANA Transfert d’argent vous pouvez recevoir « Amanadozole Transfertcyline 800 mg », et votre stress lié au manque d’argent est derrière vous. Ne serait-ce que momentanément.
« Talaucitalose » et « Fataralose » permettent aussi de lutter efficacement contre la pauvreté. Il y a lieu de préciser que ces expressions dérivent des mots Haoussa « Talauci » et « Fatara » qui veulent dire sensiblement pauvreté, manque d’argent.
Faute de solutions à la misère ambiante, aux problèmes économiques, et au manque d’argent, les utilisateurs des réseaux sociaux ont voulu tourner cette situation difficile en dérision. Avec l’humour, on essaie de supporter, très difficilement, il faut le reconnaitre, ce mal-vivre qui s’est emparé des ménages nigériens. Inflation galopante, cherté de la vie, perte d’emplois pour des milliers de Nigériens, retard de salaires pour les fonctionnaires de l’Etat, de nombreuses entreprises privées en quasi faillite mettant ainsi leurs personnels en chômage technique s’ils ne sont pas purement et simplement licenciés, etc. C’est cela le contexte économique et financier actuel de notre pays. Face à cette situation, la réponse du gouvernement est d’appeler les populations à la résilience. Peut-on parler de résilience à quelqu’un qui ne dispose pas du minimum vital pour vivre ? Non, bien sûr. En attendant, nous allons continuer à guetter quelques âmes charitables qui voudront bien nous procurer « Nitacyline Dépotcyline 500 mg », « Amanadozole Transfertcyline 800 mg ». Car la résilience qu’on nous demande refuse de s’en aller.
La Rédaction
