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12 octobre, 2024
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Politique : De la Conférence Nationale Souveraine à la Déroute Démocratique

Du 29 juillet au 3 novembre 1991, la Conférence Nationale Souveraine (CNS) du Niger a marqué un tournant décisif dans l’histoire politique du pays. Après près de deux décennies de régime dictatorial sous le Conseil Militaire Suprême (CMS), les acteurs de cette conférence ont posé les bases d’une démocratie participative et pluraliste, un acte fondateur qui a permis aux citoyens de reprendre possession de leur destin.

Trente-trois ans plus tard, le Niger a connu quatre interruptions de son processus démocratique. Le dernier coup d’Etat en date, celui orchestré le 26 juillet 2023 par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a brutalement mis fin à cette avancée démocratique, révélant ainsi les fragilités d’un système qui semblait pourtant avoir été solidement établi.

La CNS a été sans conteste un moment historique où les voix des Nigériens se sont unies pour réclamer la liberté, la justice et la démocratie. Les débats passionnés, les décisions collectives et l’engagement des acteurs de la société civile ont permis de mettre en place un cadre démocratique qui a conduit à l’élection de plusieurs gouvernements successifs. Ces régimes, bien que parfois critiqués pour leurs défauts, ont permis de bâtir les fondements d’une armée moderne et professionnelle, équipée de matériels de dernière génération. Ces avancées étaient essentielles pour garantir la sécurité du pays dans un contexte régional instable.

Le coup d’État mené par le CNSP a plongé le Niger dans une crise politique sans précédent, remettant en question les acquis des luttes passées et les valeurs de démocratie et de liberté. Ce retournement est d’autant plus tragique que la légitimité de l’armée reposait sur sa capacité à protéger les droits des citoyens et à garantir la stabilité du pays.

Les conséquences de cette dérive sont alarmantes. Le Niger, autrefois perçu comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, se retrouve aujourd’hui isolé sur la scène internationale. Les sanctions économiques et politiques et la suspension des relations de coopération et de liens diplomatiques avec de nombreux pays montrent que la communauté internationale ne tolère pas les atteintes à la démocratie. Cette situation a exacerbé les difficultés économiques du pays, déjà fragilisé par des crises multiples. Les citoyens, privés de leurs droits fondamentaux, se retrouvent dans une spirale de désespoir et de méfiance envers les institutions.

La démocratie est le seul régime capable de garantir les libertés individuelles, l’égalité et la justice. Elle est le rempart contre l’arbitraire et la dictature, et il est essentiel de rappeler aux Nigériens les sacrifices consentis pour l’instaurer.

De plus, les leçons de l’histoire doivent guider l’action des acteurs politiques et sociaux. Il est crucial de tirer parti des expériences passées pour construire une résistance solide et durable contre toute tentative de retour à l’autoritarisme. Les démocrates doivent travailler ensemble pour promouvoir une vision commune de la démocratie qui inclut tous les segments de la société, en mettant un accent particulier sur les femmes et la jeunesse, qui est l’avenir du pays.

Le Niger doit retrouver son chemin vers la démocratie, non seulement pour honorer la mémoire de ceux qui ont lutté pour la liberté, mais aussi pour garantir un avenir où chaque citoyen peut jouir de ses droits et contribuer à la construction d’une société juste et équitable. La lutte pour la démocratie est un combat permanent, et il importe pour tous les acteurs de sauvegarder ce précieux héritage.

Mahamadou Tahirou

L’Autre Républicain du jeudi 1er aout 2024

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