L’Association Nigérienne de Lutte contre la Corruption – section de Transparency International (ANLC/TI-Niger), fidèle à sa ligne de promotion de bonne gouvernance, de protection des droits humains et des libertés par la lutte contre la corruption, a examiné la situation des droits humains dans un contexte marqué par une crise politique née de la remise en cause de la démocratie suite aux évènements du 26 juillet 2023 au Niger.
L’ANLC/TI-Niger convaincue que la promotion des droits humains et la protection de la démocratie sont des missions dévolues aux organisations de la société civile présente ce rapport pour apporter sa modeste contribution dans le cadre d’édification d’un Niger libre, juste, équitable et prospère.
Ainsi, l’ANLC/TI-Niger déplore :
- Le Coup d’État ayant abouti à la dissolution des institutions démocratiques et Républicaines par la suspension de la Constitution et à l’arrestation du Président élu par des officiers de l’armée du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).
- Les tensions avec CEDEAO ayant entrainé :
- La suspension du Niger des instances et organes de cette organisation communautaire.
- Des sanctions, dont des interdictions de voyager, la fermeture des frontières, l’arrêt de la fourniture de l’énergie électrique et des gels d’actifs, qui ont eu des lourdes conséquences sur le quotidien des Nigériens.
- Le retrait du Niger de la CEDEAO qui risque d’avoir des conséquences incommensurables sur la circulation des personnes et de leurs biens dans l’espace CEDEAO
- Restrictions de la Liberté d’Expression et Rétrécissement de l’Espace Civique.
En effet,
- La liberté d’expression a été restreinte, avec des arrestations et des menaces contre les journalistes indépendants
- Le CNSP a rétabli les peines de prison pour des faits relatifs à la cybercriminalité par l’ordonnance n°2024-28 du 7 juin 2024 modifiant la loi 2019-33 du 3 juillet 2019 relative à la répression de la cybercriminalité au Niger.
- La junte a suspendu les activités des partis politiques et arrêté des membres du gouvernement déchu.
- Conflits Armés et Catastrophes Naturelles :
- Le Niger continue de lutter contre des groupes islamistes armés tels que l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), le Groupe pour le soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM), Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) qui se répandent de plus en plus sur le territoire national.
- Les inondations continuent de causer des destructions massives et des pertes en vies humaines.
- Situation Humanitaire Critique
- Plus de 4,3 millions de personnes nécessitent une aide humanitaire, et plus de 370 000 sont déplacées à l’intérieur du pays, selon OCHA.
- Le Niger accueille également des réfugiés et des migrants expulsés d’Algérie et de Libye.
- La situation reste préoccupante, avec des implications profondes pour le pays et sa population.
Au regard de tout ce qui précède l’ANLC/TI-Niger demande au CNSP de :
- créer les conditions pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel, seul gage d’une gouvernance stable et respectueuse des droits humains ;
- favoriser la libération des personnalités détenues pour leurs opinions ;
- revenir sur l’abrogation de la loi n°2016-36 du 26 mai 20216 criminalisant le trafic des migrants ;
- abroger les ordonnances n° 2024-05 du 23 février 2024 et n°2024-028 du 7 juin 2024 ;
- arrêter toute forme de harcèlement contre les journalistes ;
- rouvrir les frontières avec les Bénin pour permettre la libre circulation des personnes et de leurs biens entre nos deux pays ;
- reconsidérer la décision de quitter la CEDEAO afin d’éviter aux populations nigériennes de l’intérieur du Niger et vivant dans les pays de la CEDEAO des situations particulièrement difficiles et humainement insupportables ;
- respecter et promouvoir les droits humains en République de Niger.
Fait à Niamey le 26 juillet 2024
Pour le CEN,
Le Président
Maman WADA