L’Alliance des États du Sahel (AES), constituée en septembre 2023 par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, présageait initialement une mutualisation des efforts pour lutter contre l’insécurité croissante dans la région. Toutefois, un an après sa création, il est normal de se pencher sur la réalité de cette alliance, qui apparaît davantage comme un instrument de propagande au service des juntes au pouvoir que comme un véritable remède aux maux qui affligent ces nations.
Dès le départ, la création de l’AES a été entourée d’un parfum de défiance envers la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). En effet, moins de deux mois après le coup d’État au Niger, cette alliance semble avoir été conçue pour anticiper une éventuelle intervention militaire de la CEDEAO, désireuse de restaurer l’ordre constitutionnel. En se regroupant, ces trois pays dirigés par des régimes militaires ont manifesté une volonté de défendre leur nouvel ordre face à une pression extérieure. Cependant, cette stratégie de défense est davantage motivée par la préservation des intérêts des dirigeants que par un réel engagement à améliorer la sécurité de leurs populations.
Au fil des mois, la situation sécuritaire dans ces trois pays ne s’est pas améliorer. Les promesses de sécurité et de stabilité portées par l’AES se sont heurtées à une réalité bien plus sinistre. Les attaques de groupes armés se sont intensifiées, et la population civile vit dans un climat d’insécurité croissant. Les ressources militaires, loin de créer une synergie pour la défense, semblent se diluer dans des promesses toujours renouvelées. Les populations, au lieu de bénéficier d’une protection accrue, se retrouvent piégées dans un cycle de violence et d’instabilité perpétuelle.
Les ambitions socio-économiques affichées par l’AES, telles que la création d’une banque d’investissement et d’un fonds de stabilisation n’ont, jusqu’à présent, donné lieu à aucune concrétisation tangible. Ces projets, qui auraient pu constituer des leviers de développement, restent figés sur le papier. Les discours populistes des dirigeants, promettant des lendemains meilleurs, se heurtent à une réalité où la pauvreté et le désespoir continuent de gangréner les populations burkinabé, malienne et nigérienne.
Il est bien à propos de rappeler que pour diriger un pays, il ne suffit pas de s’appuyer sur des déclarations d’intentions. Le leadership exige du réalisme, une vision claire et des actions concrètes. Les promesses ne remplacent pas la nécessité d’un cadre de gouvernance solide, capable de répondre aux véritables besoins des citoyens et un fort réalisme dans la gestion des affaires publiques.
L’option de leur retrait de la CEDEAO en janvier 2024, ne fait qu’accentuer l’isolement de ces pays. En se coupant de cette organisation régionale, ils se privent d’un cadre où des solutions communes aux crises peuvent être discutées et mises en œuvre. Retourner vers la CEDEAO, tout en engageant un dialogue interne pour renforcer le respect de la démocratie et des droits humains, apparaît comme une nécessité.
Il n’est jamais trop tard pour faire le choix de la diplomatie et de la coopération régionale. Comme le disait Nelson Mandela : « L’éducation est l’arme la plus puissante que vous pouvez utiliser pour changer le monde. » Dans ce contexte, l’éducation et le dialogue doivent primer sur les coups de force et les alliances opportunistes. Il est impératif que les dirigeants de l’AES comprennent que la véritable force réside dans la capacité à unir les peuples autour d’un projet commun de développement et de paix.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 19 septembre 2024