Par IDDER ALGABID
Depuis le 13 avril 2024, le journaliste Ousmane Toudou est incarcéré à la prison de Kollo après une garde à vue de plus de 40 jours dans les locaux de la gendarmerie.
Que reproche-t-on à Toudou ? Qu’a-t-il fait réellement ? Les réponses à ces questions restent un mystère ! Mais pour quelqu’un comme moi, qui le connaît bien et l’a fréquenté de près, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi un journaliste ayant eu une si belle et remarquable carrière peut se retrouver dans une telle situation.
Ousmane Toudou, au-delà d’être un célèbre journaliste et un prince maouri de Guechemé, une âme libre, qui ne se laissera jamais intimider ni renoncer à ses convictions. Sa plume est libre, fervent défenseur des libertés publiques et de l’État de droit. Jamais il ne prendra une position qui puisse nuire à sa réputation. Une telle dérive n’est pas possible ; elle ne reflète pas sa personnalité, et ceux qui le connaissent le savent. C’est une personne au cœur pur, aimable, attentionnée, pétrie d’humanisme et de justice. Ce sont ces valeurs qui l’ont poussé à dénoncer la séquestration du président Bazoum et à condamner la remise en cause du régime démocratique en place. Un régime comme une savane innocente porteuse d’espoir, dépourvue de bourreaux et de baïonnettes, dédiée aux échanges constructifs d’idées et au pragmatisme plutôt qu’à la vente d’illusions et de comédie. Une savane d’actions salvatrices et non nocives. Bref, un espace où la vie a un sens et où l’être humain trouve toute sa signification.
Aujourd’hui, j’ai une pensée empreinte d’amour pour ta femme et tes enfants, mon jeune frère Samirou et mes deux petites sœurs, Samimi et Tchima. Je suis conscient que tu leur manques énormément, compte tenu de tes rapports presque amicaux avec eux. Je note et apprécie leur admirable résilience. Pour ma part, je ne suis pas déconcerté ; j’ai l’intime conviction qu’ils sont tout aussi téméraires et combatifs. Nul doute qu’ils te rendront plus fier, car ils sont bien nés. Cette fierté de ne pas descendre de la lignée d’un traître, d’un commerçant d’angoisse et de vie facile. Ils seront fiers que leur père soit inscrit dans le registre de l’histoire. Une histoire qui, comme le dit Hegel, fait les hommes. Des personnes qui symbolisent des valeurs et refusent de se laisser emporter par le faux et l’injustice, par tout ce qui est éphémère et fétide. Tu le sais bien, l’avenir radieux et prometteur repose sur la vérité plutôt que sur le mensonge.
Dans son foyer, l’araignée est la seule à penser qu’elle réside dans une forteresse, comme une fleur qui sourit en attendant le vent. Quoi qu’il en soit, à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Tenez bon, Tonton, soyez plus coriace. Chaque chose a une fin ! Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle se casse. Cette éprouvante période, provoquée par un complot sans précédent et cruel orchestré par vos propres amis, se terminera prochainement. Vous retrouverez ainsi votre liberté dans la dignité et l’honneur.
Au début de cette épreuve, tu l’avais mentionné : « Gardons la foi dans l’épreuve ! ». Un jour, cela fera partie du passé…
Alors je t’invite, mon cher tonton, comme j’aime t’appeler affectueusement, à « garder la foi dans l’épreuve ». Je joins cet hommage par une photo de toi, datant de 2001, pour te rappeler, ainsi qu’à tes anciens auditeurs, cette célèbre phrase : « Anfani midi, OUSMANE TOUDOU »
