La Sourate Youssouf est connue comme ‘’la plus belle histoire du Coran’’. Parmi les douze (12) enfants du prophète Jacob (Yacoub), il y a Youssouf et Bendjamin (Binyamin) le cadet de même mère que Youssouf. Lorsque ce dernier raconta son rêve à son père d’avoir vu 11 étoiles en train de se prosterner devant lui, le prophète Yacoub l’avait appelé à la prudence et à la discrétion contre l’envie et la jalousie. La suite est connue, les frères rivaux ont fini par le jeter dans un puits en venant raconter un gros mensonge à leur père.
Pour le cas de Bazoum, il y a eu également un gros mensonge, un mensonge d’Etat pour justifier la forfaiture. Comme quoi, le mode opératoire de tous les comploteurs se résume à un tissu de mensonges.
Les leaders du PNDS-Tarayya soutiens au coup de Jarnac du 26 juillet 2023 vivent tranquillement aujourd’hui leur prouesse d’avoir jeté leur frère et camarade ‘’dans le puits’’ à l’image des frères du prophète Youssouf. Ils espèrent ainsi se débarrasser de ce camarade encombrant en l’enterrant vivant !
Ils vivent pour ainsi dire les années du silence, de la déréliction de Youssouf abandonné, sans appui ni secours. Bazoum et son épouse, coupés du monde connaissent présentement la pire des humiliations. Quelques-uns ont décidé arbitrairement de les séparer du monde des humains, de leurs semblables, de les déshumaniser, comme qui dirait.
Quelle violence peut-on infliger à ce philosophe plus que celle de le priver d’échanger avec les autres, de l’usage du logos et du partage de sa rationalité, de son projet d’humanisation des rapports humains. Des cancres et des prévaricateurs ont décidé de le plonger dans une nuit noire à l’image de ce puits où Youssouf a été jeté par ses bourreaux de frères.
Dans leur petite logique, cette histoire est terminée selon leur desiderata. Mais comme Allah (SWT) est au contrôle de toute chose, il a déjoué leur stratagème en transformant positivement cette épreuve pour Youssouf au grand dam de ses ‘’frères ennemis’’.
C’est Allah qui élève qui Il veut et humilie qui Il veut. Youssouf est devenu un puissant ministre en Egypte après tant d’épreuves. C’est le destin de Youssouf après la disgrâce. In fine, le destin s’est réalisé conformément au plan divin : les frères de Youssouf agenouillés devant lui demandant pardon.
La grande leçon de cette histoire, c’est que jamais la trahison, la lâcheté et le mensonge ne peuvent être érigés en valeurs pour refonder une société ou un pays.
Cette histoire doit être méditée chez nous. De proche en proche, on se rend compte des limites objectives du mensonge d’Etat qui s’avère être une grossière manipulation sur fond de propagande.
Les camarades de Bazoum font face à cette ironie de l’Histoire. Ils ont trahi et jeté à la vindicte populaire un homme juste et intègre. Il est le bouc émissaire qui doit payer pour leurs impairs de gestion et abus aux commandes de l’Etat. La présence des bases étrangères au Niger, la coopération avec les Occidentaux, la mal gouvernance, la dégradation de la situation sécuritaire, Bazoum serait le seul responsable à en croire leur narratif !
Et curieusement, à l’image de la belle histoire de Youssouf, les maitres mots aujourd’hui c’est ‘’Pardonner et oublier’’. Des esprits lucides ont réagi à travers le pays disant en substance que la justice doit précéder le pardon.
Le prophète Yacoub a fait montre de la ‘’belle patience’’ en confiant tout à Allah (SWT) dès au départ car il sait : « Allah est Souverain en son commandement mais la plupart des hommes ne savent pas ». Allah l’a honoré avec une famille réunie et réconciliée.
A ceux qui nous reprochent de ne pas accepter la qadara (le destin), nous répliquons que nous avons une lecture plus profonde de cette notion. Oui, c’est le destin de Bazoum, c’est inévitable. Il était bien informé du complot mais il n’a rien fait pour forcer le destin. En homme de principes, il ne voudrait surtout pas, pour l’Histoire, qu’on dise que la traitrise venait de lui. C’est une constante chez lui où les membres de sa famille, ses amis et ses sécurocrates ont toujours pris pour leurs grades dès qu’ils osent l’alerter sur le danger ou critiquer un homme qu’il avait considéré comme un modèle de frère et ami.
Mais une chose est sûre, cette histoire n’est pas terminée. Ses amis savent qu’à leur place, il se serait battu jusqu’au sacrifice ultime face à la junte comme il a su le faire à la Conférence nationale face aux mutins. Bien au contraire, eux, non contents de l’avoir jeté dans le puits, ils l’ont enfoncé advienne que pourra.
Nul doute que sa belle résilience ne sera pas vaine. N’en déplaisent aux vendeurs d’illusions de tout acabit sous le tourbillon actuel.
Elh. M. Souleymane