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19 juin, 2025
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Rencontre Tiani/leaders politiques : aveu d’échec ou sursaut de lucidité ?

Le jeudi dernier, le général Abdourahamane Tiani a rencontré les anciens dirigeants du pays, apprend-on. Il s’agit des anciens présidents de la République, des anciens Premiers ministres et des anciens présidents de l’Assemblée nationale. Que cache ce retour en zone ? Un aveu d’échec et d’impuissance des généraux aux commandes ? Ou un miraculeux sursaut de lucidité de la junte ? Après les vuvuzelas, la realpolitik s’impose-elle finalement au général Tiani ?

Cette rencontre reste et demeure énigmatique, elle suscite une véritable polémique au sein de l’opinion publique. La junte friande de couvertures radio -televises tous azimuts n’a rien dit cette fois-ci. Souvenez-vous que meme lorsque Tiani avait reçu le chanteur au bidon on l’avait montré au journal de la RTN. Mais cette fois, rien. Cela a donné donc lieu aux spéculations et autres supputations.
A en croire des sources non officielles, le général Tiani a fait appel aux « sages » pour sortir le pays du marasme actuel.

Pour le principe, il n’y a rien à redire. C’est même normal de faire appel à tous les fils du pays pour le sortir de l’enlisement. Sauf qu’il importe de se demander objectivement à quoi ont servi les assises nationales ? N’est-ce pas les limites objectives de la politique de l’autruche pratiquée par la junte ? N’est-ce pas là la preuve que Tiani reconnaît avoir dirigé ce pays en excluant d’autres groupes plus représentatifs que ceux qui ont participé aux assises dites nationales ?

D’aucuns se demandent pourquoi la junte n’a pas jugé utile de soumettre sa préoccupation au Conseil consultatif pour la refondation (CCR) en lieu et place des leaders politiques accusés bruyamment d’avoir plongé le pays dans le gouffre ?

Après cette rencontre, la plus grosse énigme, c’est également le silence radio observé. Ce qui a donné lieu à des supputations où les citoyens à travers les réseaux sociaux et fadas vont chacun de son commentaire pour interpréter ce huis clos.

A travers les spéculations et autres analyses, il y a plus de questions que de réponses. Et comme le respect au droit du public à l’information n’est pas la première qualité d’un régime d’exception, les communicants de la junte entretiennent ce flou artistique.

Mieux vaut tard que jamais, dit-on. face au péril majeur aucun sacrifice n’est de trop. Faire appel à la sagesse et à l’expertise des uns et des autres est un gage de prise de conscience qu’il y a péril en la demeure. Il faut agir rapidement et efficacement. Tous les citoyens doivent être proactifs à condition qu’il y ait de la sincérité dans la démarche.

Nous osons espérer que la junte est désormais dans une posture dialogique après l’euphorie de la prise du pouvoir. Il s’avère que tous ceux qui ont poussé les militaires à la faute (soutiens et communicants) portent aussi la responsabilité de la situation délétère du pays.

Espérons également que ce ne soit pas une autre ruse d’Issoufou Mahamadou qui chercherait à aider Tiani à sortir par la grande porte. Selon un observateur averti de la scène politique nigérienne contacté par nos soins, « Issoufou pourrait convaincre Tiani pour sauver sa peau à renoncer à « son mandat » décrété unilatéralement afin d’organiser des élections.

Pour contraindre les membres récalcitrants de la junte à cette idée, il faut impliquer les hommes politiques. C’est peut être sa façon à lui de maquiller son plan et d’ instrumentaliser les autres.

Dans tous les cas, il est question de crever l’abcès, se dire la vérité en face pour un nouveau départ.Sans savoir exactement ce qui s’est dit au cours de cette longue rencontre, il y a lieu de rappeler à la junte que les Nigériens connaissent les problèmes pour lesquels une solution urge.
Il s’agit de : la libération de Bazoum Mohamed et les autres prisonniers politiques, l’ouverture de la frontière du Bénin et l’apaisement des relations avec nos voisins, la lutte contre l’insécurité et contre la corruption, le renforcement de l’armée et sa réforme pour qu’elle reste dans son rôle régalien de défense de la patrie et non un acteur politique perturbateur du développement, l’organisation d’un vrai dialogue politique inclusif avec les forces vives de la nation véritablement représentatives, un agenda clair et réaliste de retour à l’ordre démocratique, la reprise d’un partenariat honnête et respectueux, le respect des libertés fondamentales et des droits humains et la lutte contre la vie chère, etc.

De toutes façons il est difficile aujourd’hui d’envisager un dialogue sans Mohamed Bazoum qui constitue par la force des choses, l’opposant principal. Il constitue tout seul une partie prenante qui a son mot à dire dans le rétablissement de la situation. Vouloir ignorer cette réalité est synonyme de mauvaise foi et de manque de sincérité pour un dialogue inclusif et salvateur.

Les « sages » conviés à cette rencontre connaissent comme une litanie les exigences des partenaires pour un retour à l’ordre constitutionnel. Du reste, ces partenaires n’ont jamais fait mystère de leurs conditionalités à la junte.

Face à la grisaille actuelle, la Communauté internationale attend de la junte des actes et un engagement fort. Il faudrait d’abord libérer les prisonniers politiques à commencer le Président Bazoum, le respect des libertés publiques, instaurer la transparence dans la gestion des ressources publiques et créer les conditions d’un retour à l’ordre constitutionnel.

Elh. M. Souleymane

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