Hier, annoncée en grande pompe, l’interview accordée aux médias publics par le Chef de la junte a été diffusée tard dans la nuit tant le montage a été un sacerdoce pour les techniciens de la RTN.
Dans un style sur fond de populisme, le patron de la Garde présidentielle (GP), très crispé et renfrogné dans sa tenue de la GP, les mains sur les genoux et pieds croisés, cache mal son malaise pour ce jeu de questions-réponses pour faire acte de sa présence dans le pays.
A bien entendre le Général reclus dans le palais présidentiel, il donne l’impression d’être dans une autre planète en se contentant de ce que les membres actifs de la junte qui ont pignon sur rue voudraient bien lui ressasser.
Certains pourraient se délecter de la forme du message à savoir le choix des langues nationales. Soit. Mais avouons qu’aucune décision ni annonce n’a été faite par celui qui est censé indiquer la marche, la vision, la direction à ses concitoyens pour sortir de la nuit noire et l’incertitude dans lesquelles il les a plongés. D’ailleurs, il n’y a rien d’inédit sur le fait de s’adresser aux nigériens en langues nationales. C’est une recette bien connue du président Mohamed Bazoum chaque fois qu’il se trouve en immersion avec les populations loin du palais présidentiel.
S’il y a un semblant de décision à retenir, c’est bel et bien la menace à peine voilée à l’endroit des commerçants auxquels il semble attribuer la responsabilité de la vie chère dans le pays. A en croire Tiani, à la différence des commerçants maliens, les nôtres sont des apatrides. Sauf que les nigériens savent que si la situation est intenable aujourd’hui ce n’est que la conséquence du coup d’Etat par convenance dans un contexte où les tous indicateurs du pays étaient au vert, n’en déplaise aux tenants du populisme ambiant.
Sur les raisons du coup d’Etat, le Général Tiani s’agrippe au lieu commun : la corruption et l’appropriation des ressources par quelques-uns, selon lui en feignant de dire aux nigériens qu’il fait partie du lot. On le sait, au Sahel depuis l’avènement de Goita au Mali, le populisme est devenu l’opium du peuple. Tiani a bien joué cette carte dans la quête de l’assentiment de ses concitoyens.
Sur la situation sécuritaire, juste quelques larmes de crocodile pour les familles des victimes et la nation. Pourtant, selon des sources fiables cette semaine c’est plus de 55 soldats qui sont tombés. Mais comme c’est un camouflet, un revers pour la junte, il a fait l’impasse sur cette question comme si les nigériens n’ont plus de cœur pour s’émouvoir face à la perte des fils du pays. Nul n’est étonné de ce silence assourdissant sur le nombre de victimes quand on apprend que les victimes seraient enterrées en brousse sans obsèques dignes de leur noble rang de martyrs.
Le mérite de cet exercice de Tiani est de convaincre les Nigériens que sa stratégie repose sur la rue et il l’a bien ménagée. Il n’a aucune réponse alternative pour sortir le pays de la tourmente et du chaos actuel. Il a avoué maladroitement que si la situation sécuritaire est dégradée c’est parce qu’ils devraient se protéger contre les menaces de la CEDEAO.
En substance, en zarma et haussa, l’on ne retient aucune décision ou annonce du message du chef de la GP. Il a fait essentiellement un raisonnement par l’absurde où il s’est attaqué aux dirigeants du régime qu’il prétend renverser, la France et la CEDEAO. C’est dire que la sortie de la tourmente et du chaos actuel n’est pas pour demain au regard du tâtonnement et la navigation à vue du N°1 de la junte.
A bien le comprendre, dans la tête du Général Tiani le coup d’Etat n’est toujours pas consommé. Il est conscient que la CEDEAO n’a toujours pas dit son dernier mot.
Dans ce dilemme cornélien, la junte a fait le choix d’abandonner les positions de nos militaires face à l’ennemi au profit de leur propre sécurité à l’image du malien Assoumi Goita qui soustraite chèrement sa sécurité avec les mercenaires de Wagner.
De proche en proche, le Niger est passé, en deux mois seulement, de la République respectable et respectée, au statut d’un Etat voyou banni par la Communauté internationale.
La triste réalité, sous Tiani, le mot anarchie est le maitre mot pour décrire l’imbroglio actuel. A l’épreuve des faits, derrière le discours populiste sur la souveraineté et la sauvegarde de la patrie, les observateurs avertis décryptent le putsch de Tiani comme le scénario du pire et du chaos pour notre pays.
Son manque criard de vision et la vacuité de ses réponses à nos confrères de la RTN en disent long sur l’éclipse de la raison à la tête de la junte. Il faut savoir raison garder.
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