Dans son message à la Nation, le 17 décembre 2023, à la veille du 65è anniversaire de la proclamation de la République du Niger, le président du CNSP, le général Abdourahamane Tiani, a fait le serment solennel de ne pas accepter d’interférences dans la mission de la Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale (COLDEFF). Il aurait dû dans le même serment s’engager à ne pas poser d’entraves au traitement judiciaire des dossiers ainsi instruits. Ce, pour être cohérent avec sa dénonciation de la justice sélective contenue dans son message à la Nation.
Il est vrai qu’on n’a pas une idée de la période couverte par les investigations de la COLDEFF. Dans tous les cas, ce ne sont pas les dossiers qui manquent, à l’exemple de celui relatif aux travaux de construction de routes. Il est emblématique parce qu’il mobilise beaucoup de ressources financières évaluées en milliards de francs CFA sur fond souvent de surfacturations.
Prenons l’exemple du tronçon Yaya-Dangona. En réalité, le point de départ de ce tronçon n’est pas la localité de Yaya mais un endroit désert où il n’y a aucune présence humaine, et la route ne traverse pas plus de 2 villages. L’embranchement de cette route commence avant d’atteindre Yaya. Qu’est-ce qui s’est alors passé ? Une route a toujours une vocation économique, en reliant des agglomérations, en désenclavant les zones de productions mais dans le cas de celle-ci, ce qui est mis en avant c’est le symbole qu’elle représentait pour le président Issoufou Mahamadou. C’est, en effet, lui qui a décidé de sa construction et même du tracé, à l’époque où il était président de la République. Il voulait ainsi rendre hommage à son défunt père, adjudant de l’armée pendant la colonisation, qui suivait cette voie lorsqu’il voulait joindre son village Dan Dadji. Qu’est-ce qui pourrait expliquer un tel comportement ? Le plus grave aussi, c’est que cette route longue de 68 km a été facturée à 35 milliards de francs CFA alors qu’elle n’en valait pas plus de 20 milliards. C’est l’entreprise EGBTP qui l’a réalisée. Pour la même distance, la route Tahoua-Nkarkada, en enrobé, réalisée par l’entreprise MBC de notre compatriote Abdallah Mansour a coûté 18 milliards. Précisons au passage que ce dernier n’a obtenu aucun marché de construction de route depuis que Bazoum est au pouvoir. Il a obtenu les marchés d’infrastructures routières à l’époque du président Issoufou. Où est alors le clientélisme dont on tente vainement d’accuser le président Bazoum ?
Au nom de la transparence, la COLDEFF doit auditer toutes les routes dont les marchés ont été donnés de gré à gré sur ressources propres.
La rédaction