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Niamey
12 octobre, 2024
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Billet : Des élèves battus pour avoir été à l’école !

Ces derniers jours, le Comité Directeur de l’Union des Scolaires Nigériens (USN) a eu un agenda chargé : une audience avec le président du CNSP, le général Abdourahamane Tiani, une marche suivie de meeting sur l’ensemble du pays…  Ce qui manquait dans son escarcelle, c’est un protocole d’accord avec le gouvernement sur la plateforme revendicative des scolaires. Ce qui est de loin le plus important pour eux.

Le meeting était un événement officiel. Le gratin de la junte était là, et les militaires ont pris la parole pour mobiliser les scolaires et autres manifestants présents. L’USN entendait exiger le départ des soldats américains du territoire nigérien. Quelle pertinence pour une telle manifestation avec un tel objet, ce d’autant que les autorités américaines ont acté leur départ du Niger ? Des discussions sont déjà engagées pour convenir d’un calendrier de désengagement en bon ordre. Une mission de haut niveau est, du reste, déjà attendue à Niamey, dans le cadre de ces discussions. Pourquoi vouloir défoncer une porte déjà ouverte sauf qu’à vouloir entrer dans les bonnes grâces de la junte que le secrétaire général a encensée, en mettant la livraison des bus de transport d’étudiants, il y a quelques mois, au crédit du CNSP alors qu’il s’agit d’une commande passée par le gouvernement du président Bazoum. Pure propagande sur fond de connivence.

On aurait souhaité une manifestation à caractère corporatiste ou pour appeler à un large front uni contre le terrorisme qui se métastase dans certaines localités de notre pays. C’est cela un des principes fondateurs de l’USN, celui d’être aux côtés du peuple.

Sans aucun doute, l’image restera dans les mémoires : l’USN qui manifeste main dans la main avec la « réaction ». Il y a eu sans doute changement de paradigme. En tout cas, on retient que les principes de l’Organisation sont perçus aujourd’hui comme des simples gadgets. Pourtant, depuis le Conseil Général tenu à Namaro, en 1992, l’USN a acté le principe du lien indissociable entre l’académique et le syndical : la primauté doit être accordée à l’académique parce qu’il faut être élève ou étudiant pour mener des luttes syndicales au sein de l’USN. C’est pourquoi, depuis lors, les grèves ou les suspensions de cours sont fortement encadrées. Or la manifestation anti soldats américains a été organisée, le lundi 29 avril 2024, à un moment où plusieurs établissements scolaires ont programmé des devoirs et où les classes d’examen s’activent à finaliser les programmes, à seulement quelques jours de la fin de l’année scolaire. Fait inacceptable : plusieurs élèves ont été passés à tabac dans les cours de leurs écoles parce qu’ils ont accepté de tenir leurs devoirs.

Questions : Est-ce une obligation pour un élève de participer à une marche anti soldats américains, qu’il n’a pas décidée, et à laquelle il n’a pas été associé ? Tous les élèves sont-ils militants de l’USN ? De quel droit, sur la base du mot d’ordre du CD, des élèves, qu’il est censé protéger, sont battus ? En cas de mort ou de blessures graves, le CD est-il en mesure d’assumer la responsabilité de cet acte ignoble et criminel ?

Le CNSP doit faire arrêter ce genre de comportements liberticides et attentatoires à la dignité humaine. La quête effrénée de soutiens ne doit pas l’amener à fermer complaisamment les yeux sur des actes de violence commis sur des citoyens au nom d’intérêts de groupe. On s’attend à ce que les services compétents identifient les auteurs de ces actes répréhensibles pour les mettre à la disposition de la loi. La refondation de l’Etat dont la junte parle ne doit pas s’accommoder de comportements hors-la-loi que certains développent au nom de l’USN.

La rédaction

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