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10 octobre, 2024
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Classement RSF 2024 : La liberté de la presse sous menaces

Reporters Sans Frontières (RSF) a publié sa 22è édition du classement mondial de la liberté de la presse au titre de l’année 2024. D’entrée de jeu, c’est cet avertissement de RSF qui fait froid au dos : « A l’échelle mondiale, un constat s’impose : la liberté de la presse est menacée par celles-là qui devraient en être les garants : les autorités politiques ».

En d’autres termes, les autorités politiques représentent, cette année, une entrave majeure à l’exercice du métier d’informer. D’où le titre de cette édition 2024 : le journalisme sous pressions politiques.

Le Niger n’est pas en reste. L’état de la liberté de la presse fait problème en raison des pressions politiques, de la morosité de l’environnement économique et de la pauvreté qui est le lot quotidien des journalistes notamment ceux du secteur privé.

Les statistiques sont parlantes : En 2024, le Niger a chuté de 19 places par rapport à l’année précédente. Cette année, il est classé 80è sur 180 pays évalués avec un score de 59,71. Comparons avec l’année 2023 où il occupait la 61è place avec un score de 66,84.

Actuellement, deux journalistes sont en détention. Le premier, Ousmane Toudou, boucle sa 3è semaine dans les locaux de la gendarmerie ; le second, Soumana Idrissa Maiga directeur de publication du quotidien L’Enquêteur, entame sa 2è semaine à la maison d’arrêt de Niamey. La journaliste Tchima Illa Issoufou, correspondante de la BBC en Hausa, s’était mise en lieu sûr suite à un reportage sur la situation sécuritaire dans la région de Tillabéri. Quant à la Maison de la Presse, structure faitière des Organisations socioprofessionnelles du secteur des médias, elle est à son 4è mois de suspension suite à une décision des autorités ministérielles. Un comité composé des responsables de l’Etat remplace le bureau de la Maison de la Presse.

La peur s’est installée au point où l’autocensure a pris des proportions dans les rédactions : les journalistes craignent d’être interpellés et détenus sur la base du code pénal ou de la loi sur la cybercriminalité.

L’indicateur sécuritaire est tout aussi inquiétant car le Niger retombe à la 107è place alors qu’il était à la 36è place en 2023. En un mot, la sécurité des journalistes pose problème.

Il n’y a pas que les pressions politiques et sécuritaires qui entravent l’exercice de la liberté de la presse au Niger. Il faut aussi compter avec l’environnement économique qui est tout aussi préoccupant avec la perte de 31 places. Cela est lié aux contraintes financières auxquelles les médias privés font face. En effet, certaines organisations socioprofessionnelles du secteur des médias ont, elles-mêmes, reconnu qu’avec le coup d’Etat du 26 juillet, les médias privés ont perdu d’énormes ressources financières ; beaucoup de contrats de prestations de services ont été annulés privant ainsi ces médias de leurs moyens de fonctionnement qui permettent de rémunérer leur personnel. Les annonces publicitaires se font rares. Ce qui fait que les travailleurs des médias privés totalisent des arriérés de salaire. Dans des conditions de pauvreté, il n’y a pas de liberté de la presse, avertit la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ).

La rédaction

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