Le Niger commémore ce 03 Mai 2024, à l’instar des pays du monde entier, la journée mondiale de la Liberté de la Presse. Le thème retenu cette année par l’UNESCO vise à mettre en relief l’importance du journalisme et de la liberté d’expression dans le contexte de la crise environnementale mondiale actuelle.
Tous les ans, la Journée mondiale de la Liberté de Presse permet de célébrer les principes fondamentaux de la Liberté de Presse, d’évaluer l’état de la Liberté de Presse à travers le monde, de défendre l’indépendance des médias et rendre hommage aux journalistes qui ont perdu la vie dans l’exercice de la profession. Ce fut également une réponse à l’appel de journalistes africains qui en 1991, adoptaient la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias.
L’édition 2024 de la Journée mondiale de la Liberté de Presse intervient dans un contexte marqué par l’arrivée au pouvoir du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), suite à un coup d’état intervenu le 26 juillet 2023.
Lors de ses premières déclarations, le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a indiqué que, le CNSP honorera tous les engagements régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés par le Niger.
Sur ce chapitre, le BEN RJDH conformément à son mandat, mène un monitoring pour suivre l’évolution de la jouissance des droits de l’homme depuis l’arrivée du CNSP aux commandes de notre pays. S’agissant de la situation de la liberté de la presse et du paysage médiatique nigérien, le RJDH déplore les conditions de vie et de travail des professionnels des médias privés. Cette situation constitue « une atteinte à la dignité des travailleurs de la presse privée » dont certains accumulent plusieurs mois d’arriérés de salaires, selon les organes de presse. Cet état de fait est lié à des facteurs internes et externes qui minent l’environnement médiatique nigérien depuis un certain moment.
Cette célébration du 3 mai 2024 intervient dans un contexte de raidissement de la liberté de la presse. En effet, le BEN RJDH a appris avec indignation l’arrestation et la détention à la prison civile de Niamey de Soumana Maiga, Directeur de Publication du Quotidien Privé l’Enquêteur. Notre confrère est poursuivi sous le chef d’accusation d’« atteinte à la défense nationale » pour un article paru dans son journal.
Cette arrestation intervient après celle du journaliste Ousmane Toudou, interpellé par la Brigade de recherche de la Gendarmerie pour une publication par voie électronique au lendemain du coup d’Etat.
Ces deux arrestations constituent une atteinte à la liberté de la presse. A titre de rappel, pour mieux garantir la liberté de la presse, le Niger a opté pour la dépénalisation des délits commis par voie de presse à travers la loi portant régime de la liberté de la presse. Au sens de cette loi, aucun journaliste ne doit en principe faire l’objet de détention pour les faits commis dans l’exercice de son métier, pour ce qui est de la diffamation et de l’injure. C’est aussi cette loi qui doit s’appliquer au journaliste car sa profession est régie par une loi spéciale, en l’occurrence l’Ordonnance N°2010-035 du 4 juin 2010 portant régime de la liberté de presse.
C’est pourquoi, le BEN RJDH, soucieux et très attaché au respect de la liberté de la presse quel qu’en soit le contexte :
- Exige du CNSP et du gouvernement de Transition, la libération immédiate de nos collègues Soumana Idrissa Maiga et Ousmane Toudou,
- Invite le CNSP et le Gouvernement de transition à donner suite aux engagements pris à l’endroit des promoteurs des organes de presse dans la mise en œuvre de la convention collective, signée le 29 Novembre 2021,
- Demande au CNSP de mettre en place l’Observatoire National de la Communication pour réguler le secteur, mais aussi de rehausser significativement l’enveloppe destinée au fonds d’aide à la presse ; et d’accroitre les subventions accordées aux médias publics,
- Invite le gouvernement de Transition à adopter le décret d’application de la Charte d’accès à l’information publique et aux documents administratifs.
Enfin, le Bureau exécutif national du Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme (RJDH), tient à encourager les professionnels des médias publics, privés dans la conduite de leur noble et exaltante mission. Les incite surtout à une union sacrée pour défendre les acquis, l’observance et le respect des règles d’éthique et de déontologie qui régissent la profession, en vue de préserver la cohésion sociale, la quiétude et l’intérêt général dans cette nouvelle page de l’histoire de notre pays.
Fait à Niamey le 02 mai 2024
Le Président
Abdou Tikiré Ibrahim