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12 octobre, 2024
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Tribune libre :  L’étau se resserre autour d’Issoufou Mahamadou

Par Elh. M. Souleymane

Dans L’art de la guerre, le grand stratège chinois Sun-Tzu a déclaré : “Le bon général a gagné la bataille avant de l’engager’’. Issoufou Mahamadou adore cette recette. Au lancement de sa campagne électorale pour les élections de 2016 au Palais des Congrès, il a déclaré dans une autre variante : “le bon stratège c’est celui qui gagne la guerre avant de la déclarer”. C’est apparemment l’application cynique de la boutade du général Sun-Tzu qui a permis à Issoufou d’être maitre en ‘’tagdar’’ (mot tamasheq), cette façon de dégainer le premier ou de surprendre l’adversaire y compris de façon déloyale. Dans une confusion totale, le monde observe comment le compagnon de plus de 30 ans de Bazoum pourrait-il se tirer d’affaire dans l’imbroglio actuel. Retour sur la posture infâme d’Issoufou Mahamadou.

Plongé comme qui dirait, dans un deal faustien, l’ancien président Issoufou Mahamadou est en passe d’être rattrapé par ses propres contradictions. D’aucuns se demandent aujourd’hui quel serait l’état de son self contrôle. Comment ne pas être hanté par la présence de l’otage Bazoum et son épouse Hadiza à quelques mètres des lieux luxueux où Issoufou Mahamadou alias T3 mène sa vie de pacha ?  Est-il devenu si amnésique au point de considérer que l’histoire n’est qu’une répétition de crimes impunis ?

Une semaine après sa tribune, Hinda Bazoum est l’invitée de RFI le mardi 7 mai 2024. Les communicants de l’ancien président ont tenté de dénigrer ou de reprendre cette fille pour son cri de cœur qui ne vise qu’à faire entendre la cause de ses parents pris en otage. Mais à court d’arguments, les laudateurs d’Issoufou ont plus enfoncé leur tuteur en apportant de l’eau au moulin de la jeune Hinda. Au lieu de démentir les allégations de Hinda Bazoum, les chiens de garde ont plutôt conforté sa thèse en disant sans vergogne aux Nigériens que Bazoum a été victime du putsch parce qu’il ne sait pas gouverner ; il a plutôt trahi Issoufou qui l’aurait placé là où il était à la place du peuple souverain ; et il serait un collaborateur des terroristes ! Au lieu de dénoncer le coup d’Etat ou prouver l’innocence de leur mentor, ils ont tenté de justifier maladroitement les évènements du 26 juillet.

Ces ringards ont plutôt mis en évidence la confusion et l’embarras dans lesquels se trouve Issoufou Mahamadou face au sacrilège du fait de sa traitrise face à celui qui lui a voué une confiance presque religieuse. Qui plus est, n’est-ce pas Bazoum qui l’a défendu face aux adversaires de tout acabit pendant leur période de traversée de désert ? Et à ceux qui parlent du financement exclusif du parti par Issoufou Mahamadou, sans s’attarder sur cet aspect, les uns et les autres au sein du PNDS savent que Bazoum a joué un rôle décisif dans la stratégie de financement du parti. Mais ce détail n’a pas d’importance dans la vie d’une organisation politique comme le PNDS-Tarayya.

La contradiction fondamentale aujourd’hui c’est plutôt l’inconséquence des leaders de ce parti à défendre ses valeurs et principes. Comment voulez-vous que les militants vous prennent au sérieux lorsque vous devenez subitement complaisants et complices d’un régime qui a renversé un président de la République issu de votre parti et qui a compromis le processus démocratique et le développement du pays ? Comment voulez-vous que les militants continuent à vous vénérer lorsqu’ils savent tous vos micmacs pour légitimer la forfaiture ? Comment voulez-vous que les militants vous suivent religieusement dans votre égarement de vieux loups étourdis ?  Comment voulez-vous à votre âge bazarder votre héritage politique par boulimie et méchanceté et espérer respect et considération de la base ?

C’est votre irresponsabilité qui explique la méprise et le peu de considération que beaucoup des militants affichent à votre encontre du fait de votre traitrise et reniement.  C’est ce malaise que Hinda Bazoum, digne fille de son père, a décrit sur RFI avec éloquence et pertinence. Abandonnés, délaissés, dans une déréliction, on a entendu des gens assez civilisés pour dire que les enfants de Bazoum n’ont pas le droit de s’apitoyer sur leur sort.

Le roi est nu…

Avez-vous vraiment analysé la posture de l’ancien président Issoufou Mahamadou depuis le 26 juillet 2023 ? Imagine-t-on  Issoufou insulter la Cedeao si, en 2009, celle-ci avait décidé de prendre les mesures qu’elle a prises après le coup d’Etat du 26 juillet ?  Il en aurait été le plus ardent partisan parce qu’il aurait considéré ça comme allant dans le sens de ses intérêts. Mais en juillet 2023, ses intérêts sont avec le coup d’Etat, il est contre les sanctions de la Cedeao. Issoufou  Mahamadou était en mars 2012 le champion des sanctions extrêmes contre le Mali pour combattre le coup d’Etat du capitaine Sanogo. En août 2020, il était le seul chef d’Etat de la Cedeao, suite au putsch contre IBK, à avoir proposé contre le Mali les sanctions prises contre le Niger le 30 juillet 2023. Comment comprendre son comportement si hostile à la Cedeao alors même que c’est son parti qui est victime d’un coup d’Etat au Niger ? Comme quoi Issoufou Mahamadou est un homme fidèle à ses principes !?

Imagine-t-on Zakari Oumarou parcourir les départements de la région de Tahoua pour demander aux militants du PNDS de venir à Tahoua pour manifester contre la Cedeao et l’Uemoa si c’était Issoufou Mahamadou qui était victime d’un putsch militaire, et retenu en otage , privé de courant électrique à un certain moment ? Peut-on dire aujourd’hui que les camarades du PNDS sont très solidaires entre eux ? Et que dire du comportement d’Issoufou Mahamadou à l’égard de Bazoum, son épouse Hadiza et ses enfants ?

Du déni de la réalité à la revendication de la forfaiture, c’est sans conteste ce qui traduit l’attitude d’Issoufou Mahamadou du 26 juillet 2023 à aujourd’hui. Autant dire que le très fier d’être surnommé ‘’lion’’ est finalement aller à Canossa, disent les militants du PNDS fidèles au président Bazoum. Il a longtemps nié les faits mais comme les criminels ont tendance à revenir sur le lieu du crime, l’ex président Issoufou a franchi le Rubicon en s’affichant avec la junte le jour de la fête de Ramadan. S’il était resté fidèle à ses sources et principes, son boubou d’ancien chef d’Etat ne saurait justifier sa présence à la grande mosquée et au palais présidentiel. Au moment où son camarade qu’il a contribué à faire élire président de la République au prix de mille et un sacrifices est pris en otage par la junte, il est malséant que Issoufou Mahamadou flirte avec les auteurs du coup d’Etat contre Bazoum. N’est-ce pas le même Issoufou Mahamadou qui a tenu tête au général Baré et aux putschistes de la sous-région ?

“Issoufou Mahamadou était intraitable vis-à-vis des putschistes de la sous-région alors qu’avec le putsch du 26 juillet contre Bazoum, il est resté muet comme une carpe”, nous a confié un diplomate très remonté contre la posture actuelle de l’ancien président.

Après tant de gâchis et de perte de dignité et d’honneur, Issoufou Mahamadou s’enfonce dangereusement dans les bas-fonds de l’Histoire. Il n’a pas tort de dire de façon prémonitoire, dans une interview accordée à Jeune Afrique qu’il allait tout perdre. Déjà son héritage politique est mis à mal comme un château de cartes. Il observe impuissant la déconstruction de sa fameuse Renaissance du Niger. Il a beau nié sa posture infâme, les Nigériens ont finalement tout compris. Abraham Lincoln disait :  » On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps. »

C’est bel et bien Hinda Bazoum qui a eu des mots justes pour traduire la félonie et l’infamie d’Issoufou Mahamadou. Vivement que le Dominateur Suprême entende le cri de cœur de la famille Bazoum et des militants de la démocratie !

Elh. M. Souleymane

L’Autre Républicain N°007 du jeudi 9 Mai 2024

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