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12 octobre, 2024
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Crise Niger-Bénin : Les anciens prêtent l’oreille…

Nous annoncions, dans notre précédente édition, l’intention des anciens présidents de la République du Bénin Nicéphore Soglo et Yayi Boni de mener une médiation pour la résolution pacifique de la crise diplomatique entre le Niger et leur pays. Finalement, ils ont joint l’acte à la parole en faisant le déplacement de Niamey, ce lundi 24 juin. Pour mener une action d’une grande portée politique, ils ont dû requérir préalablement le consentement du chef de l’Etat béninois Patrice Talon.

Depuis leur arrivée à Niamey, ils font l’objet de tant de sollicitude, ce qui laisse croire que l’esprit tend vers l’apaisement : accueil officiel à l’aéroport International Diori Hamani par le ministre d’Etat, ministre en charge de l’Intérieur, une des principale figures de la junte accompagné du ministre directeur de cabinet du président  du CNSP ; mise à leur disposition des véhicules officiels et des motards ; audience, dès le lendemain, avec le général Tiani qui aura duré près de 3 heures de temps. Une véritable séance de travail qui aura, sans doute, été l’occasion, pour la partie nigérienne de « vider le sac ». La présence du Premier ministre à cette audience-marathon a peut-être été voulue pour entretenir nos hôtes sur les preuves documentées de l’existence d’une base, dans le nord du Bénin, où des français entraineraient des terroristes en vue d’une attaque contre le Niger. On se rappelle que lors d’un point de presse, Lamine Zeine a déclaré que, sur la base de ces informations, le Niger a décidé de ne pas rouvrir sa frontière avec le Bénin.

Dans leur posture de médiateurs, les présidents Soglo et Boni ne feront qu’écouter, et plaider pour l’apaisement et le retour de la fraternité entre les deux pays. Un argument qui renforce leur plaidoyer, c’est la crise économique et sociale dans les localités frontalières du Bénin et du Niger, et la cherté de la vie au Niger avec un taux d’inflation record, consécutives à la fermeture prolongée de cette frontière.

Nos deux hôtes doivent s’estimer heureux car la sous-secrétaire d’Etat américaine et sa délégation, en mission officielle au Niger, n’ont pas eu l’honneur d’être reçus par Tiani malgré la prolongation de leur séjour à Niamey. Même infortune pour le ministre béninois de l’Energie, pourtant porteur d’un message personnel du président Talon. Il a espéré une audience, sans succès.

Pendant que les anciens présidents béninois étaient à Niamey, le général Tiani préside un conseil des ministres pour acter la mise en place d’un comité pour réactiver la réflexion pour le transport du pétrole nigérien par le Tchad en débouchant sur le terminal d’un des ports du Cameroun. Comme argument, un protocole d’accord bilatéral entre le Niger et le Tchad, datant de 2012, avant que l’option du corridor béninois ne soit privilégiée pour des raisons évidentes de sécurité et de fiabilité, entre autres. Pour évacuer le brut nigérien par le Cameroun, il faut traverser deux pays. Il faut donc payer plus en termes de redevances et autres droits. Ce qui n’est pas le cas avec le Bénin. En plus, l’instabilité politique, qui dure depuis plus de 50 ans au Tchad et qui est loin de revenir à la normale, les incertitudes liées à la période post Biya au Cameroun porteuse de germes conflictogènes et au tracé du pipeline (en évitant la zone d’insécurité au Cameroun), sont des éléments pertinents à prendre en compte dans l’analyse. C’est à en croire que la junte monte les enchères, comme pour dire au gouvernement béninois que le Niger a d’autres opportunités.

Qui va payer la construction de ce nouveau pipeline ? La Chine qui n’a pas encore commencé à rentabiliser son investissement sur le pipeline Niger-Bénin ? Ce qui est sûr, c’est que les investisseurs, qu’ils soient européens, américains, russes, chinois, turcs ou africains sont frileux quand l’environnement politique leur parait instable, vulnérable et précaire.

Le nouveau pipeline Niger-Tchad-Cameroun concernera-t-il le permis octroyé à la SONIDEP dont le lancement du processus amont a été fait, la semaine dernière, par le Premier ministre ? Quelles sont les dispositions sécuritaires qui sont prises par le gouvernement dans une zone où des mouvements de rébellion nigériens (FPJ, FPL en coalition avec le CRR) font de plus en plus la loi ?

La rédaction

L’Autre Républicain du jeudi 27 juin 2024

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