« Il faut donner les mêmes chances aux femmes et aux hommes en fonction de leurs compétences », déclare BOUBACAR ZAKOU Zeinabou
L ’Autre Républicain : Présentez-vous à nos lecteurs et internautes.
BOUBACAR ZAKOU Zeinabou : Je suis BOUBACAR ZAKOU ZEINABOU, jeune Nigérienne activiste, féministe engagée et déterminée dans la protection et la promotion des droits des jeunes, des femmes, des filles et des enfants avec un engagement de près de 10 ans, des expériences dans la plupart des localités du Niger dans ce domaine. Je suis une ancienne fellow du programme Impact WEST AFRICA qui vise à faire des jeunes des acteurs de changement en les appuyant à identifier, plaider pour le changement dans leur secteur d’activité. Ainsi, je plaide pour que les autorités du Niger revitalisent les centres de jeunesse et construisent un centre de désintoxication afin de lutter contre l’usage de drogues à Agadez.
L’Autre Républicain : Vous êtes militante engagée pour les droits de la femme, comment expliquer votre engagement dans le contexte nigérien ?
BOUBACAR ZAKOU Zeinabou : Les femmes représentent plus de la moitié de la population nigérienne ; dans notre contexte actuel, où les femmes commencent à prendre conscience du pouvoir dont elles disposent, mon engagement est effectif et je continuerais à apporter un changement toujours à travers les actions de plaidoyer, de formation, d’insertion et d’orientation.
L’Autre Républicain : Selon vous, que faire pour une véritable émancipation de la femme au Niger ?
BOUBACAR ZAKOU Zeinabou : Pour une véritable émancipation des femmes au Niger, il faut d’abord arrêter l’assistanat avec les femmes, et leur donner l’opportunité de montrer de quoi elles sont capables, il faut aussi veiller sur l’égalité et c’est là où beaucoup ne comprennent pas que les femmes ne veulent pas une égalité entre les sexes conformément à notre religion derrière laquelle beaucoup se cachent pour justifier leurs décisions, plutôt une égalité de chances. Autrement dit, il faut donner les mêmes chances aux femmes et aux hommes en fonction de leurs compétences, et les formations contribueront à une meilleure émancipation.
L’Autre Républicain : D’aucuns disent qu’il n’y a pas d’émancipation de la femme sans indépendance économique. Quelle est votre approche pour lutter contre la pauvreté de la femme au Niger ?
BOUBACAR ZAKOU Zeinabou : L’autonomisation économique rend les femmes autonomes et indépendantes mais elle seule ne suffira pas pour que les femmes soient émancipées. Ce qui m’amène à dire que pour une émancipation véritable, il faut non seulement former les femmes en leadership mais aussi les former pour qu’elles soient indépendantes. En d’autres termes, l’autonomisation économique fait partie des éléments clés et/ou activités qui permettent aux femmes d’être émancipées véritablement, car ça permet aux femmes de subvenir à leurs propres besoins et aux besoins de leurs familles, aussi. Lorsqu’elles sont autonomes et indépendantes elles ne vont pas accepter de subir les violences faites à leur égard.
L’Autre Républicain : L’école constitue une arme pour la libération du jeune garçon comme de la jeune fille. Que faites-vous comme plaidoyer pour l’accès et le maintien de la fille à l’école ?
BOUBACAR ZAKOU Zeinabou : L’ éducation est le pilier fondamental sur lequel s’appuie le développement de toute une nation, l’éducation est un droit fondamental pour la fille et pour le garçon, nous avons constaté au primaire il y a plus de filles que de garçons, dans les collèges plus de filles que de garçons. Par contre, dans les lycées, il y a plus de garçons que de filles ainsi qu’à l’université plus de garçons que de filles. Les raisons qui expliquent ce changement sont des abandons liés à la pauvreté, beaucoup pensent que les filles doivent plutôt se marier que d’être à l’école, et aussi par manque d’infrastructures adéquates. Mon plaidoyer, c’est d’amener les autorités notamment le Ministère de l’Education à insérer par exemple les serviettes hygiéniques dans les fournitures scolaires et aussi construire des latrines séparées pour les filles et les garçons.
L’Autre Républicain : La femme rurale vit un vrai calvaire, selon vous comment améliorer la condition féminie en milieu rural ?
BOUBACAR ZAKOU Zeinabou : La femme rurale, je préfère dire est oubliée mieux que le terme que vous avez utilisé ; pour améliorer ses conditions il faut impliquer, les femmes en milieu rural, il faut les former tout en les rendant autonomes et indépendantes à travers les activités génératrices de revenus (AGR).
L’Autre Républicain : Comment booster la condition de la femme sans la participation de la gent féminine dans la gestion des affaires publiques au sommet ?
BOUBACAR ZAKOU Zeinabou : En faisant des plaidoyers pour leur implication, pour libérer le potentiel de compétences et d’ingéniosité dont elles disposent mais aussi pour affirmer leur leadership, avec les nouvelles autorités nous avons constaté qu’il commence à y avoir plus de femmes qui occupent des postes de responsabilités et nous continuerons les plaidoyers pour qu’il y’ ait plus de femmes dans les instances décisionnelles, il faut aussi renforcer leur leadership tout en montrant le rôle que les femmes peuvent jouer dans la construction du pays.
L’Autre Républicain : Quel est votre dernier mot ?
BOUBACAR ZAKOU Zeinabou : le programme de IMPACT WEST AFRICA m’a permis d’acquérir des expériences en matière de plaidoyer et je plaide pour que les autres jeunes nigériens et voire même de l’Afrique puissent continuer à bénéficier de ce programme qui est très intéressant et innovant. En effet, lors de ce programme pendant les neuf mois, j’ai élaboré un plan de plaidoyer avec un mentor mis à ma disposition dont l’objectif était d’amener les autorités du Niger à redynamiser les centres des jeunes et aussi construire un centre de désintoxication pour les 75 jeunes de la région d’Agadez qui sont plongés dans le piège de la délinquance, un plaidoyer qui me tient à cœur.
Je demande tout simplement à mes sœurs, postulez à des programmes comme IMPACT WEST AFRICA (https://www.aspenglobalinnovators.org/programs/impact-west-africa/) pour voir la meilleure version de vous-mêmes.
Recueilli par Elh. M. Souleymane
L’Autre Républicain du jeudi 27 juin 2024