L’Aïd El Kebir, également connue sous le nom de Tabaski au Niger ou grande fête à l’opposé de l’Aïd El Fitr ou petite fête, est une fête d’une grande importance dans l’islam, marquant la fin du pèlerinage à la Mecque et commémorant la tradition d’Abraham d’offrir son fils en sacrifice. Au Niger, cette célébration revêt une signification particulière, s’inscrivant dans un contexte culturel et religieux riche et diversifié.
L’Aïd El Kebir trouve ses origines dans l’islamisation de l’espace nigérien, remontant à l’époque des anciens royaumes tels que le royaume peul de Sokoto, l’empire du Kanem-Bornou, ou encore le royaume Haoussa. Cette fête revêt une signification profonde à la fois culturelle et religieuse dans la société nigérienne, symbolisant la foi, le sacrifice et la communion avec Dieu.
Les préparatifs avant l’Aïd El Kebir sont intenses tant au niveau familial que communautaire. Les familles nigériennes s’activent pour l’achat du bétail, notamment des béliers qui seront sacrifiés lors de la fête, dans les différents marchés du pays. Ce moment est très important et constitue le début des festivités pour les fidèles musulmans qui préparent avec soin cet événement sacré.
Le jour de l’Aïd El Kebir débute par la prière matinale rassemblant tous les fidèles musulmans dans les espaces dédiés, en présence des autorités politiques coutumières et religieuses. À Niamey, la capitale, le chef de l’État, les ministres et les ambassadeurs des pays musulmans se sont rendus à la grande mosquée Khadafi pour cette prière symbolique. Le sacrifice rituel du mouton est un moment fort de la journée, se déroulant dans les villes, villages et quartiers à travers le pays.
Après l’étape du sacrifice, c’est au tour des jeunes et des moins jeunes de la famille ou du ménage qui s’activent pour dépecer les carcasses des béliers sacrifiés pour la grillade autour d’un grand feu du bois ou du charbon du bois. Ce moment est très solennel pour les membres de la famille ou du ménage autour du thé vert de chine ou des cannettes de jus et cela, en racontant des souvenirs ou des histoires drôles en lien avec la fête et autres sujets d’intérêts communs sont discutés jusqu’à la fin de la grillade.
La viande est ensuite partagée le lendemain entre la famille, les amis et les nécessiteux, soulignant ainsi les valeurs de générosité et de partage prônées par l’islam. Les visites et les échanges de vœux rythment cette journée de célébration, renforçant les liens sociaux et familiaux. A Niamey les enfants prennent d’assaut le musée national et les centres de loisir pour enfants après la traditionnelle bonne fête chez les tontons et tanties. A noter qu’à l’Intérieur du pays dans certaines régions la viande est partagée sans être grillée. Aussi les festivités peuvent prendre de trois jours à une semaine, c’est ainsi que tous les soir à la place du village, des chants et danses sont régulièrement esquissées jusqu’à la fin de la période par les jeunes du village ou des environs.
La célébration de l’Aïd El Kebir au Niger contribue au renforcement des liens familiaux et communautaires, favorisant la cohésion sociale et la solidarité. La générosité envers les moins fortunés est une valeur centrale de cette fête, incitant à la bienveillance et à l’entraide. Sur le plan économique, l’Aïd El Kebir revêt une importance capitale pour les éleveurs et les commerçants, dynamisant les échanges commerciaux et participant au développement local.
L’Aïd El Kebir au Niger demeure une célébration ancrée dans l’histoire et les traditions du pays, véhiculant des valeurs essentielles de partage, de solidarité et de générosité. Cette fête constitue un moment privilégié de rassemblement et de communion pour la communauté musulmane nigérienne, illustrant la richesse et la diversité du patrimoine culturel et religieux du pays.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 20 juin 2024