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12 octobre, 2024
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Gestion des inondations : Le Niger peut-il se passer des partenaires ?

Les récentes inondations qui ont frappé le Niger ont laissé des traces indélébiles sur le paysage socio-économique et humanitaire du pays. Selon un communiqué du Conseil des ministres daté du 22 août 2024, ces catastrophes naturelles ont causé la perte tragique de 217 vies humaines, tandis que plus de 353 000 personnes ont été déclarées sinistrées, plus de 39 000 habitations effondrées, des milliers d’aires de culture submergées, compromettant ainsi la production agricole pour l’année, et un nombre considérable de bétail décimé. Les infrastructures routières, essentielles à la mobilité, ont également subi des destructions massives.

Face à cette situation dramatique, le gouvernement a débloqué une enveloppe de 2 milliards de francs CFA et envisagé un collectif budgétaire pour dégager 10 milliards en vue de faire face à l’urgence. Cependant, cette somme, bien que significative, ne semble pas être suffisante pour faire face à l’ampleur des dégâts. Un comité, dirigé par le Premier ministre et composé de ministères sectoriels, a été mis en place pour gérer cette crise. Néanmoins, il est légitime de s’interroger sur la capacité du gouvernement à gérer seul une catastrophe d’une telle envergure.

Il est important de se rappeler que cette somme doit couvrir une vaste gamme de besoins, incluant l’hébergement des sinistrés, la restauration des infrastructures, l’approvisionnement alimentaire et la réhabilitation des terres agricoles. Avant même une évaluation exhaustive des besoins réels des sinistrés, il est probable qu’une grande partie de ce montant soit engloutie dans des dépenses préliminaires. Ce manque de clarté sur l’orientation des fonds soulève des inquiétudes quant à la transparence et l’efficacité de la gestion de cette crise.

On se rend aussi compte que le gouvernement n’a pas lancé un appel pour solliciter l’appui des pays, organisations internationales et ONG. À ce jour, le gouvernement de transition du Niger semble opter pour une gestion autonome de la crise. Cela soulève des questions : le Niger se considère-t-il en mesure de gérer la situation sans l’assistance de partenaires extérieurs ? Ou bien, les responsables préfèrent-ils éviter une intervention internationale, craignant des implications politiques ou économiques, au nom de la souveraineté nationale ?

Il est essentiel de reconnaître que les catastrophes naturelles, telles que celles que le Niger traverse actuellement, dépassent souvent les capacités d’intervention d’un seul pays. Les partenaires internationaux, qu’ils soient des États, des ONG ou des organisations multilatérales, possèdent une expertise et des ressources qui peuvent considérablement améliorer la réponse à une crise. En s’appuyant uniquement sur ses propres ressources, le Niger pourrait non seulement retarder les secours nécessaires, mais aussi risquer de voir des milliers de sinistrés ne pas recevoir l’aide qu’ils méritent.

La question de la transparence dans la gestion des fonds alloués à l’aide humanitaire est cruciale. Dans un contexte où les règles de passation des marchés au Niger manquent de clarté, il est légitime de craindre que certains sinistrés ne soient jamais secourus. La gestion opaque des ressources pourrait entraîner des détournements et des abus, laissant les populations vulnérables en souffrance. Il est impératif que le gouvernement revoie ses mécanismes de gestion des fonds et qu’il établisse des partenariats avec des organisations réputées pour garantir une utilisation efficace et transparente des ressources.

La gestion des inondations au Niger est un défi colossal qui nécessite une réponse à la fois rapide et efficace. Le gouvernement a pris des mesures en débloquant des fonds, mais cela ne pourra suffire sans l’implication des partenaires nationaux et internationaux. Une collaboration étroite entre le gouvernement et les acteurs internationaux est essentielle pour assurer un soutien adéquat aux populations sinistrées. Il est temps que tous les acteurs concernés se mobilisent pour faire face à cette crise humanitaire, car chaque jour qui passe est un jour de souffrance supplémentaire pour ceux qui ont perdu tant dans ces inondations dévastatrices.

Mahamadou Tahirou

L’Autre Républicain du jeudi 29 août 2024

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