Le Niger et le Nigeria, deux pays voisins et frères, ont décidé de donner un souffle nouveau à leur coopération militaire bilatérale. Après une brouille politico-diplomatique d’une année qui a influé sur la coopération bilatérale militaire, l’heure est à la décrispation. Le Chef d’Etat-major des armées du Nigeria était à Niamey. Son homologue nigérien lui rendra bientôt visite à Abuja.
Un an après la crise politico-diplomatique entre le Nigeria, qui assure la présidence en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et la junte nigérienne, consécutive au renversement de l’ordre constitutionnel au Niger, l’heure est au dégel des relations dans le domaine militaire. Le chef d’Etat-major des armées du Nigeria, le général Christopher Musa, a fait le premier pas, mercredi 28 août dernier, en venant à Niamey pour rencontrer son homologue, le général Moussa Salaou Barmou.
Il y a un an, il était question pour la CEDEAO d’intervenir militairement au Niger pour mettre fin au coup d’Etat qui a renversé le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum, et les effets induits par cette opération de démolition des institutions républicaines. Cette situation a créé des rapports tensionnels entre les autorités du Nigeria et la junte nigérienne. Pire, la junte a accusé le Nigeria, un pays frère avec lequel le Niger entretient des relations historiques, d’abriter des éléments déstabilisateurs français en vue d’attaquer notre pays. C’est le même sentiment de psychose dans les relations de la junte avec le Bénin voisin.
La visite du général Christopher Musa vise à tourner la page, et à recréer la confiance indispensable à la lutte contre les défis communs aux deux pays, en particulier les défis sécuritaires. En effet, les deux pays partagent une longue frontière commune de 1.500 kilomètres qui couvrent 5 régions au Niger à savoir Diffa Zinder, Maradi, Tahoua et Dosso.
Les deux pays souffrent de l’action des groupes terroristes Boko Haram et l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (ISWA), dans le lit du lac Tchad, et des bandes armées spécialisées dans le kidnapping des personnes contre rançons et le vol de bétail, pour alimenter l’économie criminelle. Les groupes terroristes et criminels sont toujours très actifs et continuent à semer la mort et la désolation au sein des populations civiles. C’est pourquoi, les deux chefs d’Etats-majors ont convenu de renforcer la coopération bilatérale militaire et la rendre plus opérationnelle. C’est ainsi qu’ils ont convenu de mener des opérations militaires conjointes, d’échanger régulièrement des renseignements et d’assurer une coordination tactique pour lutter ensemble contre le kidnapping, la circulation d’armes légères et de petit calibre, et renforcer de façon accrue la surveillance des frontières. Un partenariat stratégique sera développé pour assurer la stabilité et la sécurité régionales, sur fond de dialogue et de collaboration soutenue.
Autre résultat concret : le Niger réintègre la Force Multinationale Mixte (FMM), qui opère dans le lit du lac Tchad. La FMM, rappelons-le, est composée des armées du Cameroun, du Niger du Nigeria et du Tchad. Sans doute que le retrait du Niger de la FMM a eu des conséquences graves sur la sécurité de notre pays. C’est peut-être ce qui explique l’aggravation de la situation sécuritaire dans la région de Diffa, avec des attaques sur des axes routiers comme celui qui relie Maïné Soroa à la ville de Diffa. Ce qui n’a jamais été enregistré, dans le passé.
Les échanges vont se poursuivre entre les deux Etats-majors dans le cadre d’un comité bilatéral de dialogue dont le mandat est de renforcer la coopération en mettant sur la table les problèmes et défis communs aux deux pays.
Contrairement à ce que pensent les autorités de la junte, le Nigeria n’est pas dans la logique de servir de base pour déstabiliser ses voisins dont le Niger, a réaffirmé le général Christopher Musa. Le Niger et le Nigeria sont liés par l’Histoire, la géographie, et partagent les mêmes populations le long de la frontière commune.
Espérons que cette mise au point mettra un terme définitif aux commentaires complotistes et désobligeants sur la présence des soldats français au Nigeria dans le but d’attaquer le Niger.
La rédaction
L’Autre Républicain du jeudi 5 septembre 2024