Depuis le 26 juillet 2023, le président BAZOUM, son épouse et plusieurs autres amis de la démocratie restent détenus par la junte au pouvoir. Comme un effet domino, après le Mali en 2020 et le Burkina en 2022, notre pays a cédé, ou devrais-je dire a « rechuté » après un exploit démocratique inédit opéré en 2021 avec le passage de témoin entre deux présidents, tous deux démocratiquement élus, une première dans l’histoire politique de notre pays.
Le Niger, avec pourtant une situation sociale stable et des perspectives économiques très favorables, voit sa marche interrompue. À l’image de ses deux voisins, il tombe dans le déclin de son régime démocratique et de ses institutions.
Après quinze mois, le président BAZOUM semble être oublié, abandonné par tous, sauf par ses quelques soutiens eux-mêmes en exil, et quelques courageux avocats et intellectuels étrangers. L’Union africaine, malgré l’adoption de sa Charte sur la démocratie, les élections et la gouvernance en 2007, qui vise entre autres à « promouvoir et renforcer l’adhésion au principe de l’État de droit fondé sur le respect et la suprématie de la Constitution et de l’ordre constitutionnel dans l’organisation politique des États parties » et à « interdire, rejeter et condamner tout changement anticonstitutionnel de gouvernement dans tout État membre comme étant une menace grave à la stabilité, à la paix, à la sécurité et au développement », reste muette !
Au niveau sous-régional, la CEDEAO, malgré son Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance de 2001, qui stipule à l’article 1.c que « tout changement anticonstitutionnel est interdit, de même que tout mode non démocratique d’accession ou de maintien au pouvoir », reste impuissante face à la longévité des régimes militaires dans son espace.
Au-delà de ce constat marqué par le silence et l’impuissance des organisations internationales et régionales face à l’épidémie des ruptures de l’ordre constitutionnel, parlons de la complicité tacite et, au-delà, officielle de ceux qui ont le plus bénéficié de la démocratie et de ses fruits : les partis politiques, les organisations de la société civile, les syndicats, etc.
Au Niger, le silence des hommes politiques est inquiétant et légendaire. Ont-ils peur ? Que diront-ils demain au Niger et à son peuple ? Sont-ils opportunistes au point de compromettre la seule chose qui constitue et justifie leur existence (la démocratie) ? Les organisations de la société civile, qui sont des sous-produits de la démocratie et dont la mission première reste la défense des valeurs fondamentales de la démocratie, telles que la liberté d’expression, l’égalité de tous devant la loi et l’accès équitable aux services sociaux de base, participent aujourd’hui malheureusement à l’installation d’une dictature et au torpillage de toutes ces valeurs…
Quant aux syndicats, à cause des avantages reçus, ils ont accepté sciemment de reléguer au second rang les revendications corporatistes de leurs militants pour accompagner la propagande en cours au Sahel.
Avec ce cocktail, quelle sera la perspective pour nos États ? Quel avenir préparons-nous pour nous-mêmes et pour les générations futures ?
Non ! Les militaires doivent quitter le pouvoir. Il est temps pour eux de reconnaître leur échec ! Qu’attendent-ils d’ailleurs pour refuser de quitter le pouvoir ?
La situation sécuritaire et économique, qu’ils ont invoquée pour justifier leur intrusion au pouvoir, se dégrade de jour en jour. Le nombre de morts, de blessés et de déplacés s’est multiplié, le taux de croissance prévu à deux chiffres (12 %) au Niger en 2024 chute à 9 %.
De quel bilan se prévalent-ils alors pour continuer à s’éterniser au pouvoir ? Des concepts creux et déplacés peuvent-ils remplacer la paupérisation continue du peuple ?
Non ! Il est temps pour les militaires de quitter et de retourner dans leurs casernes.
Libérez le président BAZOUM et son épouse ! Libérez les détenus politiques ! Libérez le journaliste Ousmane Toudou ! Libérez Albade Omar !