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16 janvier, 2025
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Billet : Dissolution et recomposition des gouvernements !

« Au grenier les vieux balais », dit le proverbe turc. En d’autres termes, cela veut dire que dès qu’une personne ne sert plus les objectifs du moment, elle est poussée vers le bord de la route. C’est aussi le sort de Premier ministre dans n’importe quel système politique. On pourra l’appeler fusible parce qu’il saute dès qu’il est hors d’usage. Pour faire partir un Premier ministre, l’autorité de nomination n’a besoin ni de son avis ni de quelque justification que ce soit. Elle le fait partir quand le moment lui semble opportun. Un prétexte quel qu’il soit peut motiver la décision de renvoyer le Premier ministre. C’est ce qui est arrivé à Choguel Maiga au Mali, et récemment à Apollinaire Joachim Kyélem de Tambela au Burkina Faso. Si Choguel a été démis pour ses propos critiques de la gestion de la transition et la misère qui lui est faite en ne le mettant pas dans certaines confidences concernant l’Etat, on n’en sait pas grand-chose de la raison pour laquelle Apollinaire a été poussé vers la porte de sortie. Même si ce n’est pas officiel, une certaine opinion voudrait croire que ses propos sur l’obscurantisme véhiculé par les féticheurs et les traditionnalistes pourraient avoir été la cause de son limogeage. Ces propos ont suscité une volée de bois vert des traditionnalistes obligeant le Premier ministre à se fendre d’excuses publiques depuis Moscou où il était en mission.

Le Premier ministre déchu a emporté dans sa chute trois ministres dont un vient d’être recyclé en qualité de président de la commission nationale de la Confédération des Etats du Sahel au titre du Burkina Faso.

Dans les deux cas, les Premiers ministres ont payé le prix fort en perdant leurs portefeuilles après de bons et loyaux services rendus aux deux juntes. Ils ont été tous victimes de leurs verbes. Tous les deux ont été remplacés par les porte-paroles qui ont sans doute donné de bons gages en portant sans faille la parole des chefs.

Choguel et Apollinaire pourraient estimer avoir été lâchés en plein vol. C’est comme ça que le système fonctionne. Pour le cas de Choguel, il a sans doute surestimé sa posture en pensant disposer d’une légitimité bien égale à celle des militaires pour avoir été l’un des chefs de file de la contestation qui a affaibli le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta.

Il n’a pas compris que des décisions stratégiques concernant l’Etat pourraient se prendre sans lui, et sans en être informé même par la suite. Le sort fait à Choguel et Apollinaire peut arriver à n’importe quel autre Premier ministre ou n’importe quel ministre des juntes militaires lorsqu’elles estiment que la mission qui lui sont confiées est arrivée à son terme.

C’est ainsi qu’on peut caractériser la fonction de collaborateurs civils des juntes militaires qui exercent le pouvoir d’Etat. Les civils n’ont aucune légitimité à faire prévaloir parce que le coup d’Etat, moyen par lequel les militaires ont conquis le pouvoir, est essentiellement l’affaire de ces derniers. Les civils qui sont appelés à des responsabilités au sommet de l’Etat en tant que Premiers ministres ou ministres ne sont en réalité que des commis nommés pour travailler au service des seuls détenteurs du pouvoir, à savoir les militaires.

Dans une de nos précédentes éditions, nous rappelions, à juste titre, les propos d’un expert en sécurité qui déclarait : « dans un régime militaire, les civils intégrés au gouvernement ne sont que des instruments, ni plus ni moins. À la limite, ils peuvent être perçus comme des opportunistes fonctionnels ». Les civils se doivent de se conformer aux décisions et orientations des détenteurs du pouvoir s’ils veulent conserver leur strapontin. Ils ne sont que des faire-valoir. Aucune décision ne leur appartient.

La rédaction

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