L’Organisation des Nations-Unies (ONU) a exprimé, le 10 février dernier, à Genève sa ferme position contre la détention arbitraire de Mohamed Bazoum, président démocratiquement élu du Niger, et de son épouse Hadiza. En effet, dans un communiqué de presse, le collectif des avocats en charge de la défense du président Bazoum et de son épouse, a rapporté que le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a clairement indiqué que leur emprisonnement depuis le coup d’État militaire du 26 juillet 2023 constitue une violation flagrante du droit international. Le Groupe de travail a exigé leur libération immédiate, qualifiant cette détention de « dénuée de toute base légale ».
Depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023, Mohamed Bazoum et son épouse sont détenus sans inculpation ni procès, dans une aile isolée de la résidence présidentielle. Leur seule interaction avec l’extérieur se limite à un médecin qui leur apporte des soins et des vivres. Depuis la confiscation de son téléphone en octobre 2023, le couple est privé de contact avec leurs proches et leurs avocats, exacerbant ainsi leur isolement.
Reed Brody, membre du collectif d’avocats du président Bazoum, a dénoncé la situation en ces termes : « Après plus de 18 mois de séquestration, les putschistes n’ont plus d’autre choix que de libérer ce courageux défenseur de la démocratie ». Il a souligné l’illégalité de cette détention, rejetant les justifications présentées par les autorités militaires du Niger. En outre, le collectif a rappelé que la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait déjà exigé la libération de Bazoum, en décembre 2023, en réponse à une requête déposée par ses avocats.
Les conditions de détention sont d’autant plus préoccupantes que le président Bazoum et son épouse risquent de faire face à des accusations de « trahison » et de « complot contre la sécurité de l’État ». Le 14 juin 2024, la junte a levé son immunité après une procédure entachée de nombreuses irrégularités. Cependant, aucune charge formelle n’a été portée contre lui, et il est possible qu’il soit jugé par un tribunal militaire, ce qui pourrait conduire à une peine capitale.
Le collectif d’avocats, composé de personnalités des barreaux de plusieurs pays, dénonce également le traitement réservé à d’autres détenus politiques, et insiste sur le fait que la situation actuelle porte gravement atteinte à la réputation du Niger, autrefois perçu comme un modèle de démocratie et de respect des droits humains en Afrique.
Cette détention prolongée du président Bazoum, associée à la répression des voix opposées, est un affront à l’ordre démocratique et international, confient ses avocats. C’est pourquoi, ils poursuivent leur appel à une libération sans condition du président Bazoum et de son épouse, soulignant qu’il est impératif que les autorités militaires respectent les principes fondamentaux du droit international et mettent fin à cette situation inacceptable.
Mahamadou Tahirou