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20 février, 2025
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Situation politique après le 26 juillet 2023 : Les raisons du laxisme du PNDS-Tarayya

Dès le 26 juillet dans l’après-midi, la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN), la coalition des partis au pouvoir, s’est réunie pour dénoncer la prise en otage du président de la République Mohamed Bazoum et demander sa libération et sa réinstallation dans ses fonctions. Conjointement une manifestation spontanée, dans l’après-midi même du 26 juillet, en direction de la Présidence, a été tenue au cours de laquelle plusieurs manifestants ont été blessés par balles. Le lendemain, une déclaration de l’Organisation des Femmes Tarayya (OFT) a été rendue publique au siège du PNDS Tarayya. Pendant cette déclaration, le siège du parti a été attaqué et brûlé, beaucoup de militants ont été blessés et plus de 45 véhicules ont été vandalisés et brûlés, selon un communiqué de presse du PNDS. Les observateurs avertis se demandent qu’est-ce qui justifie la posture laxiste du PNDS après le 26 juillet au lieu de mobiliser et coordonner un mouvement de lutte comme chaque fois que notre processus démocratique était en péril ? A la différence de certains leaders du PNDS, pourquoi les autres leaders des partis politiques victimes de coup d’Etat n’ont pas daigné collaborer avec les juntes militaires ?

La mouvance présidentielle, le PNDS-Tarayya et ses organisations de masse étaient en ordre de bataille pour s’opposer énergiquement au coup d’Etat du 26 juillet. La preuve ? La déclaration de la MRN, les premiers communiqués du PNDS signés par Foumakoye Gado, la réaction spontanée des militants et la mobilisation des femmes au siège du parti. Mais très tôt le petit jeu d’Issoufou Mahamadou visant plutôt à accompagner voire à coacher les putschistes a eu raison de cette ardeur initiale des alliés et militants de la démocratie. Conscient de la nouvelle donne, contre toute attente, le président de l’Assemblée nationale Seini Oumarou a annoncé sa démission pour, comme qui dirait, ne pas se mêler d’une bataille qui dépasse l’entendement.

Sinon comment expliquer la prise de position des leaders de la MRN dans sa déclaration dans la journée où le putsch se perpétrait. « Ce jour vendredi 26 juillet 2023, nous assistons, avec une profonde consternation, à une tentative de déstabilisation des institutions et de l’ordre constitutionnel, orchestrée par certains éléments de la Garde Présidentielle, mus par des intérêts individuels et égoïstes », a déclaré la MRN. Et d’ajouter : « Lançons un appel aux forces démocratiques et au peuple nigérien dans son ensemble, à se mobiliser massivement, dès cet instant, sur l’ensemble du territoire, en occupant toutes les rues et tous les espaces publics… ». C’est dire que la MRN et le PNDS-Tarayya étaient dans la posture de la résistance contre le renversement de l’ordre constitutionnel. Mais les forces politiques et démocratiques n’ont pas eu le soutien qu’il fallait pour une lutte conséquente pour la restauration de l’ordre républicain. Bien au contraire, ces forces démocratiques ont été réprimées.

Les réactions de résistance au coup de Jarnac du 26 juillet 2023 ont occasionné de nombreuses arrestations des responsables du PNDS et des militants de base sur l’ensemble du territoire. Pour mieux intimider les résistants, rien n’a été fait pour empêcher des loubards sévir de façon sélective sur les militants du PNDS-Tarayya juste pour convaincre les uns et les autres que le putsch est orchestré contre leur parti. Les actes criminels au siège du parti procèdent de la même logique.

Très malheureusement, à un certain moment, c’étaient les dirigeants du parti en liberté qui ont fait définitivement basculer le PNDS dans la résignation et le laxisme. « Le Présidium a entrepris des démarches en direction des Partis politiques de la majorité pour une coordination des actions, mais les résultats sont très mitigés avec la suspension des activités des Partis politiques et la répression multiforme qui s’est mise en place », selon un communiqué du PNDS.

Conséquemment, les dissentions au sein du PNDS-Tarayya ont fini par apparaitre au grand jour entre deux ailes qui s’opposent sur l’intervention militaire envisagée par la Cédéao mais aussi la position à tenir sur la transition. « Une unité qui s’est finalement avérée de façade comme en témoignent les événements qui secouent actuellement le parti, moins de deux mois après avoir perdu le pouvoir qu’il a assumé pendant près de treize ans », peut-on lire sur rfi.fr.

Ces dissensions sont apparues au grand jour avec deux déclarations successives et contradictoires, rendues publiques respectivement par le Secrétaire général du parti, Kalla Ankourao, et par la suite le vice-président Hassoumi Massoudou.

La suite est connue, deux clans antagoniques ont vu le jour : le clan Issoufou et le clan Bazoum. Les partisans d’Issoufou ont tenté vainement de mobiliser les militants du PNDS-Tarayya pour accompagner la junte. L’on se souvient des tournées scandaleuses de certains lieutenants du seigneur de Kombo à qui les militants de base ont exigé d’abord la libération du président Bazoum et la restauration de l’ordre constitutionnel. Comme quoi, les militants étaient prêts à défier la junte mais ils ont manqué de leader pour lancer le mot d’ordre et coordonner la lutte. Ce rôle était attendu de l’ancien président Issoufou Mahamadou comme il a su le faire par le passé. Aujourd’hui encore, l’on entend ici et là des militants qui expriment ouvertement leur désenchantement au regard de l’attitude complaisante et anachronique d’Issoufou dans le tourbillon actuel où se trouve le pays. Les militants disent également que si c’était Issoufou qui est victime d’un coup d’Etat, Bazoum ferait peut-être son combat ultime pour le triomphe de notre processus démocratique. Mais avec le recul, les militants ont fini par se forger une opinion à ce sujet. Ils ont réalisé que les intérêts de Issoufou se trouvent plutôt avec les putschistes. La preuve : ceux qui ont rêvé le voir trainer dans la boue ont vite déchanté. De proche en proche, la lanterne de l’opinion publique s’éclaire davantage sur le jeu politique sous le général Tiani.

Que dire de la posture de Issoufou après la tentative du coup d’Etat du 31 mars 2021 ? En effet, le 1er avril 2021, dans son message à la Nation, alors Chef de l’Etat, Issoufou Mahamadou a déclaré : « En effet, en dix ans, nous avons dû faire face à quatre tentatives de coup d’Etat dont la dernière, en date, est intervenue dans la nuit du 30 au 31 mars 2021, il y a à peine 48 heures. C’est, à n’en point douter, une tentative désespérée de reprendre, par les armes, le pouvoir des mains de ceux qui l’ont conquis dans les urnes. C’est le lieu de féliciter la garde présidentielle dont l’engagement, le loyalisme et le professionnalisme ont permis de mettre en échec ce projet funeste. C’est aussi l’occasion de saluer et de féliciter l’écrasante majorité des éléments des forces de défense et de sécurité pour leur comportement républicain. Cette écrasante majorité a compris qu’« il y a deux choses saintes : le drapeau qui représente l’honneur militaire et la loi qui représente l’honneur national….Le plus grand des attentats c’est le drapeau levé contre la loi. En dépit des efforts de consolidation des institutions démocratiques réalisés pendant la décennie, les démons du putschisme ne sont pas morts. Que la démocratie soit réversible dans notre pays est une autre leçon qu’il faut tirer de ces évènements». Là on reconnait Issoufou Mahamadou, le Zaki militant de la démocratie et des grands principes universels. Sauf qu’il importe de savoir qu’est-ce qui justifie le silence assourdissant voire la complicité d’Issoufou Mahamadou après le putsch du général Tiani ? That’s the question.

L’idylle d’Issoufou avec la junte

Dans le projet de déstabilisation des institutions, Issoufou Mahamadou aurait-il informé ses proches au sein de l’establishment Tarayya ? C’est la question que d’aucuns se posent au regard de certains faits après les évènements du 26 juillet. C’est connu, Foumakoye Gado avait clairement appelé avec les autres leaders de la MRN et en tant que leader du PNDS-Tarayya à s’opposer aux putschistes. Les communiqués du parti sous sa direction avant son emprisonnement, étaient conformes à la ligne historique du PNDS. Abba Issoufou avait fait un tweet appelant à combattre Tiani et ses compagnons d’armes. Certes, des sources concordantes nous ont cité trois proches d’Issoufou qui seraient au parfum du projet visant à écourter le mandat du président Bazoum. L’une de ces trois personnalités aurait confié à certains qu’ils auraient fini avec Bazoum, et justement une semaine après, le putsch est intervenu, selon une source.

Selon certains connaisseurs de l’homme, Issoufou savait qu’il serait compris sur le tard par son cercle proche mais il a préféré s’entourer de précautions car le projet exige de sa part beaucoup de discrétion. La preuve, il continue de nier même si ses actes trahissent ses dires.

Après quelques timides tentatives de dénégation pour se faire bonne conscience, Issoufou Mahamadou a fini par sortir du bois pour cautionner le putsch et apporter son soutien aux auteurs du coup de Jarnac dont il est accusé à tort ou à raison d’en être le parrain. C’était à l’occasion de la célébration de la fête de Ramadan, le 9 avril 2024 où l’ex président est allé à la grande mosquée et au palais présidentiel pour s’afficher aux côtés du général Abdourahamane Tiani et ses comparses. Cette image qui a fait le tour du monde a convaincu plus d’un sur la complicité entre Issoufou Mahamadou et les tombeurs du président Bazoum. Curieusement, pour mieux endormir les militants, il continue de nier sa responsabilité dans ce coup d’Etat. Contre toute attente, au lieu d’incarner le militant historique pour la défense de la démocratie qu’il fut face au général Baré, Tandja Mamadou, à leur corps défendant, les camarades du PNDS-Tarayya ont vu leur ‘’Zaki’’ flirté avec la junte. Comme quoi, l’histoire est dynamique : ce qui est juste sous le général Baré ne l’est plus sous le général Tiani sous la galaxie du Seigneur de Kombo, comme qui dirait.

A en croire les communicants d’Issoufou Mahamadou, le péché original de Mohamed Bazoum serait sa tentative d’assainir la gestion des deniers publics à travers la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA). Bazoum avait décidé de façon déterminée que rendent gorge tous les indélicats pour que l’Etat soit mis dans ses droits. Ce qui a été bien accueilli par les Nigériens qui ont applaudi les prémices de cette gouvernance vertueuse qui rassure tout le monde sauf les officines qui ont usé et abusé des derniers publics. De la lecture intelligente de la posture de l’ancien président pour justifier le coup, Issoufou avait paniqué en s’imaginant être visé à l’image de Mohamed Abdoul Aziz en Mauritanie rattrapé également par ses impairs de gestion.

Très tôt, le parti reprenait les militants qui osaient faire la comparaison entre les gouvernances d’Issoufou et Bazoum. L’exemple le plus gênant c’est l’argument fallacieux utilisé par Issoufou pour amener Bazoum à se séparer de son Conseiller spécial en communication Waziri Idrissa Dan Madaoua. Dans cette optique, d’aucuns pensent qu’Issoufou Mahamadou n’était pas content de la manière dont le peuple nigérien adoubait de plus en plus la gouvernance de Bazoum. Son cercle proche et lui-même ne peuvent imaginer un président du Niger et surtout si ce dernier est issu du PNDS réussir son mandat plus que Zaki. Cela s’appelle ‘’hassada’’ ou envie voire jalousie de voir les autres réussir plus que vous. En Islam la ‘’hassada’’ fait partie des maladies du cœur, non traitée, elle ronge totalement la foi dans le cœur du fidèle.

Ce qui est clair, si la tendance actuelle se maintient, le PNDS n’est plus ce parti dont le socle est la lutte contre l’injustice et le renforcement de la démocratie.  Pour preuve les communicants de Issoufou et sa société civile renient tous les jours le passé glorieux de leur mentor en faisant mine d’accepter sans rechigner les raisons du coup d’Etat à savoir les drames de Chinagodar, Inatès et Bosso. Ils préfèrent mettre toute leur énergie à combattre Bazoum Mohamed un président séquestré qui ne sait pas ce qui se passe car coupé du reste du monde. Mais dans leur inconscient, c’est le refus de Bazoum de démissionner qui est le plus grand crime de l’humanité tout simplement parce que ce refus a empêché apparemment à leur projet à courte vue de prospérer.

On l’aura compris, c’est de façon délibérée que celui que d’aucuns présentent comme ‘’l’autorité morale de la junte’’ a concocté son plan machiavélique visant à déposer le président Bazoum pour se protéger ainsi que ses bras armés dans la gestion mafieuse des affaires durant ses deux mandats.

Elh. M. Souleymane

L’Autre Républicain du jeudi 6 Février 2025

Déclaration de la majorité présidentielle

Ce jour vendredi 26 juillet 2023, nous assistons, avec une profonde consternation, à une tentative de déstabilisation des institutions et de l’ordre constitutionnel, orchestrée par certains éléments de la garde présidentielle, mus par des intérêts individuels et égoïstes.

En effet, ceux-ci, dans une folie suicidaire et anti républicaine, ont séquestré depuis ce matin, le Président de la République et sa famille, ainsi que le ministre de l’intérieur et de la décentralisation, assurant l’intérim du ministre de la défense.

Aucun démocrate ne peut tolérer cette tentative gravissime qui rappelle les années noires de subversion et de remise en cause des institutions républicaines, acquises de longue lutte.

Notre pays confronté à l’insécurité et au terrorisme, aux défis du sous-développement ne peut être distrait dans sa marche vers le progrès.

Aussi, face à une situation aussi grave, nous, membres des partis politiques de la majorité présidentielle, soucieux de la sauvegarde de l’ordre constitutionnel :

–           Condamnons avec vigueur cette absurde action et appelons les insurgés à se remettre dans les rangs

–           Mettons en garde ces éléments contre atteinte à l’intégrité physique et morale du Président de la République, Chef de l’Etat, Chef Suprême des Armées, Son Excellence Monsieur Mohamed Bazoum ainsi que de sa famille.

–           Apportons tout notre soutien au Président de la République SEM Bazoum Mohamed, démocratiquement.

–           Apportons notre soutien à l’écrasante majorité des Forces de défense et de sécurité, loyalistes, qui sont engagés pour la défense de l’ordre constitutionnel et républicain.

–           Félicitons la prompte réaction de la Communauté internationale.

–           Lançons un appel aux forces démocratiques et au peuple nigérien dans son ensemble, à se mobiliser massivement, dès cet instant, sur l’ensemble du territoire, en occupant toutes les rues et tous les espaces publics, tant ce groupe d’égarés et d’assoiffés de privilèges de salon ne renonce à son projet.

–           Enfin, rappelons à ce groupe de mutins sa responsabilité devant l’histoire et lui demande de déposer rapidement les armes acquises à la sueur du peuple nigérien pour garantir sa sécurité.

Vive la Mouvance présidentielle

Vive le Niger

Vive la démocratie

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