Dans un message radio en date du 4 avril dernier, le Ministère en charge de l’Intérieur a instruit les Préfets des départements à procéder à la désignation des membres devant siéger au sein du Conseil Consultatif de la Refondation (CCR) à raison d’un représentant par département. Les nom et prénoms des heureux désignés doivent parvenir au Ministère au plus tard le mardi 8 avril. Depuis lors, on assiste à une levée de bois vert des organisations et structures qui soutiennent le régime militaire. En cause : les Préfets auraient préféré d’autres à leurs membres qui ont pourtant mouillé le maillot pour légitimer le nouveau régime. Certains Préfets ont été accusés d’avoir désigné des personnes ayant servi sous le régime renversé.
En filigrane, on se rend compte que ceux qui boudent le processus de désignation estiment que c’est leur heure pour profiter des lambris du pouvoir. Ce qui laisse croire que le soutien qu’ils ont apporté au Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) n’était pas patriotique ; il s’agissait à l’évidence d’un soutien intéressé qui leur permettrait d’être proche de la « soupe ». Chacun voulant avoir une place au soleil selon la belle formule de « ôtes-toi pour que je m’y mette ».
Les récriminations viennent de toutes les régions. On se bouscule au portillon du CCR. Les soutiens attendent la rétribution des sacrifices qu’ils disent avoir consenti pour permettre au CNSP de faire face à l’adversité au lendemain du coup d’Etat. Ils disent avoir manifesté pour asseoir la légitimité du CNSP, d’avoir manifesté dans les rues contre les sanctions de la CEDEAO, d’avoir mobilisé la population pour contribuer au Fonds de solidarité, d’avoir fait connaitre la vision du général Tiani, etc. C’est une course effrénée pour des positions de pouvoir et le lucre sous couvert du patriotisme. Ils se font passer pour des altruistes mais en vérité ils entendent, à travers la Refondation, prendre leur revanche sur l’Histoire.
C’est dire que l’animosité qu’ils nourrissent contre le régime de la Renaissance est fondée essentiellement sur des motivations prébendières. Leur ambition est d’être dans le cercle du pouvoir, de ne plus être sur le bord de la route.
Pour disqualifier certains qui ont été désignés, on les fait passer pour des opposants au coup d’Etat et donc pour des partisans du président Mohamed Bazoum. Crime de lèse-majesté. Cela suffit pour les déchoir de leur patriotisme.
Dans un de nos départements, des responsables des Organisations de la société civile ont dénoncé le vote des éléments des Forces de Défense et de Sécurité, avant de demander au Préfet d’annuler la désignation faite par les FDS et de les « mettre dans leurs droits ». De quels droits s’agit-il ?
Ce qui est curieux, c’est que des manifestations ont même été organisées et des démarches menées pour remettre en cause le choix des Préfets, sapant ainsi l’autorité de ces derniers.
A l’ère du laboussanisme, rien ne saurait surprendre. On pensait que le patriotisme, c’est le don de soi sans rien attendre en contrepartie, c’est l’altruisme en toutes circonstances pour le bien de la communauté. A l’ère du laboussanisme, il s’agit d’un patriotisme frelaté, comme dirait l’autre.
En définitive, on retient que les soutiens du CNSP éprouvent un sentiment d’ingratitude. Après avoir été utilisés, ils sont jetés comme des citrons pressés. Au lendemain du coup d’Etat, c’est par dizaines que les structures de soutien au CNSP ont vu le jour. On le comprend aujourd’hui, c’est par pur opportunisme. « J’aime les Hommes de conviction, j’aime les Hommes de combat. Je me méfie des opportunistes parce que les opportunistes ne vous apportent rien », dixit Aminata Tall Sall, ancienne ministre des Affaires étrangères du Sénégal.
La rédaction