Entre inaction et flottement, le gouvernement en place n’arrive pas à mettre le cap sur les multiples attentes des citoyens. C’est un fait, l’équipe de Lamine Zeine se tourne les pouces. Elle s’enfonce dans la léthargie. La machine peine à démarrer.
À la limite du supportable
Le gouvernement en place dispose-t-il d’une feuille de route claire et précise ? On ne peut y répondre par l’affirmative. Nommé le 7 août 2023 par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Lamine Zeine est plus dans la navigation à vue que dans la technocratie attendue en pareilles circonstances. « Nous sommes dans un processus de transition », a dit le chef du gouvernement nigérien à la sortie d’une audience avec le président du Tchad, Mahamat Idriss Deby. On veut bien y croire, mais les jalons de ce ‘’processus de transition’’ sont pour le moins invisibles. Sans programme social et économique clairement défini, Lamine Zeine et ses ministres semblent déconnectés des attentes des citoyens. Ils sont en total déphasage avec le vécu quotidien des Nigériens. Il est évident que le gouvernement du CNSP n’a pas pris la pleine mesure de l’incidence des lourdes sanctions qui frappent le Niger depuis les événements du 26 juillet 2023. Les réponses aux innombrables défis qui se dressent devant les Nigériens se font attendre. Bien entendu, une bonne partie de ces écueils ne date pas d’hier, mais la réalité est devenue nettement plus rude ces deux derniers mois. La situation est à la limite du supportable. Seuls ceux qui portent des œillères osent défendre le contraire.
Une diplomatie sans relief
En nommant Bakary Yaou Sangaré au ministère des Affaires étrangères, le CNSP a commis une grosse erreur de casting. Lamine Zeine, qui espère desserrer au plus vite l’étau des sanctions infligées au Niger, se retrouve avec une diplomatie sans relief. C’est connu de tous, Sangaré n’a pas eu voix au chapitre lors de la 78ème Session de l’Assemblée Générale de l’ONU. Une occasion ratée pour le CNSP qui cherche à défendre sa cause du haut d’une tribune aussi prestigieuse que celle des Nations Unies. Tout laisse deviner que l’actuel ministre des Affaires étrangères n’est pas le diplomate capable de provoquer une embellie dans les relations tendues qu’entretient le Niger vis-à-vis d’une bonne partie de la communauté sous-régionale et internationale. Les seuls ‘’faits d’armes’’ dont peut se prévaloir Sangaré sont l’expulsion de l’ambassadeur de France au Niger et celle de la coordonnatrice de l’ONU dans notre pays. Sylvain Itté et Louise Aubin ont fait les frais d’une diplomatie erratique guidée par un effet de mimétisme avec les régimes malien et burkinabè. En se lançant dans cette diplomatie de la terre brûlée [décisions prises à l’emporte-pièce], Yaou Sangaré et le CNSP ne font qu’accentuer l’isolement du Niger, un pays qui ne peut se passer des béquilles de l’assistance internationale.
Pas de solutions miracles
Le chef du gouvernement et ministre des Finances du CNSP doit comprendre qu’il n’existe pas de solutions miracles aux préoccupations actuelles des Nigériens, la vie-chère en tête. C’est un fait, l’équipe de Lamine Zeine se tourne les pouces. Elle s’enfonce dans la léthargie. La machine tourne en rond depuis deux mois déjà. On a vu le ministre du Commerce et de l’Industrie totalement impuissant face à la folle envolée des prix sur le marché. Désemparé, Seydou Asman a demandé aux opérateurs économiques de « surseoir à l’augmentation injustifiée des prix des produits de première nécessité. » Quand on dirige un État, on ne résout pas les problèmes à coup de supplications désespérées encore moins en s’appuyant sur la générosité publique dans l’espoir hypothétique de renflouer le Trésor national. Il est clair que le ‘’Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie’’ mis en place par le CNSP ne peut aider à remonter la pente. Entre inaction et flottement, le gouvernement en place peine à mettre le cap sur les multiples attentes des citoyens. Pendant ce temps, le désespoir des Nigériens s’amplifie à mesure que les jours s’égrènent. Lamine Zeine et son gouvernement n’arrivent pas à faire la preuve de leur capacité à endiguer les effets négatifs des sanctions qui frappent le Niger depuis le déclenchement des évènements du 26 juillet dernier. C’est dire que le bout du tunnel est encore loin.