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12 octobre, 2024
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ABROGATION DE LA LOI SUR LA MIGRATION ILLICITE : Une réplique de la junte nigérienne contre l’Union Européenne !

La démarche a tout d’une réponse du berger à la bergère. L’Union européenne (UE) a décidé des sanctions contre le Niger y compris des sanctions ciblées contre les auteurs et coauteurs du coup d’Etat du 26 juillet 2023. La coupe est amère pour la junte nigérienne. Comme prise de panique, celle-ci décide de donner la monnaie de sa pièce à l’UE en abrogeant la loi criminalisant la migration clandestine du 26 mai 2015.

En rappel, cette loi a été adoptée par le gouvernement nigérien sous la mandature du président Issoufou Mahamadou, avec le soutien de l’UE qui voudrait assécher la filière de la migration clandestine qui inonde le territoire européen.

En abrogeant cette loi, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ouvre la voie au développement de la migration irrégulière pour « embêter » l’UE. Le Niger cessera ainsi d’être la frontière sud de l’Europe tout comme il ne prendra plus de dispositions pour interdire aux migrants en transit sur son territoire de converger vers l’Europe en passant par la Libye ou l’Algérie. En un mot comme en cent, la migration irrégulière cesse d’être un crime au Niger. En conséquence, tous ceux qui se trouvent derrière les barreaux en application de la loi de 2015 retrouvent la liberté. Le passage en prison ne leur sera pas compté dans leur casier judiciaire. L’ordonnance éteint totalement les effets de cette loi ; c’est comme si ladite loi n’a jamais existé.

Même si des petits commerces notamment à Agadez ont souffert de l’application de cette loi, force est de reconnaitre que la migration clandestine est un fléau qui a une corrélation avec la criminalité transnationale. C’est pourquoi, outre la Convention des Nations-Unies contre la criminalité transnationale organisée, il a été prévu un autre instrument additionnel en l’occurrence le Protocole contre le trafic illicite des migrants par terre, air et mer. Le Niger est partie à tous ces instruments. Or, le CNSP, dans sa première proclamation, a marqué son engagement à respecter tous les instruments internationaux ratifiés par le Niger.

L’abrogation de cette loi perpétuera le drame humain que l’on enregistre dans le désert nigérien avec des migrants abandonnés par les passeurs, en proie à la faim et à la soif. Nombreux perdent ainsi la vie. Le désert était devenu un véritable cimetière à ciel ouvert. Ceux qui arrivent à échapper au désert ne sont pas au bout de leur peine. Dans les autres pays de transit, tels des esclaves, ils sont soumis à des traitements cruels, inhumains et dégradants. Beaucoup y perdent la vie.

Autre conséquence : un pays comme l’Algérie qui a légèrement ouvert sa frontière atténuant ainsi l’embargo sur les produits de première nécessité qui frappe le Niger risque de la blinder pour se protéger contre l’arrivée massive des migrants.

Enfin, l’abrogation de cette loi est une première rupture du général Tiani avec le président Issoufou, son mentor, celui qui l’a nommé chef de la garde présidentielle et qui l’a fait maintenir avec le président Bazoum. Mieux, Issoufou est certainement son plus grand soutien avec le coup d’Etat du 26 juillet. Sur cette loi abrogée, on se rappelle que le président Issoufou s’était pleinement investi pour son adoption. Pour motiver son abrogation, Tiani invoque le fait que cette loi a été prise sous l’influence de certaines puissances étrangères.

L’abrogation de la loi criminalisant la migration irrégulière sonne comme le premier acte de défiance par le général Tiani de la politique menée par le président Issoufou. En attendant le prochain acte.

La Rédaction

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