Qu’est-ce qui arrive à nos syndicats ? Ont-ils changé de vocation, celle de défendre les intérêts matériels et moraux de leurs adhérents pour devenir la caisse de résonnance d’un ordre politique dont ils peinent à en définir les contours et les vraies motivations ? Entre meetings et déclarations de soutien à la junte, les travailleurs doivent s’interroger sur ce qui arrive aux cadres censés défendre leurs intérêts.
D’ordinaire ou plus précisément en période démocratique, on voit avec quel acharnement les syndicats sont en première ligne pour exiger de meilleures conditions de vie et de travail pour leurs militants : augmentation de salaires, du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), octroi de parcelles pour des logements sociaux, recrutements des personnels, etc. Des questions sur lesquelles le président Mohamed Bazoum et son gouvernement avaient été sensibles au point de leur trouver des solutions.
Aujourd’hui, avec la junte, les syndicats semblent prolixes voire même amnésiques au point de ne plus ériger les conditions sociales des travailleurs en rang de priorité. Ils ont cessé de revendiquer ; ils ont également oublié que dans un contexte de déni de droits, ils doivent constituer un contre-pouvoir pour permettre le rétablissement de l’ordre constitutionnel, seul cadre qui favorise leur épanouissement parce que reconnaissant leurs droits à revendiquer et à protéger les travailleurs contre les abus des pouvoirs publics et du patronat.
Aujourd’hui, force est malheureusement de constater qu’ils sont réduits au rôle avilissant de souteneurs de la junte, hurler avec les loups, rivalisant d’initiatives pour faire plaisir à la junte, trahissant ainsi leur vocation et leur mandat. Pire, ayant volontairement choisi de servir de 5è roue du carrosse, ils sont incapables de protéger les salaires des travailleurs, payés au compte-gouttes, souvent le 40 ou 45 du mois. Pourtant, il y a seulement 4 mois, le gouvernement de Bazoum les payaient le 22 ou 23 du mois. Il y a 4 mois, le salaire était un acquis, il n’était donc pas un problème. Aujourd’hui, à l’ère des « souverainistes », il l’est, sauf si les syndicats, marqués par une crise de leadership, ne sont pas du tout au courant. Quel grave recul.
La rédaction