L’ancien chef de l’État s’échine à retourner les événements du 26 juillet à son avantage. Entre intrigues à n’en pas finir et distribution effrénée de bakchichs, Issoufou Mahamadou abat ses dernières cartes dans l’espoir chimérique d’assurer sa survie politique.
Faux-semblant et autoglorification
Parler de soi en des termes exagérément élogieux fait partie intégrante de l’attirail politique d’Issoufou Mahamadou. « Mon parcours politique, exempt de toute participation à des entreprises liberticides⌠…⌡ », a lâché l’ancien chef de l’État à la veille des élections générales de 2016. Pourtant, c’est sous le second mandat d’Issoufou Mahamadou que le recul démocratique a connu un niveau jamais atteint de toute l’histoire politique de notre pays. Interdictions systématiques et répétées de manifester, traques sans merci de militants de la société civile, bâillonnement des médias indépendants, droits constitutionnels mis en lambeaux, les dérives de celui qui se définit comme un ‘’démocrate dans l’âme’’ sont longues comme le bras. Maître dans l’art du faux-semblant et de l’autoglorification, l’ancien président de la République a réussi à tromper tous ceux qui ont eu la faiblesse de croire en lui. Lors de sa visite au Niger en décembre 2017, Emmanuel Macron a eu des mots pour le moins flatteurs à l’endroit de son hôte : « Je veux ici le dire très clairement, Mahamadou Issoufou : vous êtes un exemple pour la démocratie. » Depuis les événements du 26 juillet 2023, le locataire de l’Élysée a certainement changé d’avis sur ‘’Zaki’’.
Une armée de nervis
C’est un secret de Polichinelle, l’ancien chef de l’État fait des pieds et des mains pour retourner à son avantages les événements du 26 juillet 2023 dans lesquels son implication personnelle est explicitement soutenue par plusieurs sources. Selon Ali Sékou Ramadan Maïna, une sommité parmi les membres fondateurs du PNDS-Tarayya, certains ‘’camarades’’ (Foumakoye Gado en tête) s’adonnent à un immense travail souterrain « Pour ramener Issoufou Mahamadou de nouveau président de la République après une brève transition car Bazoum serait un incapable qui l’a trahi. Il ⌠Issoufou Mahamadou⌡ le confie lui-même directement ou par téléphone à des nombreux interlocuteurs : opérateurs économiques, des cadres et responsables des structures du parti à divers niveaux, des leaders d’opinion, des anciens députés », écrit Sékou Maïna dans un long pamphlet au vitriol contre Issoufou Mahamadou et son armée de nervis. L’ami et compagnon politique de 30 ans est devenu le nouvel ennemi à abattre à tout prix : « Beaucoup l’écoutent ⌠Issoufou Mahamadou⌡ éberlués de l’entendre pourfendre Bazoum sans retenue (…) À sa tâche Issoufou est aidé par ses épouses et des mercenaires tels que madame Ousseïni Garba, Alkassoum Hindatou, Daouda Marté, Kalla Hankouraou, Zakari Oumarou et consorts. Ils sont dépêchés, sans succès, auprès de certains leaders politiques de la MRN (…) », rapporte Sékou Maïna.
Un égo surdimensionné
Il est certain que la condamnation des événements du 26 juillet 2023 attendue d’Issoufou Mahamadou n’est pas près de venir. Pour ce dernier, l’occasion est inespérée, celle d’écourter le mandat de Bazoum Mohamed, de tourner la page d’une ère dont il n’a jamais voulu en réalité. Ce n’est pas de gaieté de cœur que celui qui adore se jeter des fleurs a passé le relais à Bazoum Mohamed. Dans les faits, Issoufou Mahamadou n’a jamais quitté le pouvoir. Prisonnier d’un égo surdimensionné, l’ancien chef de l’État a souffert de voir son successeur accumuler un fort capital sympathie dans l’opinion nigérienne. À en croire certains porte-flingues d’Issoufou Mahamadou, Bazoum Mohamed aurait commis un crime de lèse-majesté en voulant se démarquer de certaines pratiques ayant marqué la gestion de la Cité au cours de la décennie écoulée. En somme, le « tort » de Bazoum Mohamed aurait été sa volonté de nettoyer les écuries d’Augias, sa détermination d’instaurer une gouvernance vertueuse au sommet de l’État. Le petit jeu de l’ancien chef de l’État ne trompe personne. Le voilà qui abat ses dernières cartes tentant de porter l’estocade à son successeur, prisonnier du CNSP depuis trois mois déjà. Issoufou Mahamadou s’échine à récupérer à son avantage l’intrusion de l’armée sur la scène politique. Entre intrigues à n’en pas finir et distribution effrénée de bakchichs, Issoufou Mahamadou abat ses dernières cartes dans l’espoir chimérique d’assurer sa survie politique. ‘’Zaki’’ veut continuer à rugir sur l’échiquier politique nigérien. Mais attention, dans la mythologie grecque, le lion de Némée (invulnérable, selon la légende) a été vaincu par Hercules. De toute évidence, le ‘’lion de Dan Daji’’ risque d’être vaincu… par ses turpitudes politiques.