Le buzz attendu après le point de presse du procureur général près la Cour d’Appel de Niamey du 31 octobre dernier sur la prétendue affaire d’exfiltration du président Bazoum n’a pas eu lieu. Et pour cause, les gens ont eu l’impression du déjà entendu ; le procureur n’a pas dit plus que le communiqué du CNSP à une exception près : la perquisition de la résidence présidentielle où sans doute les « enquêteurs » pensaient trouver des documents et matériels compromettants. Par endroits, ils étaient tombés sur des bricoles que l’on peut retrouver chez vous et moi. Nous ne savons pas quel rôle les bijoux et l’antenne parabolique blanche peuvent-ils jouer dans l’exfiltration du président, de sa famille et de ses cuisiniers ? Bon, passons.
Objectivement, Bazoum n’a aucun intérêt à se faire exfiltrer parce qu’il est président de la République, vit toujours dans la résidence officielle et entend achever le mandat que le peuple souverain lui a confié. Il aurait pu démissionner comme les auteurs de la tentative du coup d’Etat l’ont souhaité mais non. Il a préféré endurer les affres de la séquestration dont sa famille et lui-même font l’objet depuis le 26 juillet 2023 pour faire honneur à son serment et à son mandat. Il aurait démissionné que les putschistes lui donneraient sans doute la garantie d’un exil doré. Mais ce n’est pas là le sens du combat qu’il mène. Le sens de ce combat est de se battre pour la démocratie, refuser l’usurpation du pouvoir d’Etat par des moyens illégitimes et démontrer que dans la vie on n’est nourri que par l’idéal que l’on porte.
Une personnalité qui est dans cette posture ne peut pas envisager une exfiltration pour un pays voisin, en laissant derrière lui des décennies de convictions et de luttes démocratiques.
Par ailleurs, le président Bazoum est accusé de prendre des images du palais présidentiel au moyen d’un téléphone portable destinées à la France. Encore la France. Comment avec un tel moyen rudimentaire, vu la délicatesse de la mission supposée, peut-on bien localiser la résidence présidentielle ou avoir les positions des gardes disséminés dans les coins et recoins du palais présidentiel dont ils assurent la surveillance ? La France a-t-elle besoin de ces photos pour intervenir si telle était sa volonté avec tous les moyens technologiques modernes dont elle dispose dont les satellites ? On fait porter maintenant le chapeau à la France. Si celle-ci devrait faire une telle opération, elle aurait utilisé ses propres moyens humains, matériels et technologiques. La France est un sujet mobilisateur actuellement. C’est pourquoi, il faut l’associer dans tous les déboires pour espérer créer un sentiment favorable. Sur quelle base, le procureur général va-t-il y voir l’implication de la France ? Et pour quelle finalité ? Motus et bouche cousue.
Jusque-là, on nous a parlés d’un commando qui devrait se charger de l’opération. Les quelques personnes arrêtées par la Garde présidentielle au quartier Tchangarey, planque supposée du président après avoir quitté le palais, sont des jeunes élèves et étudiants apparemment tirés de leur sommeil, hagards et sans savoir de quoi il s’agit. Rien n’a filtré sur la vraie mission de ce fameux commando.
On parle d’exfiltration comme si le commando présumé devait donner l’assaut sur le palais présidentiel pour libérer l’otage Bazoum alors que la thèse avancée voudrait que ce dernier, sa famille, son agent de sécurité et ses cuisiniers marchent sur au moins 2 km, les baluchons sur leurs têtes, passant devant les multiples postes de contrôle avant de regagner tranquillement un véhicule qui les attend aux alentours de l’annexe du Ministère de la Défense. Tout cela se passe à 3 heures du matin. Pour ceux qui connaissent cette zone hyper sécurisée, ils savent bien que même en journée, il est difficile d’y circuler, sans se faire contrôler plusieurs fois, à plus forte raison stationner un véhicule pendant un certain temps. Si le président et sa famille sortent tranquillement du palais, avec leurs bagages (on a parlé d’un air de déménagement dans la résidence présidentielle), quel est alors le rôle du commando chargé de l’exfiltration dont on nous a parlé ? Qu’en est-il des deux hélicoptères parce que cette fois-ci rien n’a été dit à ce propos.
Que des questionnements Monsieur le procureur général.
La Rédaction