Après moult revers diplomatiques au plans africain et international, c’est un ouf de soulagement que la junte a poussé, ce 19 décembre, après la proposition de la Commission de vérification des pouvoirs des Nations-Unies de reconnaitre les représentants du gouvernement nommé par le CNSP. Au titre des pays siégeant au sein de cette Commission figurent la Chine, la Russie, le Togo, le Nigeria et les Etats-Unis. Ces derniers tout comme les pays de la CEDEAO ont, rappelle-t-on, fini par reconnaitre le coup d’Etat au Niger.
Le ministre des Affaires étrangères n’a pas perdu du temps pour faire part de sa satisfaction. « Elle (NDLR : l’Assemblée Générale des Nations-Unies) reconnait les représentants du gouvernement du CNSP comme uniques et légitimes représentants du Niger aux Nations-Unies », peut-on lire dans un communiqué du Ministère.
C’est suite à un mémorandum du Secrétaire Général des Nations-Unies en date du 5 décembre dernier relatif aux pouvoirs des représentants des Etats membres à la 78è session de l’Assemblée Générale présentés par les Etats membres dont le Niger que la Commission de vérification avait donné son accord. Deux Etats ne figurent pas sur la liste à savoir l’Afghanistan et Myanmar pour avoir présenté deux demandes différentes chacun.
Le CNSP a besoin de cette reconnaissance. Il a besoin de rompre son isolement diplomatique. C’est pourquoi, il exulte en même temps que ses soutiens qui y voient là une reconnaissance internationale de la junte après avoir été interdite de prendre la parole à la session de l’Assemblée Générale de l’ONU de septembre dernier. Finis les discours souverainistes, finies les attaques irrévérencieuses contre l’ONU et son Secrétaire Général Antonio Guterres, voués aux gémonies après la claque subie par le ministre des Affaires étrangères en septembre dernier. Il a failli de peu pour que les soutiens du CNSP ne demandent le retrait du Niger de l’ONU comme ils le font depuis un certain temps pour la CEDEAO et l’UEMOA. En vérité, ce n’est que pur poujadisme.
En réaction à l’interdiction faite à ce ministre de prendre la parole, le CNSP, gagné par la colère et la crise des nerfs, a expulsé la Coordinatrice résidente du Système des Nations-Unies, Coordinatrice Humanitaire, du territoire nigérien. A présent, le CNSP sollicitera son retour au Niger.
Si l’ONU n’est rien du tout, si elle est considérée comme un instrument au service de l’« impérialisme occidental », alors comment comprendre toute cette joie qui se dégage suite à l’accord de la Commission de vérification des pouvoirs ?
Autoriser les représentants mandatés par le CNSP à prendre place dans la salle de l’Assemblée Générale ne légitime pas la junte. Celle-ci doit convaincre la communauté nationale et internationale de son engagement à ne pas s’incruster au pouvoir en libérant le président Mohamed Bazoum et en élaborant un agenda réaliste de la transition qui va déboucher sur le retour à l’ordre constitutionnel au plus vite dans notre pays. C’est ce que les Organisations communautaires notamment la CEDEAO, l’UEMOA et l’Union africaine ont demandé à la junte. La reconnaissance internationale sera tributaire de la satisfaction de ces préalables. Etre autorisé à prendre la parole à la session de l’AG des Nations-Unies ne constitue pas un blanc-seing pour le CNSP.
La rédaction