« La séquestration est, en droit, l’acte de retenir une personne enfermée contre son gré en dehors de toute autorité légale en usant de violence, de ruse ou de la menace. » Cette définition colle parfaitement bien à la situation que vit Bazoum Mohamed, reclus dans sa résidence présidentielle avec sa famille depuis le 26 juillet 2023. Bien évidemment, le général Tiani n’est pas de cet avis, il a une autre grille de lecture. À l’en croire, Bazoum Mohamed ne se plaint point et c’est bien son épouse et son fils qui refusent obstinément de s’en aller. Pourtant, le 6 octobre 2023, la justice nigérienne a ordonné la libération de Salem Mohamed Bazoum, victime de « voie de fait » et de « trouble manifestement illicite ». Le pouvoir en place ne s’est jamais exécuté. Allez savoir pourquoi. Une autre décision de justice vient de tomber relativement à la séquestration de Bazoum Mohamed et sa famille. Ce 15 décembre 2023, la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a ordonné la remise en liberté « immédiate » de Mohamed Bazoum et celle de sa famille. Le juge qui a délibéré à Abuja (Nigeria) a ordonné « au défendeur [le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie -CNSP-] la mise en liberté immédiate et sans condition de tous les requérants ». Le juge a aussi estimé que « le défendeur a violé leur droit à ne pas être détenus arbitrairement ». Telle est la substance de l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO entièrement favorable à Bazoum Mohamed. On en vient à la question de savoir si le CNSP va finalement se plier à cette décision de justice ? Cela fait maintenant bientôt 5 mois que Bazoum Mohamed et sa famille sont détenus contre leur gré. Un fait inédit en matière de prise de pouvoir par les armes au Niger. Le coup d’État du 27 janvier 1996 ne s’est pas soldé par la séquestration de la famille de Mahamane Ousmane. Les épouses et les enfants de Tanja Mamadou n’ont pas été privés de liberté à la suite du putsch du 18 février 2010. Seul Bazoum Mohamed a eu droit à cette épreuve insoutenable. Issoufou Mahamadou assume certainement son silence coupable quant au sort de son « ami de 30 ans », mais il aurait dû (en tant que ‘’chantre de la démocratie’’ labellisé Mo Ibrahim) plaider la cause de Hadiza et Salem Bazoum. Ce dernier n’est certainement pas près de recouvrer sa liberté. Mais il a la force morale pour le tenir le coup. « L’Histoire nous regarde ».
Ekadé Warzagan