Ainsi va la vie. C’est ce que chacun a certainement dit à l’annonce du décès de notre confrère Abdoulaye Moussa Massalatchi, ce 4 décembre, 2 jours seulement avant son 68è anniversaire. Face à la volonté d’Allah, que puissions-nous faire, nous êtres humains appelés un jour ou l’autre à disparaitre de la surface de la terre car d’Allah nous venons, à Lui nous retournerons. S’il nous était permis de donner un avis, sans doute que nous aurions souhaité, à l’unanimité, que Massalatchi resta avec nous pendant encore un certain temps. Ce, parce qu’il compte dans notre profession pour avoir été un journaliste de talent, un animateur des organisations socioprofessionnelles du secteur des médias, un défenseur du droit des journalistes à exercer librement leur métier, un coach bénévole pour les jeunes journalistes, un médiateur très souvent sollicité dans des moments de crise, dans les rédactions comme en privé. Ses avis comptent parce qu’ils sont empreints de lucidité et de sagesse.
Il a vécu toute sa vie durant pour le journalisme, un métier qu’il a embrassé dès sa tendre jeunesse. Il aurait pu faire une carrière de financier en tant qu’agent du Ministère des Finances mais il a préféré abandonner cette profession pour venir au journalisme. Ses qualités professionnelles ont été très vite dévoilées : le voilà qui multiplie les formations diplômantes, le voilà aussi qui gravit les échelons en devenant journaliste titulaire, chroniqueur judiciaire, secrétaire de rédaction, rédacteur en chef au sein du quotidien Le Sahel, puis au Républicain, directeur de publication du quotidien Ténéré Express, correspondant de l’agence de presse Reuters et d’autres médias internationaux. Sa vie associative était tout aussi riche avec de très hautes responsabilités à l’Union des Journalistes Privés Nigériens (UJPN), au Centre Indépendant des Médias et de la Déontologie (CIMED), à la Maison de la Presse, au Conseil de Presse, à l’Association Nigérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (ANDDH)…
Homme de conviction qui sait être ferme s’il le faut, guidé par la passion et la vocation, il a fait la fierté du journalisme nigérien. Attaché aux valeurs et principes qui fondent notre métier, il n’a cessé d’être le porte-parole des journalistes brimés dont les droits doivent être respectés. Il était le premier et l’unique journaliste nigérien à avoir fait usage de la clause de conscience lorsque le journal pour lequel il travaillait dans les années 90 a changé de ligne éditoriale.
Pendant des années, il a porté le combat pour des textes plus souples qui garantissent l’effectivité de la liberté de la presse, pour l’avènement d’une Convention collective professionnelle du secteur des médias et la professionnalisation de notre métier pour des productions de qualité. Il était un journaliste rigoureux et un responsable exigeant qui reprouve la légèreté et les idées reçues. Toute information doit être rigoureusement vérifiée, et son utilité publique prouvée. En un mot, il était très attaché au respect strict des fondamentaux du métier. C’est sans doute pourquoi tout au long de sa carrière, il n’a pas été attrait devant les tribunaux pour manquements à l’éthique et à la déontologie.
Homme affable qui sait faire preuve de solidarité, philanthrope à la limite, fidèle en amitié, humble dans ses rapports avec autrui, Abdoulaye Moussa Massalatchi était le prototype d’un homme bien et de bien.
A un moment où la presse nigérienne continue à faire face à des défis multiformes, le décès de Massalatchi est une perte cruelle pour l’ensemble des journalistes. Adieu Massalatchi. Qu’Allah t’accueille dans son paradis éternel. Ainsi va la vie.
La Rédaction