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12 octobre, 2024
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LEVEE DES SANCTIONS CONTRE LE NIGER : La balle dans le camp de la junte !

Le sommet des chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se tiendra en fin de cette semaine. Il fera notamment le point de la crise politique et institutionnelle au Niger née du coup d’Etat du 26 juillet dernier. Le sommet fera sans doute un constat d’échec en l’absence de tout début de dialogue avec la junte, et décidera du maintien ou du renforcement des sanctions déjà prises contre le Niger.

On sait que l’une des exigences de la CEDEAO porte sur la libération du président Mohamed Bazoum. A en juger par les échos qui nous parviennent, et notamment les propos tenus par le ministre des Affaires étrangères du Nigeria sur les ondes de la BBC Hausa, la libération du président Mohamed Bazoum semble être un point non négociable pour la junte nigérienne. Ce qui, du coup, constitue un blocage dans le processus du dialogue et donc de la levée des sanctions de la CEDEAO, de l’UEMOA et des autres partenaires du Niger. Pourtant, c’est une exigence minimale si tant est que la levée des sanctions est une préoccupation majeure du CNSP comme l’a clamé son chef, le général Tiani, peut-être sans y croire, récemment à Bamako.

Il est clair qu’il n’y aura pas de levée des sanctions contre le Niger et même celles qui concernent directement les auteurs et complices de ce coup d’Etat sans libération du président Bazoum. C’est une question de simple bon sens parce qu’il s’agit d’un président démocratiquement élu qui a été illégalement séquestré par sa garde. A ce stade, on ne parle même pas de son rétablissement dans ses fonctions constitutionnelles.

Dans l’espace de la CEDEAO, le temps a permis de développer une jurisprudence : chaque fois qu’un coup d’Etat est perpétré dans un pays membre, la CEDEAO a exigé et obtenu la libération du président renversé. C’est notamment le cas du président malien Ibrahim Boubacar Keïta, une semaine après son reversement, du Professeur Alpha Condé, en Guinée, moins d’un mois, et du président Kaboré au Burkina Faso, un mois après. Pourquoi le président Bazoum ferait-il exception à cette règle ? Rien ne justifie la poursuite de cette séquestration. Sauf que le contexte du coup d’Etat du 26 juillet est une autre exception parce que d’une part, il n’est pas précédé d’une crise politique, institutionnelle ou sociale comme dans les autres pays, et d’autre part il n’est pas l’œuvre exclusive des officiers mais du chef de la garde présidentielle et de sa marionnettiste civile.

En refusant la libération du président Bazoum, de sa famille et de ses collaborateurs embastillés, la junte et son parrain confirment qu’ils n’ont cure des sanctions qui pèsent lourdement sur le quotidien des Nigériens : perte d’emplois et de revenus pour les ménages, cherté de la vie, inflation, suspension des chantiers structurants pour le développement du pays, etc.

De quoi la junte et son parrain ont-ils peur, eux qui prétendent exercer toute la plénitude du pouvoir d’Etat et bénéficier du soutien populaire ? En d’autres termes, le président Bazoum, même libre, ne peut logiquement perturber le sommeil de ceux-là qui disent urbi et orbi avoir la légitimité populaire de leur côté depuis le 26 juillet. Libérer Bazoum, sa famille, ses ministres et collaborateurs ne doit constituer une difficulté pour eux surtout qu’il s’agit de mettre cela sur la balance en vue de la levée des sanctions.

En un mot comme en cent, les Nigériens doivent retenir que la junte et son parrain civil ne sont pas dans une posture dialogique, et ne se soucient guère des sanctions qui les frappent durement. Ils ne se soucient pas aussi du fait que la CEDEAO confirme les sanctions voire les renforce lors de son prochain sommet. Ils se soucient plutôt des modalités pour conduire la transition avec des agendas différents pour le parrain et la junte. Pour le parrain, l’objectif c’est la tenue des élections générales dans un délai court, le changement du type de régime et la réduction du nombre de partis politiques. Pour la junte, les desseins sont autres. Avec le projet de Confédération entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, on peut préjuger de l’intention des régimes militaires à s’éterniser au pouvoir d’autant plus facilement que les forces démocratiques se sont dévitalisées.

Il faut aussi lier cette situation à l’actualité en cours : le ministre délégué à la Défense de la Russie est arrivé ce dimanche 3 décembre, à Niamey, après Bamako et Ouagadougou. La milice russe Wagner viendra-t-elle finalement au Niger ? Les jours à venir nous édifieront. En attendant, force est malheureusement de constater que le Niger se comporte comme s’il est un pays vassal du Mali.

Entre le parrain et la junte, on risque d’assister au jeu du chat et de la souris : le général Tiani qui risque de répéter le scénario Baré en refusant de servir de porteur d’eau aux commanditaires civils, et en se portant lui-même candidat pour conserver le pouvoir.

Quatre (4) mois après les événements du 26 juillet, on attend toujours que l’ancien président de la République Issoufou Mahamadou, en bon démocrate, condamne le coup d’Etat comme l’a fait, dès les premières heures, le président Mahamane Ousmane, et exige la libération du président Mohamed Bazoum. Sauf s’il est le parrain que l’opinion publique ne cesse de désigner depuis quelques semaines.

La rédaction

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