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Niamey
11 octobre, 2024
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ACCES A L’ELECTRICITE : Près de 800 milliards d’investissement suspendus !

Ces derniers temps, il est courant d’entendre dans les rangs des soutiens de la junte que le Niger a atteint sa souveraineté énergétique, et que par conséquent nous n’avons plus besoin de l’électricité du Nigeria. A l’appui de cet optimisme démesuré sur fond de populisme, l’arrêt du délestage ces derniers jours, à Niamey, par la société nigérienne d’électricité (NIGELEC). A y voir de près, la situation de relative accalmie qu’on observe est l’arbre de l’optimisme qui cache la forêt des problèmes.

Si le courant est disponible, ces derniers jours, à Niamey, et le programme de délestage mis en œuvre au cours des 5 derniers mois a été suspendu, ce n’est pas en raison d’une trouvaille extraordinaire qui nous fera nous faire abandonner notre coopération avec le Nigeria, dans un proche avenir. C’est une situation purement conjoncturelle qui est, elle-même, sous-tendue par deux phénomènes : le premier, c’est la baisse de la consommation domestique et de l’administration du fait de la période de froid ; le deuxième phénomène est lié à la baisse d’activités des gros consommateurs que sont les entreprises, les hôtels, etc, du fait de la chute de leur clientèle depuis les événements du 26 juillet 2023.

Les spécialistes prévoient qu’en mars-avril, la consommation des ménages et de l’administration va flamber parce que d’une part c’est la période de grande chaleur, et d’autre part celle du ramadan où les demandes en produits frais est très forte.Alors, la NIGELEC n’aura d’autre choix que de revenir à son programme de délestage parce que d’ici deux mois, il ne lui sera pratiquement pas possible de trouver d’autres alternatives. Une des alternatives envisagées était de faire venir des groupes électrogènes d’Iran, selon certaines sources. Mais il semble que ce sont des petits groupes qui seront onéreux pour la trésorerie de la NIGELEC mal en point depuis les événements du 26 juillet.

Si rien n’est fait notamment la levée des sanctions de l’UEMOA et de la CEDEAO et le retour à la normalité sur le plan politique, la NIGELEC pourrait se retrouver dans la situation d’une entreprise sous perfusion à l’image d’EDM du Mali. En raison des événements du 26 juillet, elle a terminé l’année 2023 avec un déficit de près de 15 milliards alors que les années antérieures qui étaient des années normales, elle a même réalisé des bénéfices. En 2022, par exemple, elle avait engrangé près de 5 milliards de francs CFA de bénéfice. En 2024, les estimations de déficit sont alarmantes. Elles risquent d’atteindre le seuil de 50 milliards. Ce qui aura pour conséquence d’entamer la solvabilité de l’entreprise.

Actuellement, elle survit grâce à un système de crise qui permet de retarder voire de geler le paiement des factures dues à la société nigérienne du pétrole (SONIDEP) pour les consommations des centrales comme Gorou banda, d’une part, et de l’autre aux prestataires comme ISTITHMAR, qui eux-mêmes jonglent avec la SONIDEP qui leur fournit le carburant, qui, à son tour, ne paye pas la SORAZ. Vraisemblablement, la CNPC qui exploite le pétrole ferme les yeux car elle sait qu’elle serait remboursée avec le brut dont les premiers barils devraient commencer à être exportés au cours de ce mois de janvier. Cela devient un cercle vicieux où l’Etat sera le grand perdant parce qu’il sera dans l’obligation de supporter les conséquences de cette situation particulièrement inédite. Il va se délester d’une partie importante des ressources sur lesquelles il a sans doute compter pour réaliser ses ambitions en 2024.

Les événements du 26 juillet en cause

S’il n’y avait pas eu les événements du 26 juillet, toute cette mauvaise conjoncture n’allait pas frapper la NIGELEC. Mieux, notre pays aurait fait de nouveaux bonds en avant dans l’accès à l’énergie électrique. Un portefeuille de près de 800 milliards était mobilisé pour renforcer les capacités de production énergétique de notre pays, et offrir l’électricité aux ménages. Il était prévu de fournir de l’électricité à près d’un million de Nigériens, qui n’y ont pas accès jusqu’ici. L’année dernière, près de 800.000 de nos compatriotes ont eu accès à l’électricité grâce au déploiement de ce projet.

Dans le cadre de l’électrification rurale, il était prévu de connecter 2.000 villages au réseau électrique. L’objectif étant de parvenir à un taux d’accès à l’électricité de 80% dans les 6 à 7 années à venir. Ces projets d’électrification urbaine et rurale étaient prévus pour couvrir l’ensemble du pays.

Comme dirait l’autre, tous ces projets prometteurs sont tombés à l’eau. C’est pourquoi, la NIGELEC a suspendu les demandes de raccordement des ménages au réseau électrique parce qu’elles seront impossibles à satisfaire en l’état alors que sur les 6 premiers mois de l’année 2023, plusieurs dizaines de milliers de demandes avaient déjà été enregistrées.

Il faut craindre que notre société nationale se retrouve dans la même situation que son homologue malienne, l’EDM (Electricité du Mali) qui accumule déficit sur déficit, et dettes sur dettes, sur fond de délestages réguliers y compris à Bamako.

La rédaction

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